dimanche 31 janvier 2021

Journapalm 539

Pour s’extirper de son être intérieur qui, après deux révolutions industrielles et d’incessants exodes ruraux, contient davantage de béton et de particules fines que d’os et de glaise, Aurélien T. n’a pas d’autre solution que la fiction. Quand il lève la tête depuis son canapé avachi et creusé au milieu : murs, toits, briques, fenêtres, omniprésence d’habitations tristes de banalité, étouffantes de proximité. Mais s’il ferme les yeux et qu’il se concentre quelques secondes, un monde nouveau lui apparait, rempli de navettes interstellaires et de mondes inconnus, de civilisations étranges et de défis inédits.

samedi 30 janvier 2021

Journapalm 538

Février. Un pardessus même pas élimé, encore tout lisse et bien blanc recouvre les sommets du massif. Arthur G. est ravi, il lui semble que Noël rebondit deux mois plus tard. Enfilant ses chaussures à semelles crantées il s’élance dans les chemins enneigés, excité et bien décidé à courir dans la poudreuse toute la matinée.
Avril. Les rivières glougloutent jusque dans la vallée, chargées d’une eau cristalline et froide. Au village on s’est rassemblé pour contempler ce que la fonte des neiges apporte. Et soudain on aperçoit rouler dans la rivière une chaussure à semelles crantées.

vendredi 29 janvier 2021

What If ?

Dans le monde du comic-book américain, et plus particulièrement dans son canal mainstream, le "What If" est un exercice traditionnel auquel se livrent les scénaristes, en particulier ceux officiant pour Marvel et DC. Le principe est très simple, il consiste à imaginer ce qui aurait pu se passer si un héros n'avait pas connu le destin qui a fait de lui ce qu'il est devenu. Et si Spider-Man n'avait pas été piqué par l'araignée dans ce cours de chimie ? Et si Bruce Banner n'avait pas été exposé aux rayons gamma dans ce désert et qu'il ne soit pas devenu Hulk ? Bien sûr un tel scénario n'est pas réservé au monde de la bande dessinée, qu'elle soit américaine ou pas, et le potentiel imaginatif dont il est ici question affole tous les écrivaillons du monde. 

Ayant adressé le manuscrit du deuxième jet d'un nouveau roman (nom de code "Rognons") à plusieurs béta lecteurs et attendant leurs commentaires avant de m'atteler au troisième jet, je me suis lancé dans l'écriture d'une série de biographies imaginaires de personnages réels. Envisageant une dizaine d'entre eux déjà listés et célèbres dans le monde entier pour lesquels je compte écrire une version alternative de leur existence en démarrant le récit à un moment clé de leur vie réelle. Ce projet devrait m'occuper un moment... L'illustration en tête de cet article permet de deviner l'identité du premier personnage qui fait l'objet d'un "What if" et dont j’ai débuté l'écriture ce matin aux alentours de 5h30. 

Journapalm 537

C’est à chaque fois un déchaînement identique d’envies et d’élans, de promesses qui éclatent à l’intérieur de son crâne. Cette fois il en est sûr, il va trouver le ton juste, utiliser le vocabulaire exact, soigné mais pas rigide et un propos évolué sans être universitaire. Alors après une nuit impatiente, il se lève, se fait couler un café puis se met à sa table de travail, rempli d’entrain et d’enthousiasme. Et la suite, c’est une diarrhée continue et vaine. Comme toujours. Pourtant demain il essayera encore.

jeudi 28 janvier 2021

Journapalm 536

Dix ans avant de mourir, Douglas Adams a publié un livre de récits de voyages au cours desquels il visitait des animaux en voie de disparition. La même année Saddam Hussein se retirait du Koweït, vaincu par les forces américaines commandées par Bush Premier.
L’auteur du « Guide du Routard Galactique » est mort avant que quelqu’un n’écrive un livre sur sa disparation proche : une crise cardiaque à 49 ans ça ne prévient pas. La même année que ce décès impromptu survinrent les attentats du 11 septembre inaugurant le règne de Bush Deuxième.

mercredi 27 janvier 2021

Journapalm 535

L’insomnie est une vieille camarade et Nicolas n’en espère plus rien. Autrefois entre deux plages de sommeil il fumait sur son minuscule balcon au huitième étage, l’été plus volontiers que l’hiver. Mais un toubib lui a dit qu’à côté de ses poumons, les égouts de Calcutta sentaient le n°5 de Chanel. Et comme Nicolas ne digère pas la nourriture indienne, il a cessé de fumer son paquet quotidien. Pour tromper son ennui nocturne, il s’est payé un chien, un démarqué, qu’il regarde dormir sur le carrelage et agiter les pattes dans ses rêves de chien.

