lundi 31 octobre 2022

Toussaint pour le petit dernier

Voilà.
C'est un an de travail qui se termine... presque en terrasse. Profitant d'un pont aux airs d'aqueduc pour Toussaint, je suis redescendu dans mon Languedoc natal. Après une période intensive de plusieurs semaines avec des réveils quotidiens à 4h30 pour réécrire une nouvelle version de ce roman avant de partir travailler, ce sont donc trois jours de travail intense et itératif de relectures et corrections qui viennent clore un cycle d'un an. Et cette fois je peux annoncer que ce nouveau roman est terminé. Car il faut bien décider qu'à un moment on est arrivé au bout de ce que l'on peut faire de mieux et qu'il est nécessaire de poser le stylo.
L'auto-publication est lancée. Les liens arriveront dans la semaine pour les lecteurs intéressés (versions papier et ebook). Quant à moi, je vais pouvoir dormir enfin et boire un verre de vin de St Chinian pour fêter ça...

Journapalm 1176

Le silence rappelait celui des anciennes églises, du temps où celles-ci existaient encore. Les grands arbres colonisateurs avaient évangélisé l’espace autrefois dévolu aux Hommes. Du bref passage de ceux-ci, il ne restait que des constructions abimées, des immeubles tombant en ruines, des routes soulevées par les racines et gondolées. Parfois on entendait le barrissement des éléphants qui résonnait dans le lointain et qui escaladait les constructions envahies par les branches et les fougères. Mais le plus souvent, il n’y avait rien d’autre que le bruit de la pluie pour briser le silence d’une communion permanente.

dimanche 30 octobre 2022

Journapalm 1175

Ses mains hérissées de grosses veines bleues agrippent le cahier avec une énergie dont ce corps abîmé par les grosses mers de l’existence semble incapable. Puisant dans un stock de tempérament plus important que ce que les regards désobligeants sont prêts à lui accorder. On ne fait lui fait plus crédit de rien depuis longtemps, même de caractère… Et pourtant l’homme serre fort le cahier où sont éparpillés les mots que sa bouche catatonique ne peut plus dire. Ils ne sont pas écrits pour ces sauvages décérébrés qui l’acculent, jeunesse impalpable qui s’y brûlerait la rétine.

samedi 29 octobre 2022

Journapalm 1174

Allongé contre les portes d’un garage abandonné, il a disposé les cartons et les sacs plastiques pour s’isoler du froid. Dans la nuit de mars, il se recroqueville sur lui-même et s’endort bercé par les moteurs des voitures. Bien qu’il n’ait jamais dépassé les limites de Fontainebleau, il rêve d’ascension périlleuse au cœur de l’Himalaya. Le matin, dès l’aube un bruit inhabituel le réveille. Un chasse neige évacue la poudreuse blanche qui est tombée toute la nuit sur la ville. Dans le bleu des gyrophares qui écartèlent l’obscurité, il s’imagine alpiniste grimpant la tour Montparnasse.

vendredi 28 octobre 2022

Journapalm 1173

Les révolutionnaires ont coupé la tête de l’immense chêne qui ornait l’entrée du parc. La guillotine moderne s’appelle Stihl, développe deux kilowatts de puissance pour quarante centimètres cubes. Il ne leur a fallu que quelques minutes pour venir à bout du chêne. Mais tandis qu’ils contemplaient le tronc nu sans tête, les racines de l’arbre à la tête tranchée se sont mises à vibrer et à retourner la terre, prises de mouvements puissants. Sa majesté le chêne se prenait pour un poulet, aussi se mit-il à courir comme un volatile sans tête avant de tomber sur le champ d’honneur.

