lundi 13 juin 2016

Pour une poignée de lectures

Quelques lectures en cette fin de mois de mai et ce début de juin. Malgré ce que la météo pourrait nous laissez penser, nous ne sommes pas dans des mois en "RE" et donc ce n'est pas le moment de manger des huîtres. A défaut de fruits de mer, quelques lectures en attendant la perle...
Rilke - Lettres à un jeune poète et autres lettres
Il s'agit d'une relecture. J'ai profité d'une bourse aux livres pour racheter ce recueil de lettres remplies de bons conseils et de de bons mots. Je ne me considère plus comme un jeune poète et l'âge n'a rien à voir là-dedans, du reste je ne suis ni jeune ni poète, mais ces lettres constituent une agréable (re)lecture. 
En réponse à une lettre reçue au début des années 1900 d'un jeune poète nommé Kappus, Rainer Maria Rilke lui écrit plusieurs lettres sur l'art de la poésie. Il lui indique notamment tout ce qu'il faut de certitudes et de détermination pour mener à bien la carrière d'écrivain que le jeune poète souhaite embrasser. Mais Rilke ne s'arrête pas à cela et ces lettres sont autant d'occasion d'évoquer d'autres sujets plus vastes qui sont à la fois la matière et le contenant de l'écriture : la mort, la vie, l'amour et la religion. Brillant, rapide, et efficace comme le sont les correspondances qui valent le coup. 

André Breton - Nadja
En règle générale je suis plutôt réceptif au mouvement surréaliste, qu'il s'exprime dans la peinture ou dans la littérature. De même que je le suis des expressions artistiques qui sans se rattacher strictement au mouvement en lui-même s'en inspirent ou en rappellent les caractéristiques principales. 
Dans ce court récit autobiographique, Breton rapporte sur un ton très détaché la relation qu'il a vécu au début des années trente pendant une dizaine de jours avec une femme qu'il nomme Nadja - et qui est l'incarnation littéraire de Léona Delcourt. Entrecoupé de photographies et de dessins, ce récit m'a laissé totalement froid, comme coupé du monde, et je n'ai jamais réussi à y entrer. A la lecture de ce texte, je me suis senti comme refoulé d'une soirée un peu guindée par des videurs jugeant que vous n'êtes pas assez chic pour y assister. 

François Garde - Ce qu'il advint du sauvage blanc
Prix Goncourt du premier roman en 2012, édité dans la prestigieuse collection blanche de Gallimard, François Garde n'a pas fait les choses à moitié. Enarque et haut fonctionnaire ayant vécu dans les terres australes, on devine aisément que cet environnement géographique l'a marqué suffisamment pour qu'il veuille romancer l'histoire - il est vrai extraordinaire - de Narcisse Pelletier. Un tout jeune marin français de Vendée qui s'est retrouvé exilé pendant dix-sept ans sur une petite île du Pacifique au milieu du XIXe siècle. François Garde alterne les scènes du récit de son existence sur l'île et des lettres écrites par Octave de Vallombrun à son patron le président de la société géographique à qui il raconte comment dix-sept ans après l'abandon de Narcisse, il a pu récupérer le sauvage blanc et s'intéresser à son destin étonnant. Le roman ainsi découpé évite l'écueil de la répétition des scènes sur l'île, et le lecteur peut facilement suivre l'évolution de Narcisse à la fois par le récit chronologique de ce qu'il lui arrive et à la lumière des lettres écrites plusieurs années après. Au-delà de la forme, le roman interroge sur l'oubli du passé et comment un homme plongé dans une autre civilisation en revient changé. J'ignore si François Garde a prévu de revenir en librairie dans les prochains mois mais je guetterai cette éventualité.

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