mercredi 31 juillet 2019

What If ?

Les amateurs de Science Fiction et de comic books connaissent bien le concept de l'uchronie souvent désigné chez nos amis américains par l'expression "What If ?" (Et si ? en français).
La compagnie MARVEL avait même créé à la fin des années 1970 un label de comics exploitant cette veine pour ses propres créations. Avec des titres appétissants pour les fans tels que "Et si Spider-Man avait rejoint les Fantastic Four ?", "Et si Captain America devenait président des USA ?" ou "Et si Loki avait trouvé le marteau de Thor en premier ?"...

Le principe est simple à comprendre. On réécrit l'histoire en imaginant qu'un évènement fondateur n'aurait pas eu lieu ou aurait été différent. De l'uchronie quoi. 
Pour tout auteur, il s'agit là d'un exercice jubilatoire. 
J'ai eu plusieurs idées d'histoires puisant dans cette source-là. Trois nouvelles sont en germination, et à terme d'autres les rejoindront pour être écrites dans les mois/années à venir. Je travaille en ce moment à la phase de plan d'un nouveau roman au nom de code "Marguerichard" dans lequel je vais bientôt me lancer. 
En attendant, pour ceux que ça intéresse, la liste des projets en cours et à venir est régulièrement mise à jour sur la page "Projets".

L'extrait du... 31 juillet

"L'amour est masochiste. 
Ces cris, ces plaintes, ces douces alarmes, cet état d'angoisse des amants, cet état d'attente, cette souffrance latente, sous-entendue, à peine exprimée, ces mille inquiétudes au sujet de l'absence de l'être aimé, cette fuite du temps, ces susceptibilités, ces sautes d'humeur, ces rêvasseries, ces enfantillages, cette torture morale où la vanité et l'amour-propre sont en jeu, l'honneur, l'éducation, la pudeur, ces hauts et ces bas du tonus nerveux, ces écarts de l'imagination, ce fétichisme, cette précision cruelle des sens qui fouaillent et qui fouillent, cette chute, cette prostration, cette abdication, cet avilissement, cette perte et cette reprise perpétuelle de la personnalité, ces bégaiements, ces mots, ces phrases, cet emploi du diminutif, cette familiarité, ces hésitations dans les attouchements, ce tremblement épileptique, ces rechutes successives et multipliées, cette passion de plus en plus troublée, orageuse et dont les ravages vont progressant, jusqu'à la complète inhibition, la complète annihilation de l'âme, jusqu'à l'atonie des sens, jusqu'à l'épuisement de la moelle, au vide du cerveau, jusqu'à la sécheresse du cœur, ce besoin d'anéantissement, de destruction, de mutilation, ce besoin d'effusion, d'adoration, de mysticisme, cet inassouvissement qui a recours à l'hyperirritabilité des muqueuses, aux errances du goût, aux désordres vaso-moteurs ou périphériques et qui fait appel à la jalousie et à la vengeance, aux crimes, aux mensonges, aux trahisons, cette idolâtrie, cette mélancolie incurable, cette apathie, cette profonde misère morale, ce doute définitif et navrant, ce désespoir, tous ces stigmates ne sont-ils point les symptômes mêmes de l'amour d'après lesquels on peut diagnostiquer, puis tracer d'une main sûre le tableau clinique du masochisme ?"

Blaise Cendrars - Moravagine

mardi 30 juillet 2019

Lecture : Gabi Martinez - Les défenses

En cette journée de retour au turbin, et pour célébrer l'une des excellentes lectures de ces vacances, voici un - non, deux - petits extraits d'un roman de Gabi Martinez, superbement écrit, et traduit par André Gabastou pour la vénérable et précieuse maison Christian Bourgois.

"Les défenses" est un roman basé sur une histoire vraie, celle d'un neurologue espagnol qui pendant une période de sa vie est devenu littéralement fou. 
La vision de la maladie psychiatrique  de l'intérieur, par un médecin lui même spécialiste du cerveau, donne un roman franchement excitant, au style inventif (un véritable laboratoire pour auteur) et surtout dont l'histoire souffle tout au long des 666 pages (chiffre du diable, forcément). J'ai été tenu en haleine pendant toute la lecture, jusqu'au dénouement final qui explique tout. Entre le début et cette fin, on se fait soi même son histoire, on s'invente des destins pour comprendre cette étrange aventure. La multitude de personnages qui croisent la vie du narrateur offre un kaléidoscope d'aventures et de fils narratifs qui se suffisent parfois à eux-mêmes mais qui prennent d'autant plus de sens qu'ils forment un seul roman.   
Le narrateur est au centre de tout cela. Sa vie, son oeuvre, sa folie, tout est raconté via un point de vue narratif à la première personne mais mâtiné d'une voix omnisciente qui apporte de l'ampleur et du coffre à l'intrigue. Un roman que j'ai avalé en quelques jours près des vagues et du sable. 

