dimanche 31 octobre 2021

Journapalm 811

Drame des fêtes de Pâques en Alsace. Un œuf de cigogne en chocolat élaboré par un artisan réputé de Colmar fait une chute de deux mètres entre l’atelier et la boutique du chocolatier. L’œuf se fissure et un bébé cigogne s’extirpe de la coquille percée avec grande difficulté. Aveugle à cause du diabète causé par le chocolat recouvrant son œuf, le bébé cigogne doit être euthanasié.

samedi 30 octobre 2021

Journapalm 810

Ils ont quitté leur ville d’adoption sur les berges du lac Ontario et sauté dans un train en partance pour le grand ouest, des paquets de rêves en pelotes serrées au fond de leurs poches. Les nuages industriels ont laissé place aux cimes enneigés et aux sombres vallées de conifères. Là, dans le lénifiant vrombissement et les odeurs des machines, ils ont réalisé qu’ils ne souhaitaient plus retourner à leur vie d’avant.

vendredi 29 octobre 2021

Journapalm 809

Pour réussir son suicide, il mit toutes les chances de son côté. Après avoir bu une bouteille de St Joseph, il avala une large rasade de sirop antitussif puis monta dans un Cessna piloté par un complice qui gagna le ciel, à la verticale d’un océan infesté de requins. C’est alors qu’il sauta. Quelques jours plus tard une mission scientifique financée par un musée océanographique filma le comportement inhabituel de requins que l’on découvrit en proie à une forme animale de délirium tremens.

jeudi 28 octobre 2021

Journapalm 808

Elle imaginait, sans trop savoir pourquoi, que la fin du monde aurait un goût de noisette. Sans plus d’explication, elle ajoutait que c’était la raison pour laquelle elle préférait emporter son parapluie. « Au cas où » précisait-t-elle avec un regard malicieux comme l’ont les jeunes enfants et les vieilles dames. On l’a perdue un jeudi de novembre, dans un bosquet de noisetiers, sous un ciel limpide et froid. Elle avait oublié son parapluie en bas de l’escalier.

mercredi 27 octobre 2021

Journapalm 807

Les doigts sur la ferraille, la pulpe blanche pressée d’en finir dans un instrument aux inclinaisons meurtrières, tu attends le dernier moment, lorsque les trépidations se la jouent allegro dans ta main blanche, vidée de sang et de sens, quand elle n’est plus qu’une feuille zombifiée que le vent d’automne fait trembler. Et là, tu retires la main de la machine pour la lever au-dessus de toi, à la manière d’un trophée remporté de haute lutte, rempli d’un étonnement aux allures d’épiphanie. Et quand le vrombissement de la machine remplit l’espace, tu trembles à peine.

mardi 26 octobre 2021

Journapalm 806

Elle pensait pouvoir apprendre le saxophone en trente jours. Parce que franchement, disait-elle, trente jours c’est quand même pas rien, mais c’est pas non plus la mer à boire. Alors elle partit chercher un saxo d’occasion, pleine d’enthousiasme et de fraîcheur.
Les trente premières minutes furent une catastrophe mais elle s’acharna sur son instrument une heure de plus avant de produire un son plutôt qu’un bruit. Quand elle apprit que Charlie Parker jouait plus de douze heures par jour, elle remisa le saxophone et alluma la télévision.

lundi 25 octobre 2021

Journapalm 805

Du château de Prague au château Frontenac de Québec se sont écoulés vingt ans. Deux décennies passées dans un mixeur grand comme le monde, pour en ressortir en poussières de souvenirs. Encore jeune homme à Prague, il arpentait la vieille ville des heures durant, à pieds, dans un sens puis dans l’autre, sans jamais s’interrompre, désireux de tout voir de la ville de Kafka. À Québec il ne descendait de sa voiture automatique climatisée que pour aller admirer les canons aux pieds du château et le Saint-Laurent, indolent, tout en bas, comme un vieux serpent endormi.

dimanche 24 octobre 2021

Journapalm 804

Elle répétait souvent que le monde commençait et finissait en haut de la falaise d’Étretat, aussi sûr que deux et deux font quatre. Je lui répondais qu’on ne peut pas appliquer à une opinion personnelle basée sur une impression la rigueur de l’arithmétique. Alors elle me regardait un moment, silencieuse, comme si elle observait une bestiole disséquée en cours de sciences puis elle se mettait à rire. Ensuite, elle se mettait sur son ordinateur et commandait deux billets de train pour Étretat.