jeudi 27 octobre 2022

Journapalm 1172

La brume s’installa un mardi d’octobre et personne n’y prêta vraiment attention. Ce ne fut qu’après une semaine d’activités pratiquées à tâtons que les gens s’inquiétèrent. Des enfants et des vieillards disparaissaient, les chiens hurlaient à la mort, les accidents de voitures s’enchainaient… On pria le gouvernement de faire quelque chose et bien que celui-ci fut rempli de brasseurs de vent, personne ne trouva la solution. Alors on commença à s’habituer. Au fond, des vieillards incontinents et des enfants capricieux en moins, ce n’était pas une si mauvaise chose…

mercredi 26 octobre 2022

Journapalm 1171

Il laisse des livres sur la table du salon, dans les toilettes, dans l’angle de l’escalier qui monte aux chambres et même sur la tablette à côté de la baignoire. Des cailloux blancs pour éclairer leur chemin. Mais les enfants évitent chacun d’eux avec une obstination têtue et une foi aveugle pour leurs écrans qui débitent en tranches un monde consensuel, répétitif et superficiel. Il espère qu’un jour le miracle aura lieu, qu’une étincelle de curiosité se produira et qu’elle allumera un grand feu dans leur Sibérie intérieure.

mardi 25 octobre 2022

Journapalm 1170

Parvenant à proximité du passage protégé qui signale l’empreinte d’un piéton peinte en blanc, l’homme s’apprête à traverser la route. Mais une tache sombre en forme d’étoile attire son regard. Superposition de gris sur le goudron qui s’effrite : la tâche se répand et avale la silhouette du piéton puis se répand sur le passage protégé. La tâche mange le blanc et poursuit son expansion, telle une galaxie qui conjugue l’entropie. Bientôt le passage protégé disparait et l’homme qui ne peut plus traverser reste de l’autre côté de la rue, tel un voilier sans personne à la barre.

lundi 24 octobre 2022

Journapalm 1169

Sur l’avenue qui remonte jusqu’au port, le vent fou et violent s’est levé d’un coup et a tout balayé sur son passage. Les canettes de coca vide et les feuilles des platanes ont volé un instant, pris dans de minuscules tourbillons de poussières. J’ai alors aperçu un homme traverser la rue en jean et bottes pointues, un chapeau de cow-boy sur la tête. Il ne courrait pas, il ne semblait pas affolé du tout. Et à cet instant, le monde entier sembla se réduire à la scène finale d’un western.

dimanche 23 octobre 2022

Journapalm 1168

Le prêtre est arrivé une heure avant tout le monde sur le port. Ne voyant personne à proximité du voilier qu’il devait baptiser pour son premier voyage en mer, il s’est installé en terrasse, à proximité. C’est là que le serveur lui a appris que l’on avait changé d’heure dans la nuit. Alors le prêtre a noyé son agacement dans le whisky pendant une heure et au moment de rejoindre le voilier autour duquel se pressait la famille du propriétaire, il a chuté dans une bouche d’égout mal refermée et il s’est noyé dans cinquante centimètres d’eaux usagées.

samedi 22 octobre 2022

Journapalm 1167

Elle ne retournera pas à Monument Valley et les incroyables cumulus blancs gavés de malbouffe continueront à stagner au-dessus des excroissances minérales qui signent la ligne d’horizon caractéristique du site Navajo.
Elle ne retournera pas à Uluru et les touristes blancs et jaunes gavés d’un sentiment de toute puissance continueront de grimper l’étonnant caillou rouge posé au milieu du désert aborigène.
Elle va s’allonger dans l’herbe encore un peu humide de la rosée nocturne et regarder les feuilles du grand frêne tomber sur elle comme de minuscules hélicoptères, pâles et malades.

vendredi 21 octobre 2022

Journapalm 1166

Dans la cour de récréation, Amandine s’adonne à sa passion. Elle dessine à la craie sur le mur des fleurs, des arbres, des nuages et des oiseaux. Ethan arrive et comme toujours, il lui dit qu’elle est moche et que ses dessins puent le caca. Il crache sur le mur puis rigole en regardant la craie qui s’efface. Alors Amandine dessine un crocodile : une longue gueule pleine de v et de v inversés pour les dents, deux ronds blancs pour les yeux. Elle crie ensuite Attaque ! Et Ethan meurt en hurlant, dévoré par la bête.

