mardi 21 juin 2016

La littérature française est-elle chiante ? (Partie 1)

Introduction
Je n'ai jamais lu autant de littérature française qu'en ce moment. Et puis d'abord qu'est ce que ça veut dire, au juste, "en ce moment" ? Il s'agit d'une parenthèse de temps qui durera ce que durent certaines feuilles plus persistantes que d'autres quand vient l'hiver. Mais les arbres finissent tous par tomber un jour ou l'autre, on ne peut lutter ni contre la gravité ni contre la décrépitude sylvestre. En ce moment, en ce doux moment qui a débuté il y a deux ans quand j'ai décidé de remettre l'écriture au centre de mon quotidien après des années passées à la cantonner au rôle de figurant (quel nanar que ce film de notre quotidien, parfois...) je me suis remis à lire beaucoup. J'ai retrouvé le goût de la lecture acharnée en même temps que je retrouvais celui de l'écriture au long cours d'un roman, comme les deux faces d'une même figure dans un jeu de cartes.
Hasard ou non, au cours de cette promenade sur un chemin de randonnée intime et bucolique, j'ai donné une chance aux auteurs français de me séduire. Moi qui ai longtemps boudé les classiques puis les modernes, préférant à l'introspection et à l'avant garde intellectuelle de mes compatriotes les grands espaces baignés de lumières aussi crépusculaires que leurs personnages des romans américains, je viens d'aligner une série de lectures francophones. 
 
Des chiffres...
Voilà. Je viens de traverser la plus longue série de lectures en version originale tricolore de mon existence de lecteur. Entre janvier et juin, pas moins de 20 bouquins de ce siècle et du précédent signés Vincent Almendros, François Nourissier, François Weyergans, François Garde, Marc Lambron, Emmanuel Carrère , Jean Echenoz (3), Marcel Proust, Céline, Philippe Djian, Pascal Garnier, Dany Laferriere (2), André Breton, Albert Camus, Thomas B Reverdy (2), Alice Zeniter. Un raz de marée à mon niveau de plaisancier, marin d'eau douce, estivant bucolique et à côté duquel mes habituels amis de l'autre côté de l'océan ont eu du mal à exister (devant même partager l'affiche avec des auteurs européens non francophones...)
Le plus fort dans l'histoire c'est que ce n'était ni voulu ni recherché, même inconsciemment. Oui je sais, l'inconscient c'est l'inconscient mais j'ai développé une capacité à dialoguer très posément avec mon inconscient, on se retrouve souvent devant la cheminée, avec un verre de single malt écossais que nous partageons lui et moi pour nous mettre d'accord sur ce qu'il doit advenir de la suite de notre existence commune. Alors je sais ce qu'il a dans le ventre. 

... et des lettres
Mais tout cela c'est bien beau, ça ne répond pas pour autant à la question qu'une importante partie du lectorat plaisancier se pose à propos de la littérature française. Je ne parle bien entendu pas des lecteurs professionnels, des critiques aux états de service enluminés de parchemins anciens et de dorures sous les aisselles. Je parle des gens que je connais, de mes voisins, de mes amis, de ma famille, des mes collègues de bureau, de moi aussi bien sûr. De ces gens qui lisent pour oublier le quotidien sans forcément vouloir trouver une réponse à THE question existentielle et fondamentale de notre existence (étant acté que non désolé, cette réponse n'est pas 42, n'en déplaise aux amateurs du routard galactique ainsi qu'aux ligériens). La réponse n'est donc pas 42 mais la question se pose vraiment : la littérature française est elle chiante ? Et tout de suite, hop, sorti du ventre de cette question lancinante comme un chiot encore enveloppé du placenta ensanglanté de sa mère, la question qui suit : mais de quelle littérature française parle t-on ?

... à suivre.

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