samedi 23 octobre 2021

Journapalm 803

Après six heures de route, nous étions assis à l’intérieur de ce bar, quelque part sur l’Intersate 80, dans un coin anonyme de l’Iowa. Mon cul réduit à l’état de chiffon sec me rappelant l’inconfort des banquettes en skaï marron.
Elle, fumant cigarette sur cigarette, ne tenait pas en place, lorgnant vers le parking toutes les dix secondes, guettant l’arrivée de la voiture qui nous suivait. Il fallait pourtant bien s’arrêter, boire un café, manger quelque chose. Nos assiettes d’œufs au bacon arrivaient enfin mais quand la serveuse perdit l’équilibre et les renversa, je compris que nous étions coincés.

vendredi 22 octobre 2021

Journapalm 802

On le disait être né pour tailler les arbres. Après être passé dans ses doigts, les thuyas aux éclats anarchiques semblaient ennoblis, devenus des figures géométriques parfaites. Il maniait le taille-haie électrique avec la dextérité d’un artiste génial peignant une belle toile. On faisait appel à lui dans tout le pays pour lui confier ses thuyas et jamais il ne décevait ses clients. Personne n’explique pourquoi après avoir terminé une nouvelle œuvre dans le vaste jardin d’un couple de généticiens, il a taillé en pointe le crâne de ses clients avant d’enfoncer leurs corps dans la ramure d’un cyprès.

jeudi 21 octobre 2021

Journapalm 801

C’est un marronnier qui sait rester à sa place, au centre-ville. Il a résisté aux bombardements de la seconde guerre, aux manifestations, aux tirs de kalachnikov, aux fumigènes, aux chenilles venues de Macédoine et aux samedis de soldes. Dans une vague tentative de protection, on l’a entouré de quelques planches de bois pour en rendre l’accès plus difficile. Cela n’empêche pas les gosses du quartier de les enjamber pour aller graver des inscriptions sur son tronc. Pendant ce temps, le plus grand arbre du monde vit dissimulé, retiré dans une forêt de Californie : l’inégalité règne même chez les arbres.

mercredi 20 octobre 2021

Journapalm 800

Le hâbleur n’en finit plus de défier les échelles. Confronté à un obstacle, il déclare avoir un rocher coincé dans sa botte. Une grue s’est logée dans son œil mais il remarque la poussière dans celui du voisin. Ce n’est plus un chat noir mais un tigre du Bengale qu’il redoute de croiser. Le hâbleur est fatigant, il ne cesse de parler, aussi le dramaturge l’abat-il d’un simple trait de plume qui le fait taire aussi sec que la bombe Fat Man lâchée sur Nagasaki.

mardi 19 octobre 2021

Journapalm 799

Enfant il réclamait les promenades dans la garrigue dans l’espoir de tomber sur la carcasse désossée et rouillée jusqu’à la plus petite vis d’une voiture abandonnée. Alors il courait jusqu’au squelette du véhicule et se régalait d’en explorait les entrailles comme un pirate l’aurait fait d’une grotte secrète. Souvent le volant était encore en place et il se mettait derrière pour l’empoigner, imaginant conduire ce tas de ruines mécaniques sur une route remplie de cadavres de chiens en rondelles. En grandissant, il aurait pu virer bandit ou psychopathe, par chance il a choisi la première option en devenant garagiste.

lundi 18 octobre 2021

Journapalm 798

L’orage éclata en début de soirée, après que le vent eut tourneboulé le monde des heures durant. Quelques éclairs habillèrent les arbres de long pardessus électriques puis le roulement du tonnerre annonça le prochain numéro. Sous le chapiteau installé en bordure du rond-point, les clowns essayèrent bien de divertir le public mais sentant la menace extérieure, les enfants ne se montrèrent guère attentifs. Et puis la foudre s’abattit sur un peuplier qui s’effondra sur le chapiteau sans faire une seule victime. Le numéro interrompu, une génération de futurs bucherons quitta le chapiteau dans le calme.

dimanche 17 octobre 2021

Journapalm 797

N’éprouvant plus l’envie de vivre, Howard D. décida d’en finir. Mais comme il ne voulait pas partir sans un coup d’éclat et qu’il s’intéressait aux animaux disparus, il choisit de mourir recraché par un dinosaure. Montant dans sa Plymouth, il roula plus de six cents kilomètres pour atteindre Drumheller, dans la province de l’Alberta, où la maquette d’un T-Rex de vingt-cinq mètres domine la ville. Ensuite, il monta les cent-six marches dissimulées à l’intérieur du corps en fibre de verre et atteignit la gueule du monstre. Trouvant le panorama sympa, il décida de s’y installer.

samedi 16 octobre 2021

Journapalm 796

Chaque nuit le même cauchemar le réveille. De l’eau jusqu’aux genoux dans les rizières colorées de sang Viêt-Cong, sa lourde mitrailleuse collée contre sa hanche, il suffoque. Il y a l’odeur de chair brûlée mélangée à celle de l’essence et le sifflement qui précède le déclenchement du lance-flammes. Alors il se réveille d’un coup, le front trempé de sueur, la tête pleine de virgules de souvenirs calcinés. Quand il se lève, il fait encore nuit. Sa petite maison est muette, seul son fils est levé, occupé comme chaque matin à construire des décors miniatures en grain de riz.