mardi 26 janvier 2021

Journapalm 534

Maurice A. envisageait la vie comme un furoncle situé à l’extrémité de son nez le faisant loucher. Pour tenter d’oublier l’incongruité de son quotidien il essaya en vain plusieurs subterfuges : lunettes noires, chapeau à larges bords, alcools frelatés, émissions de chasse et de pêche. Jusqu’au jour où de retour de longues vacances et rédigeant une interminable liste de courses, Maurice réalisa qu’en alignant les tirets et les mots sur la feuille, il oubliait son furoncle. Depuis, pas un jour ne passe sans qu’il n’écrive ou ne modifie plusieurs listes dans ses multiples carnets.

lundi 25 janvier 2021

Journapalm 533

On l’appelait Tuck mais personne ne se souvenait pourquoi. Le cheval solitaire de l’enclos vieillissait à vue d’œil et sur le trajet de l’école les enfants cruels lui jetaient des canettes de Coca et des cailloux. Un gamin que les aléas de la vie n’avaient pas encore transformé en tyran s’attristait du sort réservé à Tuck mais seul contre tous, il gardait sa rancœur discrète. Pourtant quand le vieux cheval mourut et que les trajets à l’école redevinrent calmes, l’enfant se mit à regretter les brimades dont il était témoin.

dimanche 24 janvier 2021

Journapalm 532

Lorsqu’elle sortit fumer sa cigarette, son regard fut attiré par une forme insolite au pied des thuyas. Fronçant les sourcils, elle adopta cette expression boudeuse qui contractait son visage et faisait ressortir une veine sur sa tempe. Et alors qu’elle réalisait que cette forme étrange était celle d’un tronc humain démembré, un coup de frein la fit sursauter. La Dodge vrombissante ronronnait devant sa porte et en apercevant le faciès réjoui de son voisin au volant, elle réalisa qu’ils avaient rendez-vous pour aller à la messe. Et le tronc démembré devant ses thuyas lui sortit de l’esprit.

samedi 23 janvier 2021

Journapalm 531

Derrière les grilles de l’orphelinat, des ormes secouent leurs branches et agitent leurs feuilles dans le vent de novembre. Elle aperçoit quelques silhouettes éphémères à travers les vitres du premier étage du bâtiment victorien. Autrefois il s’agissait du réfectoire mais à présent, qui sait ? Elle distingue des têtes cornues aux mâchoires disproportionnées et pleines de crocs ainsi que des corps difformes qui se cognent contre les fenêtres. Alors elle quitte les environs du domaine et repart sur la route de la débâcle, reprenant sa place dans la file interminable des déportés de la vie.

vendredi 22 janvier 2021

Journapalm 530

De peur de rencontrer du monde, il ne sortait jamais avant la tombée de la nuit, choisissant les ruelles les plus chichement éclairées de la ville. Certains l’apercevaient pourtant traverser le pont Charles, au milieu d’un banc de brume et de poissons volants, au cœur d’une nuit d’hiver, tel le spectre du Roi Pêcheur couvert de honte et d’embruns. Mais il s’agissait de témoins peu crédibles, noircis d’alcool et d’obscurité. Aussi pouvait-il continuer de hanter la vieille ville, échappant aux hululements des chouettes qui seules auraient pu le dénoncer.

jeudi 21 janvier 2021

BETA 2021

Si toi aussi tu t'emmerdes avec le couvre feu à 18h00 et que tu n'as plus rien à lire, j'ai un roman tout frais démoulé de ce qui me sert de tête à faire lire pour recueil d'avis sur ce qui va et surtout ce qui ne va pas... 
Tu devras donc lire un roman très imparfait mais au passé simple, avec des mots simples et pas parfaits, des phrases faciles sans complotisme dedans, des personnages inventés et pas toujours crédibles mais pas non plus toujours manichéens (enfin j'espère) et globalement, ton rôle sera de m'aider avant que je n'écrive la troisième version (oui dans mon infinie bonté j'ai déjà écrit deux fois le roman, ce n'est donc pas une version zéro mais une version deux qui te sera proposée mais je n'irai pas plus loin que 3 parce qu'après 3 c'est le début des emmerdes).
Que tu te sentes Béta Lecteur dans l'âme ou par opportunisme, tu peux me contacter si tu es intéressé et je t'expliquerai les quelques règles du jeu à connaître... Je n'offre pas d'argent, pas même de caramels mous ou durs, ni de fromages qui puent, pas davantage de vin rouge que de démonstrations de ouistiti urinant dans le trou d'une aiguille sans en humecter les bords. Mais tu auras toute ma gratitude. Et c'est bien ça , non ?