jeudi 20 octobre 2022

Journapalm 1165

En attendant le bus pour aller à l’école, le petit Clément pioche allègrement dans un sachet de bonbons qu’il vient d’acheter au tabac presse du village. Passant à proximité, courbée et en deuil de tout, une grand-mère tire son chariot à provisions et rentre de ses courses matinales. S’arrêtant à son niveau elle lui jette un regard outré. « Manger des cochonneries à cette heure-ci, mais que font tes parents ? » Alors les dents pleines de guimauve colorée, Clément rétorque « Ils sont dentistes et je t’emmerde la vieille ! »

mercredi 19 octobre 2022

Journapalm 1164

Il rêvait du pont de Brooklyn mais elle ne jurait que par l’arc de triomphe. Il s’imaginait déambuler dans le quadrillage urbain de Manhattan prêt à dominer le monde, elle se voyait tricoter des mailles pour leur futur enfant sur la butte de Montmartre. Après avoir envisagé toutes leurs possibilités, ils ont décidé de s’installer à mi-chemin, au fond d’une dépression océanique profonde de cinq mille mètres où ils ont adopté un organisme monocellulaire qui leur sert de lampe de poche pour éclairer leur incompréhension mutuelle.

mardi 18 octobre 2022

Journapalm 1163

Allongée au fond de la piscine, elle attend que la nuit tombe. De temps en temps elle jette un œil à sa montre, juste pour vérifier que le temps ne s’est pas arrêté : l’été, les journées n’en finissent plus. Parfois elle entend les déflagrations de la guerre étouffées par l’eau, comme des explosions qui compteraient pour du beurre. Mais elle sait que sous les bombes, les gens meurent plus vite qu’une tablette de beurre ne fond au soleil ; biologie élémentaire, comme celle qui n’explique pas pourquoi elle est née avec des branchies dans le cou.

lundi 17 octobre 2022

Journapalm 1162

Depuis le temps qu’il disait qu’il monterait là-haut... Au sommet de la montagne au fou, par-delà les limites dévolues aux hommes, là où ne survivent que quelques bêtes, au-dessus de la ligne où même les sapins renoncent.
Grimper tout en haut, à la seule force de ses mains, sans corde ni matériel, son envie en bandoulière et son énergie comme attrape-cœur. Sûrement qu’il est resté un moment à sourire au-dessus du monde, son but atteint, sa quête terminée. Ça doit en faire des frises dans l’estomac quand on vit quelque chose comme ça.

dimanche 16 octobre 2022

Journapalm 1161

Il profite d’une éclaircie dans le ciel et d’un trou dans la circulation pour sortir et traverser la route. Il a enfilé ses chaussures de sport. Avec Tex et Mex, il faut toujours se tenir sur ses gardes, pire que sur un ring de boxe. Tex et Mex, ses deux bergers malinois de trois et quatre ans, impatients et versatiles. L’un devant, l’autre derrière, chacun qui tire sur la laisse avec une frénésie remplie d’énergie pure. Il prend sur lui, écartelé au milieu de la route comme Jésus sur sa croix, tout ça pour ses chiens à elle…

samedi 15 octobre 2022

Journapalm 1160

Ses lunettes de soleil teintes d’une couleur ambrée couvrent la moitié de son visage. Ses cheveux gris s’entortillent jusque sur ses épaules et son épaisse moustache confuse retombe de chaque côté de sa bouche comme une nappe jetée sur une table. Des tatouages dont l’encre a bleui dessinent les contours d’une ancre claires sur son bras gauche. Il a enfilé une chemise propre pour l’occasion. Ce n’est pas tous les jours que des journalistes s’intéressent à sa collection d’ours en peluche qu’il met en scène dans des postures sado-maso dans son jardin.

vendredi 14 octobre 2022

Journapalm 1159

C’est un quartier où il ne vient jamais. Il n’y a pas ses habitudes ni ses repères, il ne connait pas la direction du vent, le sens du courant. Il ne sait pas la couleur des bâtiments ni la taille des arbres qui s’y cachent. Quelques pigeons aux yeux exorbités, des tags sur le mur du cabinet médical et il appuie sur la sonnette, chargé de son dossier de santé. Dans l’ascenseur ses oreilles bourdonnent, il avale sa salive. Ce n’est pas tous les jours que l’on risque de vous annoncer que tout va s’arrêter d’ici six mois.

