jeudi 24 novembre 2016

L'humeur du... 24 Novembre

En France, on n'a pas de pétrole mais il parait qu'on a des idées. Ouais enfin, je suis pas bien sûr pour le coup. En France, on a des écrivains qui passent leur vie à la télévision et à la radio. Cherchez pas, ce sont toujours les mêmes. Et cherchez pas non plus, ce ne sont pas ceux qui font preuve du plus d'imagination dans leurs récits. En cette période post rentrée littéraire avec dans son sillage une pluie de prix tous plus abscons les uns que les autres, cette triste réalité est d'autant plus évidente. Heureusement tout cela est derrière nous et nous voilà tranquilles jusqu'à janvier où la seconde rentrée littéraire va nous remettre un coup de massue derrière la tête. Avec la valse des mêmes poncifs et toujours les mêmes auteurs qui vont revenir hanter l'espace médiatique à baver les mêmes paroles, à éjaculer des platitudes qui nous emmerdent. 
Depuis quelques années pourtant ont émergé une nouvelle vague d'écrivains du prime time. Après la platitude et l'enfer de l'autofiction (quelles purges!) et du règne du MOI pendant lequel ces tristes sires nous ont conté par le menu leur quotidien de petits bourgeois malheureux trop occupés à se regarder le nombril pour créer, voilà venus les scribouillards de l'exofiction.
En France, on n'a pas de pétrole, mais on créé des néologismes à tout va. Surtout pour masquer la réalité des choses. Exofiction, késako ? L'exofiction, c'est le truc à la mode, c'est à l'écriture ce que le biopic est au cinéma : un livre inspiré de la vie d'un personnage qui a réellement existé. L'auteur glisse quelques éléments inventés, juste ce qu'il faut pour ne pas parler de biographie. Une bonne publicité par-dessus, on surfe sur la vague du potin, de la télé réalité puisqu'on utilise les mêmes schémas de caniveau et hop emballez c'est pesé. Depuis deux ans la tendance s'accentue et les libraires croulent sous cette production qui bénéficie de la complicité des journalistes bien pensants et bien dans le moule. 
Faut dire que ça vend un bouquin qui va nous dire des trucs vrais et croustillants sur la vie - pêle mêle - d'Elvis, de Napoléon, de Senna, d'Edgar Hoover, de Kadhafi, de Poutine, de Salinger, de Jim Morrison, de Kurt Cobain, de Van Gogh... Ben ouais. Et si en plus on donne un prix littéraire alors c'est le jackpot : bandeau rouge à la con pire qu'une guirlande sur un sapin de noël et les éditeurs se frottent les mains en comptant les euros. 

Ouais. Et la fiction dans tout ça ? La vraie fiction ? Celle qui consiste à inventer un personnage, une histoire, un cadre, des relations, des paysages ? Celle qui fait rêver le lecteur sur le seul contrat passé avec l'auteur de partager pendant quelques centaines de pages un univers créé de l'agrégation de mille choses différentes qu'un cerveau humain a converti en une histoire inventée ? Ah ben c'est sûr que là c'est autrement plus compliqué. Que c'est plus compliqué à vendre surtout. Parce que vendre ma bonne dame, y'a que ça qui compte aujourd'hui. Et que les plus courts chemins pour y arriver sont les meilleurs.

En France on n'a pas de pétrole, mais bientôt on n'aura plus de littérature de fiction non plus.

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