Journapalm 529

La nostalgie a laissé dans son esprit des souvenirs épars et blanchis, comme des pellicules sur le col d'une veste. Il les chasse régulièrement d’un geste sec et nerveux de la main, descendant quelques centilitres de single malt à chaque fois. Si vous lui demandez pourquoi en arriver là, il se contentera de vous jeter un œil glauque, vertigineux de doutes et d’éclat globuleux. Puis il vous dira qu’il n’était pas destiné à devenir alcoolique, mais qu’il n’y avait rien d’autre en stock pour masquer les pellicules.

mercredi 20 janvier 2021

Journapalm 528

Échaudés par la multiplication soudaine des morts dans les rangs des pêcheurs à la mouche, ils établirent un contrat sur une vieille truite que l’on accusait d’être responsable. On disait qu’elle entrainait les pêcheurs par le fond dont jamais ils ne ressortaient.
À son tour, Aldebert Frigole partit un jour dès potron-minet armé de son épuisette renforcée, de ses cannes de compétition et de ses mouches les plus efficaces, décidé à capturer la bête. Jetant sa ligne à l’eau il ne prêta pas attention au lapin-tigre qui surgit des bois et qui le dévora avec force sauvagerie.

mardi 19 janvier 2021

Journapalm 527

Elle enveloppe son mug de café brûlant pour picorer un peu de chaleur. Les matins d’hiver se ressemblent tous mais les rites du quotidien lui paraissent plus abrasifs encore en cette saison. Ses semelles plombées sur le carrelage et ses yeux qui tentent une échappée à travers le double vitrage. 
Là-bas, derrière les briques et les fils qui ne chantent plus depuis la mort de Cochise, après les files de voitures, au-delà des lignes SNCF et des carrefours pâles, elle devine un coin de ciel plus rose que bleu et une vache en forme de lendemain.

lundi 18 janvier 2021

La citation du... 18 janvier




"Soyez audacieux, lisez beaucoup, écrivez beaucoup, publiez peu, tenez-vous à l’écart des petits esprits et n’ayez peur de rien".



Edgar Allan Poe (1809-1849)

Journapalm 526

Le noir et blanc du dimanche soir ne le rassurait plus sur la perspective de la semaine à venir. Depuis le remplacement du ciné-club par une émission de propagande sur la meilleure manière de fabriquer sa lessive, son savon ou son pain, il se gavait chaque dimanche d’anxiolytiques pour parvenir à s’endormir à une heure toujours plus tardive. Jusqu’au moment où, pendant une publicité pour un Zoo en Normandie, il aperçut un panda à l’écran. Ce noir et ce blanc au milieu des bambous lui apparut comme une révélation. C’était décidé : il deviendrait montreur de pandas.

dimanche 17 janvier 2021

Journapalm 525

Dans un fourmillement électrique faisant passer la production de Tricastin pour une frontale de campeur, le vaisseau spatial se posa sur l’Aubrac à minuit trois. 15 janvier, trente centimètres de neige, un vent glacial à décorner les aurochs… Les martiens prospectèrent les environs déserts de leur atterrissage mais ne trouvant que vide et froid, ils repartirent aussitôt et oublièrent la Terre. Depuis, chaque année le 15 janvier, une grande fête est célébrée dans le monde en l’honneur de l’Aubrac et de Shanghai à Buenos Aires, on y avale des milliers de tonnes d’aligot.

samedi 16 janvier 2021

Journapalm 524

Né dans un carton parallélépipédique il passa les premières années de sa vie à errer de jardins publics en halls de gares. Se réveillant un matin avec une fente rectangulaire à la place de la bouche, tout parut se mettre en ordre. Le monde entier devint soudain carré, les questions géométriques et leurs solutions logiques. Ses idées s’ordonnèrent, bien arrêtées dans son crâne. Alors il s’installa au centre de la ville dans un ancien square abandonné et se proclama oracle municipal.

