jeudi 2 juin 2016

Rêve prémonitoire

Il y a une semaine de cela, j'ai fait un drôle de rêve. Enfin, c'est l'expression consacrée mais ce rêve n'avait rien de drôle, bien au contraire. Je n'étais malgré tout pas terrorisé, je ne m'en suis pas tiré par un réveil en catastrophe, le front brûlant de sueur et écumant de fièvre. Non, un simple réveil dans le calme malgré la frayeur rétrospective ressentie quand ma conscience et moi nous sommes retrouvés. 
Dans ce rêve, j'étais paumé dans une grotte en forme de parallélépipède, au centre d'une vaste pièce dont les murs en pierre s'élevaient tout autour de moi, vastes et solennels. Les parois de cette grotte ne présentaient rien de fantastique, elles étaient droites et lisses, grises et ternes. Pas de minéraux brillants incrustés dans la roche, pas d’anfractuosité malingre. Je n'aurais même pas pu les trouver menaçantes. Elles étaient mornes, ce qui est peut être pire encore. 
Au fond de cette grotte, une sorte de foyer sombre qui remontait vers la surface constituait l'unique moyen de quitter la prison minérale. Je ne voyais pas la surface, aucun indice ne m'indiquait sa présence mais à la manière dont les rêves malgré leur absurdité totale nous offrent des plages de conscience, je savais qu'il s'agissait de la seule issue. Impraticable car noyée sous des tonnes d'eau bouillonnantes qui montaient et descendaient à la fois. J'avais néanmoins les pieds au sec car j'avais pu grimper sur un rocher plat qui me mettait pour l'heure à l'abri de la montée des eaux. 
En d'autres circonstances (absence de parois rocheuses et donc à l'air libre), j'aurais trouvé la situation plutôt confortable. Mais ce n'était pas le cas. Je me souviens parfaitement m'être fait la réflexion que les choses se trouvaient bien mal embarquées. Dans la vraie vie, je me connais, j'aurais paniqué, j'aurais sauté dans l'eau et tenté de trouver une issue dans une agitation relevant de l'énergie du désespoir. Tandis que dans ce rêve je demeurais au contraire d'un calme total, ceinture noire et sixième dan de zen. J'ai même regardé débouler les ailerons de quelques requins marteaux qui sont venus tourner autour de mon promontoire salvateur. Pour combien de temps encore ? 
Lentement l'eau montait, au rythme de plusieurs tonnes d'eau qui se déversaient régulièrement à travers le foyer au fond de la grotte. Bientôt l'eau m'aurait rattrapé et le plafond finirait pas se rapprocher. Mais j'ai quand même contemplé les requis marteaux qui tournaient à l'aplomb de mon rocher, prenant le temps de leur cracher à la gueule. Littéralement. La gorge tendue au-dessus du vide, à la façon d'une gargouille vivante à deux pattes, je leur ai craché dans la gueule. Et ensuite le réveil a sonné.   

Une semaine plus tard des inondations séculaires balayent le nord du pays et je repense à cette image de ma grotte inondée et des requins marteaux sur lesquels je crachais. Je ne sais pas ce qu'un psy spécialiste de l'interprétation des rêves pourrait dire là dessus. Ni le commandant Cousteau. 

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