mardi 26 septembre 2017

Hank 2.0


Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule. Quelques jours seulement après la parution d'un recueil de lettres de Charles Bukowski, on annonce deux inédits prochainement traduits en VF : Sifting through the Madness for the word, the line, the way et Storm for the living and the dead.

La maison d'édition gardoise du Diable Vauvert se chargera à nouveau de ce joli cadeau faits aux amateurs du vieux dégueulasse. Et en plus, Virginie Despentes assurera la traduction du premier. 

Pas de dates annoncées pour l'heures mais on se réjouit de cette excellente nouvelle. Toutes les infos sur le site Actualitté.

lundi 25 septembre 2017

La citation du... 25 septembre

En plus de John Fante, j'ai décidé de relire Timothy Findley. C'est bien Findley, faut s'y mettre !

"Nous sommes tous prisonniers de la perception qu'ont les autres de nous." 
Timothy Findley - Pilgrim 

jeudi 21 septembre 2017

L'extrait du... 21 septembre

Avec moi dieu-le-chien, et sa langue 
qui comme un trait perce la croûte 
de la double calotte en voûte 
de la terre qui le démange. 
Et voici le triangle d’eau 
qui marche d’un pas de punaise, 
mais qui sous la prunelle en braise 
se retourne en coup de couteau. 
Sous les seins de la terre hideuse 
dieu-la-chienne s’est retirée, 
des seins de terre et l’eau gelée 
qui pourrissent sa langue creuse. 
Et voici la vierge-au-marteau, 
pour broyer les caves de terre 
dont le crâne du chien stellaire 
sent monter l’horrible niveau.


Antonin Artaud - Extrait de l'Ombilic des Limbes

mercredi 20 septembre 2017

L'extrait du... 20 septembre

Il est temps de re-re-lire John Fante. Je vais m'y remettre, comme certains relisent la Bible ou un quelconque livre sacré. Sauf que John Fante c'est mieux que ça encore. 

"Une belle journée, aussi belle qu'une fille. Il roula sur le dos et regarda les nuages filer vers le sud. Tout là-haut le vent soufflait en tempête ; il avait entendu dire qu'il venait du fin fond de l'Alaska et de la Russie, mais les hautes montagnes protégeaient la ville. Il pensa aux livres de Rosa, à leurs couvertures de toile cirée aussi bleue que le ciel ce matin. Une journée paisible, deux chiens en balade, s'arrêtant brièvement au pied de chaque arbre. Il colla son oreille contre le sol. Là-bas, au nord de la ville, dans le cimetière des hautes terres, on descendait Rosa dans sa tombe. Il souffla doucement sur le sol, l'embrassa, mit un peu de terre sur le bout de sa langue. Un jour, il demanderait à son père de tailler une stèle pour la tombe de Rosa."

John Fante - Bandini (1938)

lundi 18 septembre 2017

Lecture : Pascal Garnier - Chambre 12

C'est étrange. Ce bouquin de Pascal Garnier est paru aux éditions Flammarion en 2000 mais sur le site de l'éditeur, impossible de le trouver. Comme une parabole de la discrétion de son auteur, qui a commis plusieurs romans courts et  noirs avant de disparaitre un peu trop tôt. 

Le résumé éditeur : "Charles est veilleur de nuit dans un modeste hôtel du treizième arrondissement. Une vie minuscule, que rythment les " bonjour-bonsoir " - ceux des clients, représentants ou étudiants fauchés, ceux de Malika la caissière, ceux de ses copains du Balto. Une vie entre parenthèses, une vie à l'abri de la vie. Puis un soir " elle " arrive, improbable dans son grand manteau blanc, anonyme derrière les verres fumés de ses lunettes, protégée par le casque de ses cheveux métal, la locataire de la chambre 12. Sans savoir qui elle est, chacun croit la connaître, car elle est celle que nous attendons tous... Charles va lui prendre la main pour ne plus la lâcher."