vendredi 15 janvier 2021

Journapalm 523

Furieux il se lève de table tel un diable sortant de sa boite puis jette sa serviette à carreaux dans son dos avant de sortir de la maison, tel un matador jetant la muleta. Quand il allume sa cigarette sous le lampadaire public, il a déjà oublié la cause de son courroux. Mais il décide d’afficher sa colère boudeuse jusqu’au lendemain, envisageant même de s’en composer un masque pour toute la prochaine journée. Il lui semble salutaire de s’opposer ainsi à l’oppressante incongruité de son existence.

jeudi 14 janvier 2021

Journapalm 522

Ernest F. écoute le bruit de la pluie qui tombe en pelotons épars sur la vitre de sa chambre. L’eau ne regimbe pas, elle creuse son chemin dans les dévers et les rainures, s’infiltre, goutte et s’écoule sans qu’aucun dispositif ne l’en empêche et quand il la croit stoppée, patiente elle imbibe la matière, la fait grossir jusqu’à l’implosion pour reprendre sa course insaisissable et lui échapper. Dépité, Ernest F. ouvre son carnet d’apprenti chaman à la page du jour et, une nouvelle fois, note un zéro en face du défi "Arrêter la pluie".

mercredi 13 janvier 2021

Journapalm 521

Ils sont tous venus, pareils à des bougies sur un gâteau d’anniversaire. C’est une pâtisserie de sable, à l’ouest d’un pays fou de vent et de vin, aux embruns canailles et aux crépuscules toujours verts. Ils n’ont pas eu besoin de se concerter, tout le monde savait que cela se produirait aujourd’hui. Les enfants et les chiens sont venus aussi, on n’allait pas les laisser mourir seuls à la maison.
Leurs silhouettes sur la plage évoquent les troncs d’arbres sans branches ni feuilles, plantés face au vent. Ils sont seuls et s’enroulent de leurs bras en attendant la fin.

mardi 12 janvier 2021

Journapalm 520

Tous les évènements d’une vie ne suffiraient pas à remplir les bordures de cette route qui relie le volcan à l’océan. Beaucoup pourtant s’y essayent tandis qu’ils roulent sur cette langue de goudron, des souvenirs qui culbutent dans leur esprit sans ordre ni méthode, jetés dans leur esprit comme un jeu de dés. En procédant au décompte de leur frêle existence, ils ralentissent, en établissant le constat de leur fragilité incommensurable, ils ralentissent encore. Si bien que jamais aucun véhicule ne parvient jusqu’à l’océan et que les voitures immobiles s’accumulent sur la route comme de grosses punaises mortes.

lundi 11 janvier 2021

Journapalm 519

Depuis que dans un rêve il s’était vu mourir à l’intérieur d’un théâtre de province aux plâtres abimés et aux dorures rococo, Yevkine enchainait les représentations avec sa troupe itinérante dans toute l’Ukraine. Ils jouaient Boulgakov six soirs par semaine et le reste du temps ils roulaient sur des axes délabrés, des routes même pas secondaires, un réseau de saignées vaguement goudronnées reliées entre elles par des intersections sans éclairages ni signalisations. Mais toujours Yevkine haranguait sa troupe, enthousiaste et jamais rassasié de l’espoir de retrouver le théâtre rêvé où enfin il pourrait jouer sa dernière représentation.

dimanche 10 janvier 2021

Journapalm 518

Sur le lac gelé les roseaux ont plié bagages et les canards glissent sans tête, la faute à des renards déboussolés par la grippe aviaire qui gobent du col bleu à tour de patte. Des chasseurs masqués s’élancent à la poursuite des rodeurs quadrupèdes en respectant la distanciation physique. À défaut de solution désinfectante approuvée par le Komité Pharmaceutique, ils utilisent des gourdes remplies de tord-boyaux maison. En attendant le mois de mars et l’ouverture de la pêche, il faut bien occuper son dimanche.

samedi 9 janvier 2021

Journapalm 517

Observée depuis le sommet d’une tour, la ville en évoque une autre, cinquante ans plus tôt, dévastée par un tapis de bombes. Quelques murs sont toujours entiers, mais leurs couleurs fanées affichent les stigmates du temps ou de la catastrophe. D’autres sont réduits à l’état de gruyère bétonné, de moellons en miettes. Mais le plus terrible reste ce ciel tellement gris qu’il en devient noir, ou plutôt groir, une nouvelle couleur qui n’existe que dans ce pays et dans ce chaos.