jeudi 13 octobre 2022

Journapalm 1158

Tes paupières s’ouvrent et tu cherches à déchiffrer l’obscurité. Tu ignores l’heure mais aussi le jour… que tu retrouves après un moment à creuser ta conscience. Et tu comprends que tu dois te lever, aller pointer un jour encore.
Plus tard, sur le chemin de l’usine, tu cueilles des fleurs rouges dont tu ignores le nom mais qui feront joli dans la poche de ta veste. Le temps d’arriver et tu les auras perdus sur la route. Elles ne font plus très joli ratatinées sur le goudron, tombées au champ d’honneur, ignorées de tous.

mercredi 12 octobre 2022

Journapalm 1157

Chaque fois qu’il commençait ce livre, il se sentait porté par le souffle épique et l’écriture puissante. Il s’agissait pourtant d’un roman traduit d’une langue très éloignée de la sienne. On ne souligne jamais assez la qualité et la quantité de travail de certains traducteurs, pensait-il alors. Pourtant après une cinquantaine de pages, il butait, ralentissait puis espaçait sa lecture et finissait par abandonner. Chaque année il réessayait. Et chaque année le livre le battait. C’était devenu son Moby Dick personnel, il voulait la peau du livre et il le pourchasserait sur tous ses océans.

mardi 11 octobre 2022

Journapalm 1156

Deux jours qu’il est installé en Camargue et déjà il peut des grains de riz. Il a disposé de grandes casseroles sur sa terrasse mais les grains tombent avec trop de force et frappent le fond des casseroles avant de rebondir en dehors. Sur la terre sombre du crépuscule, les grains de riz dessinent une formule magique dont le sens lui échappe. Le lendemain matin au réveil, sa maison se retrouve au milieu du canal du Rhône à Sète, sous des grains de riz gros comme des pastèques.

lundi 10 octobre 2022

Journapalm 1155

Après des mois à creuser le mur de sa cellule, il remonta les canalisations jusqu’au mur d’enceinte qu’il escalada dans la nuit, profitant de l’épais brouillard de février. Mais arrivé du coté libre de la vie, il ne reconnut rien. Les gens qu’il connaissait avaient déménagé ou bien ils étaient morts, ce qui revient au même. Les endroits qu’il aimait n’existaient plus, démolis pour la plupart. Alors après deux jours de cavale, il préféra retourner frapper à la porte de la prison. Mais sa cellule avait été réattribuée et on ne voulut plus de lui.

dimanche 9 octobre 2022

Journapalm 1154

Maintenant qu’il était parvenu à rassembler dans son domaine de Sologne un caïman de Floride, un gorille du Rwanda, un lama d’Argentine, un yack du Tibet, un koala d’Australie, un kangourou de Tasmanie, un iguane du Brésil et un fourmilier du Botswana, il réalisa qu’il lui manquait toujours un dictateur de Russie. Pour plus de discrétion il embarqua à bord d’un bateau pour la Finlande d’où il franchirait la frontière russe, direction la place rouge, un filet à papillons dans les mains pour capturer Vladimir Poutine.

samedi 8 octobre 2022

Journapalm 1153

Après avoir empoisonné les pigeons du parc public avec des graines toxiques, il s’est attaqué aux corbeaux. Il ne supportait plus leurs croassements gras qui le réveillaient tôt chaque samedi matin, le seul jour où il aurait pu dormir jusqu’à midi. Quand il eut éradiqué les volatiles au plumage de jais, il se sentit mieux. Et le dimanche matin qui suivit, il alla à l’église à l’aube pour s’y recueillir et louer le seigneur de lui avoir donné ce courage.