Certes, autant le dire tout de suite, Chambre 12 n'est pas le meilleur Garnier. On sent l'auteur peu inspiré et mis à part quelques images bien trouvées dont il a le secret, ça tourne assez vite en rond. Et le bouquin vaut surtout pour sa collection de portraits un peu grinçants, un peu sombres, mais toujours tendres, de personnages déroutants. 
L'intrigue, elle, tourne à vide et s'enlise dans cette chambre 12 et à la réception de cet hôtel du 13ème arrondissement où Charles, ex-taulard, est veilleur de nuit. Comme souvent chez Garnier, les héros n'en sont pas, ça n'existe pas un héros dans son univers, c'est plutôt un être humain comme vous et moi, à qui il arrive des petits trucs sans importance mais dont l'enchainement mérite parfois d'être raconté. "C’était ça, la vie sur terre, des passages furtifs, de bonnes et mauvaises fortunes. Charles tenait le rôle de saint Pierre et l’ascenseur celui du purgatoire. Le ciel n’était pas si haut que ça, n’importe quel nain sur la pointe des pieds pouvait le toucher du doigt." 
Roman mineur de Garnier, "Chambre 12" se laisse néanmoins lire car on sent vraiment que toute cette histoire de veilleur de nuit et de personnages féminins plus vrais que nature va mal finir. 

Pascal Garnier - Chambre 12, Flammarion, 136 pages, 13.8 €

vendredi 15 septembre 2017

Il arrive

C'est un plaisir de rien du tout mais il parait qu'il n'y aurait pas de petit plaisir. 
Enfin, voilà, l'exemplaire zéro de mon nouveau roman, "Des chardons dans la garrigue" est entre mes mains depuis ce jeudi. Feuilleter son bouquin après un an de labeur, le voir se matérialiser au format papier reste toujours un moment que j'apprécie. 
Une ultime relecture rapide et quelques corrections de mise en page plus tard, j'ai revalidé une nouvelle version papier qui sera la définitive. J'ai essayé de tenir compte des remarques qui avaient accompagné "Brûler à Black Rock" en augmentant la taille de la police pour une lecture plus agréable. Le bouquin étant moins volumineux (570 000 signes contre 770 000) cela permet de garder un livre de moins de 350 pages et de limiter le prix à 12,99 euros. 

Ouverture à la vente semaine prochaine avec également une version ebook. "Stay tuned!" comme dirait Marcel. Et en attendant, voilà l'argumentaire qui accompagne le bouquin : 
"Poussé par son cousin et associé à prendre sa retraite, Eugène Piquemal, garagiste de soixante-quatre ans, se demande ce qu'il va bien pouvoir faire de sa nouvelle vie. Son fidèle compagnon Chien-Blanc se fera t-il à la campagne s'il quitte Carcassonne pour retourner dans son Minervois natal ? Mais une étrange découverte faite lors d'un week-end sur la côte Atlantique vient modifier son avenir d'une façon tout à fait inattendue, jusqu'à trouver un écho dans son propre passé."

mercredi 13 septembre 2017

Encore Hank !

La publication en VF d'un nouveau bouquin autour de Charles Bukowski reste toujours un événement. Et même si j'ai depuis longtemps lu et relu tous les écrits qui sont disponibles dans notre langue, je reste un fan inconditionnel de Hank.
Aussi je ne peux que me réjouir et partager ici même cette annonce de la publication imminente (ce jeudi 14 Septembre) aux éditions du Diable Vauvert d'un bouquin intitulé "Sur l'écriture".

Voici la présentation que la sympathique maison d'édition gardoise en fait sur son site: 
Une anthologie de textes inédits sur l’écriture, le quotidien d’une véritable légende américaine, icône de la contre-culture. Ces lettres aux éditeurs, directeurs de revues, amis et confrères écrivains pour la première fois publiées, dessinent un portrait intime du grand poète tour à tour poignant, glacial, iconoclaste et souvent hilarant. On y découvre le rapport inquiet au travail, l’érudition littéraire, mais aussi le mordant, l’intransigeance de celui qui a donné voix aux opprimés et dépravés de la société, dans des phrases mémorables ponctuées de moments de grâce. 

