mercredi 31 août 2022

Journapalm 1115

Quand elle lui a dit qu’il n’était pas capable d’écrire des histoires à dormir debout, il l’a prise au mot. Après une journée de travail, de ratures et de frustration, il lui a présenté un texte de trois pages, une nouvelle étrange et baroque. Sa lecture achevée, elle a hoché la tête sans rien dire puis elle s’est rappelée son rendez-vous. Mais elle n’est jamais parvenue jusque chez le dentiste pourtant à six cents mètres de chez elle. Elle s’est endormie entre un trottoir et l’autre, pendant qu’elle attendait pour traverser au passage protégé.

mardi 30 août 2022

Journapalm 1114

Elle peint ses journées en dégradés de gris, sur de grandes feuilles de papier Canson. Des boucles, des obliques, des rondes et des transversales, du gris clair au gris foncé, toute une variation de teintes qu’elle aperçoit en rêve. Du tarmac au trottoir, du béton à l’acier, le résultat de quarante ans vécus dans la même rue, à la même fenêtre, jusqu’à ne plus être capable d’imaginer un autre décor à son existence lorsque vient la nuit et les possibles. Même les reportages sur les prairies d’Irlande, elle les regarde sur son téléviseur noir et blanc.

lundi 29 août 2022

Journapalm 1113

D’un pas saccadé, elle traverse la ville dans sa robe de mariée. Ses escarpins à la main, elle fulmine et fume une cigarette entre deux excès de rage. Les gens l’observent sans rien dire, la lassitude de combats perdus d’avance, ils savent ce que cela coûte. Elle continue de marcher, ses pieds nus attaquent le trottoir dans une minuscule entreprise de destruction qui ne fera pas de prisonniers. Lorsqu’elle sera enfin chez elle et qu’elle aura remisé sa frustration et sa colère sur le vieux clou de l’entrée, elle pourra reprendre le cours de son existence.

dimanche 28 août 2022

Journapalm 1112

Sa chambre d’hôpital donne sur le bord du lac côté Nord. Elle en aperçoit juste un morceau, une rognure d’ongle derrière les immeubles et les grands hêtres touffus qui gonflent leur ramage dans la chaleur de fin de journée. Ce soir elle prendra son dernier repas et demain elle pourra rentrer chez elle. Le personnel hospitalier lui a promis qu’ils ne la feraient pas attendre trop longtemps. La mort a hoché la tête puis elle a préparé sa valise. Le plus difficile a été d’y ranger sa faux télescopique.

samedi 27 août 2022

Journapalm 1111

Ce sont trois notes de piano, le ressac de l’océan sur la grève et des nuages épais que griffent quelques mouettes muettes. Ce sont des bruits de conversation et des rires étrangers qui colmatent les orifices de son cœur quand le soleil tutoie l’horizontalité marine. La moustache postiche et les lunettes de soleil ne seront bientôt plus qu’un souvenir. Lorsque le Boeing aura décollé pour l’Europe, il n’aura plus à dissimuler son visage. Dans son portefeuille il garde une photographie écornée de la plage d’Étretat. Bientôt il pourra jouer au golf sur les falaises et regarder tomber la nuit.

vendredi 26 août 2022

Journapalm 1110

Il attend devant l’entrée de l’immeuble depuis plusieurs heures déjà. Pieds-nus, vêtu d’un pantalon noir d’étoffe légère évasé aux chevilles et d’un maillot de corps noir, il a le front ceint d’un bandeau rouge. Ses yeux sont dissimulés derrière d’épaisses lunettes de soleil. Il ne dit pas un mot et effectue des katas silencieux sous le soleil. Seule la chaine de son nunchaku émet un bruit régulier. Des piétons s’arrêtent pour regarder, certains sourient, d’autres se demandent où déposer une obole. Personne ne sait qu’il attend un homme qui travaille dans l’immeuble pour lui régler son compte.

jeudi 25 août 2022

Journapalm 1109

L’homme ne sait pas trop à quoi s’attendre, on lui a dit de ne pas fonder trop d’espoirs, beaucoup sont repartis d’ici le cœur rempli d’amertume. Il hausse les épaules et rétorque qu’il se passe déjà de sa mère depuis cinquante ans. Alors les photos sont projetées : des groupes massés dans la cour de la prison, puis des portraits en noir et blanc. Il demande à en revoir certaines mais à chaque fois c’est une fausse alerte. Et puis soudain son cœur a un dératé : visage ovale et regard transparent c’est elle, fidèle à ses souvenirs.