vendredi 7 octobre 2022

Journapalm 1152

Dans le train de nuit filent les heures. Le bruit régulier des rails en toile de fond et le staccato rassurant qui borne les limites du sommeil. Il tourne dans sa couchette, retourne, pense au mont Rushmore dans ce film d’Hitchcock. Quand il ouvre les yeux la nuit est zébrée de bandelettes claires de papyrus. Alors il referme les yeux, compte les moutons puis les tigres mais cela ne fonctionne guère mieux. Il pense au mont Fuji et à la neige, vision rassurante de cerisiers, sa respiration ralentit. Enfin, le sommeil le rattrape et le double dans un tunnel.

jeudi 6 octobre 2022

Journapalm 1151

Dans l’avion qui l’emmène à Jambi, il révise ses tables de multiplication. Dis, papa, ils parlent quelle langue en Indonésie ? Le Sumatra. Ou à peu près. Trois millions d’habitants, ça en fait des quadrillages pour poser les tables. Le plus difficile ce sont celles de sept et de huit, il faut davantage de temps pour les retenir. Et pour les autres, papa ? Tu peux les jeter dans l’océan, de toute façon tout le monde possède un téléphone équipé d’une calculatrice.

mercredi 5 octobre 2022

Journapalm 1150

Au fond du métro se dissimule
l’escalier furtif
colimaçon couleur chou-fleur
celui que l’on prend comme
l’on prend congé
espérant ne pas revenir.

Là-bas c’est là-haut
drôle de courbure :
tu montes à rebours
des morceaux d’escalier
plein les gencives
des qui collent, des qui grincent.

Le dernier métro va partir
des marguerites dans les cheveux
une photo jaunie coincée
sous les rails
un bout de ta chaussure
dans le mur
comme chez Marcel.

Le conducteur rêve qu’il est
chez le dentiste
une toque verte à la manœuvre
l’escalier de secours
porte bien son nom
colimaçon pour ailleurs.

mardi 4 octobre 2022

Journapalm 1149

Il aimait sa façon de sourire, quand ses tâches de son éclataient à l’endroit où ses lèvres creusaient un v évasé. Il savait qu’elle avait eu de nombreux amants, il se doutait qu’elle avait déjà eu droit à tous les artifices et à tous les cadeaux habituels. Alors il décida de lui offrir un petit robot qui ne servait ni à jouer de la musique ni à battre les œufs en neige, juste un petit robot inutile trouvé dans une brocante, poussiéreux et détraqué. Un peu comme lui. Juste pour l’avertir.

lundi 3 octobre 2022

Journapalm 1148

Il a enfilé le seul costume qu’il possède. Il est un peu juste, il doit lutter pour attacher le bouton du bas et sa bedaine est compressée. Le col de sa chemise blanche lui serre la gorge, il pense à son enfance et au poème de Villon sur les pendus qu’il avait dû écrire dix fois par punition. Il n’a pas vraiment l’habitude des enterrements, il s’était même juré d’en éviter le plus possible. Mais il ne comprend pas par quelle sorcellerie ce matin, il doit se rendre au sien.

dimanche 2 octobre 2022

Journapalm 1147

Les légendes disaient qu’elle reviendrait au troisième jour de l’automne. Aussi chaque année les fidèles de toute obédience se massaient-ils le long des quais de la gare, vibrant d’espoir à chaque fois qu’on annonçait un train. Et puis lorsque le soir tombait, après des heures d’attente vaines, quelqu’un disait qu’elle ne viendrait plus, qu’il était trop tard. Alors on se donnait rendez-vous l’année prochaine et tous s’en retournaient chez eux, un peu tristes de retrouver leur quotidien après des heures à guetter un train fantôme.

samedi 1 octobre 2022

Journapalm 1146

Une vie rabougrie gaspillée dans les interstices. Voilà ce qui lui venait quand on l’interrogeait sur la façon dont il voyait son existence. Que reste-t-il après les explosions, la disparition des ours polaires, les ponts construits sous la mangrove pour enjamber les océans ? Personne n’avait la réponse. Personne ne comprenait ce que racontait le vieux bonhomme. Alors on le plaça dans une capsule en métal bien isolé, ronde comme un œuf de pâques que l’on hissa au sommet d’une fusée. Deux mille ans plus tard, sûrement qu’elle tourne encore quelque part, dans les interstices de l’univers.