vendredi 15 octobre 2021

Journapalm 795

Allongé dans son sac de couchage, calé dans un replat de sable à la consistance accueillante, il se sent bien, moulé dans un cocon qui lui parait presque confortable. Quelques animaux nocturnes signalent leur présence invisible en poussant de petits cris aigus ou en émettant des sortes de raclements métalliques. Il ne trouve pas le sommeil et la silhouette sombre d’un cactus immense dans son champ de vision l’intimide. Il distingue ses longs piquants surgissant dans le ciel d’été étoilé, prêts à percer les astres brillants, comme un cactus tueur d’étoiles dans cette immensité sauvage.

jeudi 14 octobre 2021

Journapalm 794

Le vieil homme sortait de chez lui à toutes les heures du jour et de la nuit pour venir vous servir l'essence. On se garait devant, on attendait un instant puis la moustiquaire protégeant la porte s’ouvrait dans un grincement et sa silhouette bonhomme apparaissait. La nuit, il enfilait un chandail épais mais il gardait ses espadrilles élimées. Le hameau ne mouftait pas, personne dans la rue principale sous la lueur cramoisie d’une lune gélatineuse. Quand l’homme est mort, les pompes sont restées débranchées un moment, et puis on les a enlevées. Aujourd’hui tout le monde les a oubliées.

mercredi 13 octobre 2021

Journapalm 793

Réfractaire à tout effort inutile depuis l’enfance, élevé par un père chômeur en fin de droits et syndicaliste acharné, Maximilien T. pensait en outre que son auguste prénom le dispensait de se lever de son fauteuil favori pour chercher du boulot. Dans son misérable studio au rez-de-chaussée d’un boulevard bruyant et sale, il occupait le plus clair de son temps à dormir, installé dans son fauteuil. Si bien qu’il finit par y disparaitre, littéralement avalé par l’assise de cuir pleine fleur, et sans laisser la moindre trace sur les accoudoirs.

mardi 12 octobre 2021

Journapalm 792

Il enrageait de ne pas connaitre le nom des nuages ni celui des arbres. Elle lui répondait toujours que cela ne faisait rien, puisqu’ils vivaient en ville, il suffisait de savoir s’il pleuvait ou non et prendre un parapluie en conséquence. Quant aux arbres, ajoutait-elle, on pouvait toujours se rendre au parc pour en apercevoir, comme d’autres se rendent au zoo pour voir des animaux.

lundi 11 octobre 2021

Journapalm 791

Au large d’une certaine île grecque, on raconte qu’on peut apercevoir des méduses particulières, que l’on nomme méduse-ange, dont les ombrelles scintillantes changent de couleur à la tombée de la nuit.
Le jeune couple décida qu’ils iraient voir ces cœlentérés pendant un pont de mai. Ils quittèrent Rouen un vendredi à l’aube, direction Paris.
On retrouva l’homme sur une aire d’autoroute, allongé nu sur une table en bois au milieu de débris de chips et de canettes de bière vides. Dans un état second, il mimait un crawl pathétique en disant qu’il voyait un ange.

dimanche 10 octobre 2021

Journapalm 790

Parce qu’il trouvait que le temps passait trop vite dans son coin rabougri de région parisienne, Ernest a donné sa démission, a quitté son appartement sombre accroché au périphérique et il a pris un vol pour l’Arkansas. C’est dans une ville perdue au milieu d’un état dont il ne sait rien qu’il a planté son ancre, employé dans un petit garage dirigé par Bob, un vétéran d’Irak qui y a laissé une jambe et qui aime passer ses journées dans les moteurs de vieilles camionnettes en écoutant de la country.

samedi 9 octobre 2021

Journapalm 789

Hughes L. banquier de son état, s’en revenait chez lui après une dure semaine de labeur dans les bureaux impersonnels d’une banque d’affaires londonienne. La perspective d’un week-end dans sa charmante maison normande, avec sa non moins charmante épouse l’enchantait.
Las ! Une pluie fine doucha son enthousiasme et il accomplit le trajet de la gare à sa maison en trottinant. Quand il arriva devant chez lui, un malabar aux bras tatoués d’ancres de marine lui barra le passage. Sa femme apparut alors et lui expliqua qu’ayant pris un amant à crédit, elle n’avait plus besoin de lui.

vendredi 8 octobre 2021

Journapalm 788

Ses genoux pâles posés sur le goudron, l’enfant observe le fascinant spectacle qu’offre une colonie de fourmis occupée à se repaître d’un cadavre d’escargot de bourgogne. Il regarde les insectes avec attention, détaillant chacun de leur rôle bien défini, pareils aux membres d’un corps expéditionnaire lancés dans une mission stratégique. La colonie s’étire sur plus de deux mètres entre le gastéropode baveux immobile et l’orifice terreux où elle le rapatrie dans son garde-manger. Mais l’enfant aimerait bien savoir à quel moment les fourmis ajoutent le beurre d’ail.