mercredi 24 août 2022

Journapalm 1108

Chaque dimanche matin c’est jour de marché. Sur l’avenue, la circulation est coupée et avant même le lever du soleil, les primeurs, le boucher, les fromagers installent leurs étals. Lorsque le jour se lève, les premiers clients arrivent, panier en osier sous le bras. Alors, dans le centre de rétention psychiatrique, l’un des pensionnaires vient se coller derrière la vitre à barreaux et regarde les gens aller et venir. L’air hagard, ébouriffé et le visage émacié, l’homme n’en perd pas une miette. Parfois il peut rester immobile ainsi plusieurs heures, avec seuls ses yeux bleus qui s’animent.

mardi 23 août 2022

Journapalm 1107

Entre un tunnel routier et le haut mur d’un casino entouré de son parc verdoyant, ils ont trouvé un petit espace. Il n’y a pourtant que trois mètres de sable, tout au plus, avant la mer. Ils sont certainement arrivés à l’aube, ils ont pris la seule place libre. Cernés par les langues de mer qui viennent lécher la minuscule plage autour d’eux, ils ont installé leurs fauteuils de plastique sous deux parasols, comme un défi jaune et bleu à l’érosion. Et pour quelques heures ils sont les rois du monde.

lundi 22 août 2022

Journapalm 1106

Ils regardent l’objectif et sourient. C’est une belle journée de printemps, le ciel est d’un bleu limpide, les collines vertes après les pluies abondantes des dernières semaines. Ce n’est pas un dimanche comme tous les autres. Le vieil homme est entouré de ses filles, il regarde le photographe d’un air placide dans son fauteuil roulant. Les filles rient, comme un défi au temps que la photographie va figer et que l’on regardera dans les prochaines années en se souvenant de cette journée. Quand, à leur tour, elles seront devenues de vieilles personnes.

dimanche 21 août 2022

Journapalm 1105

Le sommet de cette montagne ne semblait pourtant pas si haut. Par moments, elle a tremblé en enjambant le vide, ou en étendant son bras pour trouver une prise. Elle ne redoute pas l’escalade mais elle ne s’attendait pas à une ascension si périlleuse. C’est une petite montagne à côté des autres.
Maintenant qu’elle est arrivée, elle aperçoit tout là-bas la mer qui dessine une grosse virgule autour de la baie, les maisons minuscules éparpillées dans la verdure et les routes miniatures. Et elle ignore pourquoi ses problèmes lui semblent si grands dans un monde si insignifiant.

samedi 20 août 2022

Journapalm 1104

Il vivait depuis trente ans avec la présence rassurante de la foi qui décorait les murs de son appartement et de sa vie. Cela ne l’a pas empêché de perdre son épouse, ses deux fils et son boulot. Alors ce matin il a balancé par la fenêtre les crucifix, les images pieuses, les livres des évangiles… ça faisait un sacré raffut toute cette foi accumulée, en tombant sur le trottoir. Des passants étonnés ont levé la tête, certains ont manifesté leur indignation, d’autres ont souri. Et puis il a fini par descendre pour y mettre le feu.

vendredi 19 août 2022

Journapalm 1103

Après le goûter et le gâteau au chocolat, l’enfant assista au départ de ses camarades. En dix minutes son anniversaire se termina. Il retira son déguisement de tigre et le posa sur le haut du canapé, près de la fenêtre, en équilibre. Il ne calcula pas la chose, c’est un enfant, il le posa là comme il aurait pu le poser ailleurs. Il ne pouvait pas savoir que le facteur avait une peur bleue des félins et qu’en apercevant le tigre allongé sur le fauteuil derrière la fenêtre, il ferait une crise cardiaque.

jeudi 18 août 2022

Journapalm 1102

Juste après l’aurore, quand le ciel hésite encore sur la transparence de ses voilures, la plage est déserte. L’automne jette ses derniers filets de douceur mais doit refluer face aux assauts des frimas hivernaux. Emmitouflé dans un blouson trop grand pour lui, l’enfant se presse sur le sable encore humide de la nuit, un seau dans la main rempli de coquillages. Assis en haut d’une dune, son père impassible l’attend pour rentrer dans une maison qui n’est déjà plus vraiment la sienne. Et il se demande à quoi ressembleront bientôt ses aurores, si loin de la mer.

mercredi 17 août 2022

Journapalm 1101

Né dans une famille de boulistes, il n’avait pas d’autre choix que de te taquiner le cochonnet à son tour. Se révélant d’une adresse remarquable, dès huit ans, il était déjà champion de tir à longue distance. Sa gestuelle exceptionnelle faisait l’admiration de ses parents et de ses oncles : il enchainait les carreaux à chaque boule qu’il lançait. Se tournant vers les compétitions d’adresse, il remporta plusieurs titres nationaux. En grandissant, sa route a croisé celle d’une fille de braqueurs de banques. Leur fils tire au pistolet et s’apprête à faire trembler les polices de tout le continent.