Et parce que les extraits restent ce qu'il y a de mieux pour promouvoir un bouquin - surtout lorsqu'il s'agit de Bukowski, en voici un. 
Il s'agit d'une lettre envoyée à James Boyer May le 13 décembre 1959 : 

L’autre soir j’ai reçu la visite d’un éditeur et d’un auteur (Stanley McNail de The Galley Sail Review accompagné d’Alvaro Cardona-Hine) et le fait qu’ils m’aient trouvé négligé, la tête dans le cul, ne peut pas être entièrement de ma faute : le caractère de leur visite était aussi impromptu qu’un lâcher de bombe atomique. Ma question est la suivante : est-ce qu’un auteur à partir du moment où il est publié devient une propriété publique susceptible d’être fouillée sans préavis ou bien détient-il encore quelques droits à une vie privée en tant que citoyen qui paye ses impôts ? Serait-ce vulgaire de dire que le seul avantage à être artiste reste (encore) la possibilité de prendre ses distances vis-à-vis d’une société sur le déclin, ou s’agit-il simplement d’un concept tombé en désuétude ?
Il ne me semble pas que ce soit ignoble ou pédant d’exiger quelque liberté par rapport à l’esprit de clan malsain et la fraternité collante qui sévit dans beaucoup beaucoup de nos soi-disant publications d’avant-garde.

Voilà. Maintenant vous faites comme vous voulez, mais moi je vais courir me l'offrir ce bouquin. 

Sur l’écriture - Charles Bukowski, Au Diable Vauvert. 
338 pages, 20€
Parution le 14 septembre.

vendredi 8 septembre 2017

Lecture : Patrick Modiano - Accident nocturne

Patrick Modiano fait partie des rares auteurs français à avoir reçu le prestigieux Nobel de littérature. Vous me direz "ça nous fait une belle jambe" et vous n'aurez pas tort. C'était en 2014 et je me souviens m'être dit que je n'avais jamais rien lu de ce type. Et dans une vidéo que je regardais sur internet où il était interrogé sur son acte d'écrire, je trouvais ce personnage déroutant, avec son regard  à tâtons dans un visage évanescent, comme perdu dans son propre bureau. Et cette voix douce, hésitante, qui ne parvenait à finir aucune phrase... Il m'est tout de suite apparu sympathique. Trois ans plus tard, j'ai enfin lu un Modiano.

"Accident nocturne", paru en 2003, débute par un accident de la circulation, place des Pyramides, à Paris, en pleine nuit. Le narrateur se fait renverser par une Fiat conduite par une énigmatique femme qui lui évoque un souvenir confus, remontant à sa propre jeunesse. Légèrement blessée à la tête et lui à la jambe, ils se retrouvent tous deux dans un hôpital, au plus sombre de la nuit. Quand les heures s'étirent comme insensibles à tout, comme dans un de ces rêves abscons mais pourtant terriblement réels. Un homme a rejoint cette femme puis elle disparait et le narrateur lui-même, soigné, est remis à la disposition de sa vie. Sauf qu'il est un peu perdu dans cette vie, comme il l'est dans cette nuit. Convaincu que cette femme ne lui est pas étrangère, qu'elle a un lien avec son propre passé qui lui file entre les doigts à la façon d'un objet sur lequel il n'a pas de prise, le narrateur se met en quête de la retrouver. Occasion d'une divagation parisienne à la recherche d'un passé, d'un but. 

Voilà. Il parait que c'est très classique chez Modiano. Tous ces ingrédients-là. C'est parfois un peu confus mais jamais pénible à lire, en tous cas ça ne laisse pas indifférent et c'est à mes yeux la preuve de la qualité d'un auteur. Rien de pire que de ne rien ressentir. Ici ce n'est pas le cas, on est pris par l'histoire, même si parfois, on sent que la bobine se déroule un peu trop et que certaines scènes se perdent un peu. Il n'en reste pas moins quelques passages lumineux qui m'ont vraiment emballé : « J’aurais voulu me fondre dans le paysage. Déjà, à cette époque, j’avais le sentiment qu’un homme sans paysage est bien démuni. Une sorte d'infirme. Je m'en étais aperçu très jeune, quand mon chien était mort et que je ne savais pas où l'enterrer. Aucune prairie. Aucun village. Pas de terroir. »