Extraits
"Je crois avoir fait part aux médecins de mon pressentiment selon lequel je souffre de quelque maladie organique, si bien que personne ne prête l’oreille à mes protestations parce que, comme l’auto-immunité est mon champ de recherche privilégié depuis que j’ai commencé à faire des études de médecine, mon diagnostic ressemble à une réclusion redondante aggravée par l’évidence que, tout neurologue que je sois, je suis fou."

"Il m’est toujours facile d’établir le diagnostic différentiel de chaque malade, capacité qui me donne de l’assurance. Il semblerait que le docteur Escobedo soit relativement indemne au beau milieu de la dévastation. Il devrait m’examiner. Me rendre visite. Le problème, c’est que je ne sais pas très bien qui ou combien je suis. Il est une partie de moi que je reconnais, mais je me demande où s’égare le reste de ma personne que je perçois uniquement par bribes. Le vide s’est ouvert ces dernières semaines ou ces derniers mois, parce que je me souviens bien du reste de ma vie. Quand j’essaie de recomposer ce qui s’est passé, les scènes scintillent en vrac. Parfois elles sont nettes, mais entrecoupées, sans arriver à leur terme".

Gabi Martinez, Les défenses (traduit par André Gabastou), 
Christian Bourgois, 672 pages.


samedi 20 juillet 2019

Presque de retour

J'étais censé travailler sur le roman "MARGUERICHARD" durant ce mois de juillet. J'ai un peu glissé sur le planning. La faute à l'écriture du deuxième jet de la nouvelle "MAOA" qui est désormais terminée et qui sera corrigée en août. Mais aussi la faute à une nouvelle idée de roman qui a débarqué le 14 juillet  en me rendant au feu d'artifice de Montalivet, avec mes enfants. 
S'en sont suivis trois jours d'idées de développement, de personnages... Ce nouveau projet baptisé "CHECKPOINT" sera un vrai hommage à la littérature de genre (fantastique, comics, SF, polar) que j'ai follement aimé durant mon adolescence.
Me voilà donc avec six projets de romans et quatorze nouvelles en tête, reste à trouver le temps de les écrire. On  va commencer dès le mois d'août par le démarrage de "MARGUERICHARD"... à suivre donc.

dimanche 7 juillet 2019

Vacances !


Pas de mise à jour du blog les trois prochaines semaines pour cause de congés d'été. 

Au menu, comme beaucoup ce sera plage et lecture... J'ai une importante pile de livres sous le coude... et aussi une nouvelle à terminer d'écrire. Ainsi qu'un nouveau roman sur les préparatifs duquel travailler. 

Bonnes vacances à tous. 

mercredi 3 juillet 2019

L'extrait du... 3 juillet

"C'était la montre de grand-père et, en me la donnant, mon père m'avait dit : Quentin, je te donne le mausolée de tout espoir et de tout désir. Il est plus que probable que tu l'emploieras pour obtenir le reducto absurdum de toute expérience humaine, et tes besoins ne s'en trouveront pas plus satisfaits que ne le furent les siens ou ceux de son père. Je te le donne, non pour que tu te rappelles le temps, mais pour que tu puisses l'oublier parfois pour un instant, pour éviter que tu ne t'essouffles en essayant de le conquérir. Parce que, dit-il, les batailles ne se gagnent jamais. On ne les livre même pas. Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots."


William Faulkner - Le bruit et la fureur (Folio, traduction Maurice Edgar Coindreau)

lundi 1 juillet 2019

L'extrait du... 1er juillet

"J'ai connu le bonheur mais ce n'est pas ce qui m'a rendu le plus heureux.

L'homme vraiment libre est celui qui sait refuser une invitation à dîner, sans donner de prétexte.

Le but, c'est d'être heureux. On n'y arrive que lentement. Il y faut une application quotidienne. Quand on l'est, il reste beaucoup à faire : consoler les autres. "


Jules Renard - Journal