vendredi 8 janvier 2021

Journapalm 516

Autrefois le chaman conversait avec les esprits, il conseillait son groupe, il soignait les âmes et les corps meurtris. Tour à tour guérisseur, thérapeute, sorcier, mystique et holistique, il maintenait l’équilibre dans des tribus tiraillées par des émotions contraires. Aujourd’hui le chaman est adepte de la division, il dissimule sa haine sous sa toque de fennec et plébiscite la guerre autour de ses tatouages partisans. Il devient la face visible d’un iceberg de frustrations et de mauvaises colères qui se trompent de cible.

jeudi 7 janvier 2021

Journapalm 515

Après avoir rassemblé et tassé tout son petit monde au fond de sa valise, elle courut à la gare, sauta dans le premier train pour en bas. Les noms des gares routiniers, familiers, inconnus puis exotiques lui signalèrent qu’elle approchait du but. Le cœur gonflé, impatiente, elle courut sur un quai vide… Vide de visages connus, de sourires amis et de celui qu’elle rejoignait. Ils n’étaient pas là, ni lui ni son fantôme, tous partis ailleurs avec leur petit monde à eux tassé au fond d’une valise qu’elle ne connaissait pas.

mercredi 6 janvier 2021

Journapalm 514

Ce sont des lignes ou bien des dessins, quelques traits noirs sur une feuille ou un écran, des traces de vie par câbles interposés. Tu te connectes, tu cliques, tu prends des ascenseurs virtuels sur les côtés, comme des regards lancés à la dérobade. Et comme les femmes que tu n’auras pas, il y a les écrits que tu ne produiras pas, les tableaux que tu ne peindras pas et les clichés que tu ne photographieras pas. Parce que tu préfères jouer le rôle du voyeur qui convient mieux au format de tes tripes rabougries.

mardi 5 janvier 2021

Journapalm 513

Il a poussé pendant la nuit et maintenant tu le regardes derrière ta fenêtre, protection ridicule de quelques centimètres d’épaisseur face à l’immensité.
C’est un cône de neige, parfaitement régulier qui émerge de la forêt et rompt l’habituelle harmonie des vallons ; un cône qui révolutionne ton quotidien et qui respecte sûrement x2 + y2 = z2 ( tan α )2 mais cela personne n’ira le vérifier car pendant qu’il poussait dans la nuit, tous les Hommes sont tombés morts.
Le jour continue de se lever alors tu vas l’imiter et faire semblant de comprendre.

lundi 4 janvier 2021

Journapalm 512

Rentrant d’une nuit de bombance dans des forêts de chênes qu’il visitait pour la première fois, le sanglier vieillissant confondit la porte d’une grange familière avec le hall d’entrée d’un immeuble, et les dealers de shit avec des bergers devisant météo. Ignorant les cris de stupeur de la jeunesse entrepreneuriale en casquette frappée du crocodile, il entra dans l’ascenseur où il s’affala de tout son poids, convaincu d’avoir trouvé une cache où dormir. Le technicien Otis dépêché sur place pour déloger la bête apprivoisa celle-ci à tel point qu’il quitta la ville et devint éleveur en Bigorre.

dimanche 3 janvier 2021

Journapalm 511

S’inspirant de Picasso qui connut sa période bleue avant de suivre une longue évolution qui l’a conduit à des peintures plus déstructurées, Henri W. a décidé de commencer par écraser des insectes avant de tuer ses premiers êtres humains et de les démembrer. Après les insectes, il s’attaquera ainsi aux souris puis aux chats. Il espère réussir sa mue assassine en moins de temps qu’il n’en a fallu à Picasso pour achever sa dizaine de changements stylistiques.

samedi 2 janvier 2021

Journapalm 510

Lucky Peterson est mort à 55 ans sans sa guitare ni son orgue, Lucky Marciano est mort à 45 ans dans un avion, Lucky Luciano est mort à 64 ans malgré ses pilules. Maintenant on sait pourquoi Lucky Luke s’est arrêté de fumer ; c'est pour mettre toutes les chances de son côtés de devenir un très vieux bonhomme.

vendredi 1 janvier 2021

Journapalm 509

Embaumé depuis 1924, Vladimir Ilitch Lénine continue de causer la mort d’individus dont les parents n’étaient pas encore nés pendant la terreur qu’il instaura. Ainsi la semaine dernière dans une fête en l’honneur du centenaire de la révolution de 1919, des membres d’un syndicat moscovite ont célébré leur héros en servant un immense gâteau à la crème à l’effigie de Lénine tel qu’il repose dans son mausolée. Un sergent ayant vomi après l’avoir goûté a alors été déclaré ennemi de la cause et transpercé de dix-neuf coups de couteau.