Extrait : « Quelle structure familiale avez-vous connue ? J'avais répondu : aucune. Gardez-vous une image forte de votre père et de votre mère ? J'avais répondu : nébuleuse. Vous jugez-vous comme un bon fils (ou fille) ? Je n'ai jamais été un fils. Dans les études que vous avez entreprises, cherchez-vous à conserver l'estime de vos parents et à vous conformer à votre milieu social ? Pas d'études. Pas de parents. Pas de milieu social. Préférez-vous faire la révolution ou contempler un beau paysage ? Contempler un beau paysage. Que préférez-vous ? La profondeur du tourment ou la légèreté du bonheur ? La légèreté du bonheur. Voulez-vous changer la vie ou bien retrouver une harmonie perdue ? Retrouver une harmonie perdue. »

Patrick Modiano - Accident nocturne, Gallimard, 17€, 147 pages

mercredi 6 septembre 2017

Lecture : Pascal Garnier - Vieux Bob

Les habitués de ce blog connaissent Pascal Garnier. Je l'évoque régulièrement, il fait partie des mes auteurs fétiches, comme Jim Harrison ou Richard Brautigan. On a l'habitude de ses romans courts et ciselés, noirs et humides. Alors, quand on se lance dans la lecture de "Vieux Bob", recueil de nouvelles, on s'attend à du rapide. Et en effet, dix nouvelles en moins de 100 pages, on n'a pas le temps de s'ennuyer, comme toujours avec Garnier : on va à l'os. 
Bon, pour être honnête, je le préfère romancier. Ici, on est souvent entre deux eaux, et je me dis maintenant qu'il aurait sûrement excellé dans le poème court, dans une sorte de haïku urbain. Sur la nouvelle, on reste sur sa faim, c'est soit trop long, soit pas assez court. 
Comme souvent avec ses romans, les histoires ne sont pas débordantes de joie de vivre, mais le style est imparable. Et comme c'est le cas dans de nombreux recueils de nouvelles, les textes rassemblés ici sont d'une efficacité variable. 

Toutefois, je ne résiste pas au simple plaisir de copier/coller ici quelques extraits mémorables de la nouvelle "Vieux Bob" qui donne son titre au recueil, et qui raconte le destin d'un vieux chien qui vit dans un bistrot de campagne. 

"Bob est un berger allemand marron noir avec des taches jaunes sous le ventre et des poils blancs un peu partout. Il n’a plus de griffes mais ses ongles bigorneaux font « tac tac tac » sur le carrelage bleu et beige (...) 
Quand on est vieux et qu’on a trouvé une place, qu’on est bien là, même si c’est étroit, même si on vous marche dessus, même si on a pour voisin le nerf de bœuf et le fusil à canon scié accroché sous les verres."

Pascal Garnier - Vieux Bob, in8, 98 pages, 12 €

mardi 5 septembre 2017

La citation du... 5 septembre

Ayant terminé le célèbre "Dalva" de Big Jim hier soir, une citation d'actualité. (En attendant un petit avis de lecture dans les prochaines semaines, le temps de rattraper le retard en la matière...)


vendredi 1 septembre 2017

Lecture : Amélie Nothomb - Robert / Antéchrista

J'ai beaucoup lu au printemps et de fait, j'ai acquis un retard abyssal dans les petites impressions de lectures que je poste ici. Aussi je vais lâcher ici-même quelques billets "2 en 1" pour combler les trous de ce blog fromager. 
On commence par deux romans d'Amélie Nothomb lus à la suite.
Il faut dire que les bouquins de la belge à chapeau se lisent vite, contrepartie de sa production digne de la mitrailleuse hallucinante qu'utilise Clint Eastwood dans l'excellent "Thunderbolt and Lightfoot" de Michael Cimino (pitoyablement traduit par "Le canardeur" dans nos contrées).

Il ne faut pas croire que je sois fan d'Amélie Nothomb. J'apprécie en revanche son refus de la norme et son enthousiasme dès qu'elle parle de littérature ou de musique (elle adore TOOL qui est, comme chacun le sait, le plus grand groupe de rock and roll de l'histoire). Mais s'il est vrai que je lis régulièrement sa production, c'est pour deux raisons : 
- en publiant un livre chaque année depuis trois décennies, ça fait un paquet de bouquins disponibles (c'est mon côté collectionneur),
- ses livres rencontrant un certain succès commercial, on trouve régulièrement sa production en occasion à prix sacrifié (c'est mon côté aveyronnais).