jeudi 7 octobre 2021

Journapalm 787

En pleine après-midi, Antoine se trouvait accoudé au zinc, occupé à s’enivrer avec une rare application, un verre de pastis après l’autre. L’alcool et moi avions fait sécession depuis quelques années déjà, pour une raison que je préférai oublier mis qui me semblait légitime. Sous l’œil malicieux d’Antoine, j’entrai dans le bar, la conscience chargé de la légitimité d’un prêtre pénétrant dans un bordel. Mais le grand écrivain ne s’est pas départi de son sourire roublard quand je me suis approché de son zinc et que, d’une voix tremblante, j’ai commandé un vichy avec une tranche de citron.

mercredi 6 octobre 2021

Journapalm 786

La petite fille a perdu son doudou sur la route. Un jeu maladroit près de la vitre arrière laissée ouverte. Pour ne pas provoquer la colère paternelle, elle n’a rien dit. Sur le coup elle s’est sentie très triste et très seule. Mais maintenant elle pense surtout à son doudou, après des jours de trafic et d’intempéries, sur le bas-côté. Des flaques de boue et des enjoliveurs abandonnés pour paysage et des emballages de barres chocolatées comme voisins instables. Les doudous disparaissaient-ils peu à peu, comme ces cadavres d’animaux écrasées et qu’une pluie abondante finit de gommer ?

mardi 5 octobre 2021

Journapalm 785

Par habitude autant que par ennui, le soir avant de s’endormir, il note un résumé de sa journée, qui tient en une phrase, sur un calendrier au mur de la cuisine. Un matin de septembre, une corneille entre par la fenêtre laissée ouverte, vole dans la pièce et décroche le calendrier d’un coup de bec avant de repartir avec. Depuis, il a perdu la mémoire des neuf derniers mois. Les médecins parlent d’Alzheimer précoce mais lui ne dort plus. Il s’attend à ce que le corvidé chapardeur le fasse chanter, maintenant qu’il sait tout de sa vie.

lundi 4 octobre 2021

Journapalm 784

Elle rêvait de journées qui ne finissent pas et de vieilles pierres enflammés par la lumière du couchant. Elle parlait des ciels immenses au-dessus des montagnes, des coquelicots sur les flancs des collines comme des décorations sur le poitrail d’un militaire en retraite. Et puis des cyprès qui gardent l’entrée des villages. Alors nous avons pris la route pour visiter l’Extremadura. Mais le moteur a rendu l’âme à peine franchie la frontière espagnole et nous sommes rentrés à Paris en autobus, sous la pluie et dans la lumière grise d’octobre.

dimanche 3 octobre 2021

Journapalm 783

Théorème absurde : si la mère de Newton n’avait pas quitté son père, une Tesla ne serait pas en orbite.
Preuve idiote : le beau-père ne souhaitant pas s’encombrer du petit Isaac, celui-ci fut donc confié à la garde de ses grands-parents. Son aïeule qui cuisinait des tartes aux pommes demandait souvent à Isaac d’aller chercher des fruits dans les pommiers des environs. On connait la suite… Or, si sa grand-mère avait préféré la tarte aux fraises, c'est toute la science qui aurait balbutié quelques centaines d’années supplémentaires et Tesla n’aurait pas envoyé de voiture dans l’espace. CQFD

samedi 2 octobre 2021

Journapalm 782

Il voulait tellement se trouver aux premières loges qu’il a fini par construire sa terrasse au-dessus de la Caldera de Santorin. Certains grecs du coin n’osaient même pas venir manger chez lui tellement ils redoutaient le vide sous leurs yeux. La terrasse s’est écroulée un matin de printemps, alors qu’il buvait son café. Une chute de cent mètres, à pic dans la mer Égée. Mais il a conservé sa tasse de café dans la main jusqu’au bout. Et depuis, on aperçoit régulièrement un aileron de dauphin accro à la caféine venir roder à l’endroit du drame.

vendredi 1 octobre 2021

Journapalm 781

Aux alentours du château toujours debout entre les barres d’immeubles, on aperçoit parfois le fantôme du chevalier H. Il est le dernier représentant de son espèce : partout ailleurs, les révolutions successives ont rasé toute trace de l’ancien régime. Et les fantômes des châtelains ont disparu avec leurs bâtisses.
Personne ne sait pourquoi ce château-là a échappé aux élans atrabilaires du peuple avide de sang. Alors, condamné à hanter les lieux, le fantôme du chevalier H. s’ennuie ferme les jours de semaine, languissant toujours l’agitation du dimanche, jour de marché.