1 - Robert des noms propres (Albin Michel, 14.7 €, 180 pages)
En 2002, publication de "Robert des noms propres", onzième roman d'Amélie Nothomb.

Quatrième de couverture
"Le destin exceptionnel d'une petite fille prénommée Plectrude née sous les auspices les plus dramatiques et au parcours semé d'obstacles. Enfant atypique et solitaire, surdouée et incomprise, Plectrude traverse les épreuves avec la grâce d'une princesse de conte de fées et l'obstination, la certitude et la douleur d'une adolescente d'aujourd'hui".

Le mieux, dans ce bouquin, c'est le prénom de l'héroïne. Plectrude. C'est vraiment un prénom extra pour une héroïne et typique de Nothomb. Pour le reste, je me suis plutôt ennuyé sur les 160 pages de ce roman qui narre les aventures d'une danseuse anorexique née en prison d'une mère assassin. L'idée d'exploiter la mise en miroir de la biographie de l'assassin de Nothomb (souvenirs et recyclages de son premier roman) est plutôt bien vue mais le traitement laisse à désirer. Reste le style vivant et incisif de l'auteur mais là aussi, on l'a connue plus inspirée. Heureusement c'est court.

Extrait
"Par ailleurs, avoir dix ans est ce qui peut arriver de mieux à un être humain [...] Dix ans est le moment le plus solaire de l'enfance. Aucun signe d'adolescence n'est encore visible à l'horizon: rien que l'enfance bien mûre, riche d'une expérience déjà longue, sans ce sentiment de perte qui assaille dès les prémices de la puberté. A dix ans, on n'est pas forcément heureux, mais on est forcément vivant, plus vivant que quiconque."

2 - Antéchrista (Albin Michel, 14.7 €, 168 pages)
En 2003, publication de "Antéchrista", douzième roman d'Amélie Nothomb.

Quatrième de couverture :
"Avoir pour amie la fille la plus admirée de la fac, belle, séduisante, brillante, enjouée, audacieuse ? Lorsque Christa se tourne vers elle, la timide et solitaire Blanche n’en revient pas de ce bonheur presque écrasant. Elle n’hésite pas à tout lui donner, et elle commence par l’installer chez elle pour lui épargner de longs trajets en train.
Blanche va très vite comprendre dans quel piège redoutable elle est tombée. Car sa nouvelle amie se révèle une inquiétante manipulatrice qui a besoin de s’affirmer en torturant une victime. Au point que Blanche sera amenée à choisir : se laisser anéantir, ou se défendre".

Encore une histoire de fille étrange dotée d'un prénom à coucher dehors : pas de doute, on est bien chez Nothomb. Pour le reste, c'est aussi un bouquin court qui se lit vite mais contrairement à l'opus précédent, cette histoire m'a plus convaincu. Le vampirisme psychique qui est décrit dans ce bouquin est plutôt bien rendu et donne pas mal de tension au récit. Même si la Blanche qui narre cette histoire est parfois insupportable de candeur et d'attentisme et que l'on a envie de lui mettre de grandes gifles pour la réveiller. Sans même parler de ses parents qui sont crispants et franchement pénibles. Toutefois on se laisse prendre au jeu et c'est bien là l'essentiel pour ce roman d'apprentissage noir ,typique de Nothomb. 

Extrait
"La lecture n’est pas un plaisir de substitution. Vu de l’extérieur, mon existence était squelettique ; vue de l’intérieur, elle inspirait ce qu’inspirent les appartements dont l’unique mobilier est une bibliothèque somptueusement remplie : la jalousie admirative pour qui ne s’embarrasse pas du superflu et regorge du nécessaire. Personne ne me connaissait de l’intérieur : personne ne savait que je n’étais pas à plaindre, sauf moi – et cela me suffisait. Je profitais de mon invisibilité pour lire des jours entiers sans que personne ne s’en aperçut."