mardi 16 août 2022

Journapalm 1100

La nuit tombe, les cumulus s’effilochent dans le ciel ocre. L’océan est calme, quelques vagues minuscules lèchent le sable, le reflux est doux. L’eau est encore bonne, un dernier baigneur en profite jusqu’au bout. Un enfant d’une dizaine d’années, seul dans l’eau, un visage un peu trop sérieux. Demain il rentrera avec ses parents, direction la ville, l’école, la vie sans parenthèses. Il est un peu triste, les vacances ont filé à toute vitesse, il voudrait retenir le temps, prolonger les crépuscules. Mais parce qu’il a hâte d’être grand, il se résout à sortir de l’eau et à partir.

lundi 15 août 2022

Journapalm 1099

Converti sur le tard, on lui parla de Jésus Christ, du poids et de l’ombre de sa croix. Alors au plus fort de l’été, désœuvré pendant la fermeture de l’usine, il chercha la croix. Il en trouva plusieurs, vertes et lumineuses. Satisfait, il se mit dans leur ombre mais rien. Il ne savait pas quoi attendre mais rien ne se produisit. Et puis dans l’ombre de la dernière, un homme hirsute et en loques, avachi au sol dans des cartons lui cria d’une voix éraillée par l’alcool et le tabac « Dégage de l’ombre ! J’étais là avant ! »

dimanche 14 août 2022

Journapalm 1098

La nuit, ses mugissements résonnent dans l’obscurité, comme des points de suspension qui séparent les espaces dévolus à la pluie. Adultes, enfants, vieillards, chiens errants : tous l’entendent à un instant ou l’autre, comme dans un songe éveillé et tous, chaque fois, serrent les dents pour ne pas crier ou ne pas pleurer trop fort. Mais toujours la pluie revient, douce et régulière comme une sonate de Beethoven au clair de lune. Et dans les interlignes créés par les meuglements qui s’interrompent, le sommeil redevient possible.

samedi 13 août 2022

Journapalm 1097

Son petit carnet rouge à la main, il marche d’un pas martial sur l’esplanade. Il s’arrête au pied de chaque platane et lève la tête d’un air concentré. Accroché au cou des pendus, une pancarte mentionne leurs noms et prénoms. Alors il les note les uns à la suite des autres sur son petit carnet rouge. Autrefois il était magasinier mais greffier de génocide c’est plus lucratif et puis c’est une métier d’avenir qu’il compte bien transmettre à son fils.

vendredi 12 août 2022

Journapalm 1096

Le vieil homme au pantalon ample voudrait jouer du violon mais ses gestes saccadés l’en empêchent, l’archet tape sur les cordes, cacophonie minuscule avant qu’il ne jette l’instrument de rage.
Les avions de chasse passent dans le ciel à basse altitude, tonnerre qui crispe la surface des choses. Et puis ils disparaissent eux aussi, comme tout le reste.
Alors elle s’endort sur un hamac tendu entre deux bouleaux. Autour d’elle, rien… rien qu’un bout de Seine qui dessine une virgule paresseuse dans la verdure normande.

jeudi 11 août 2022

Journapalm 1095

Il se perdit sans le vouloir. Un peu angoissé puis rassuré en apercevant les panneaux de l’Interstate 380 : les routes emmènent toujours quelque part. Aujourd’hui, ce quelque part se nommait Waterloo, Iowa.
Il y a de petites maisons individuelles en briques rouges sur des pelouses bien entretenues et des bannières étoilées sur le fronton. On y trouve un aéroport régional d’où l’on peut se perdre dans beaucoup d’ailleurs et de quelque part un peu partout à la surface du monde. Il eut le vertige en y pensant puis il se dit que ça valait le coup le vertige.

mercredi 10 août 2022

KaraKeZ : le soupir d'un chien qui accouche d'un chat en agonisant

Profitant de trois semaines de congés sous un ciel impitoyable rivalisant d'ingéniosité pour nous chauffer à point, fuyant les concentrations humaines des aéroports, des plages, des montagnes... bref en m'isolant parce qu'on n'a rien trouvé de mieux pour être peinard et pour écrire, j'ai terminé le premier jet de "KaraKeZ" sur lequel je planchais depuis fin mai. 206 pages manuscrites et plusieurs stylos Paper Mate Flair M tombés sous les balles de l'inspiration fluctuante. 

L'hiver dernier j'avais écrit un premier jet de 220 pages d'un autre roman sans plan ni ligne directrice, à l'emporte pièce... qui m'a claqué entre les mains comme un chien fou qui se serait pris une balle en traversant un terrain de guerre. Ainsi le deuxième jet ce ce projet restait inachevé après un peu plus de cent pages manuscrites. Une seule des idées de ce projet sera reprise dans ce nouveau roman, tout le reste (personnages, intrigue...) est nouveau. Fort de l'expérience malheureuse du chaos du projet "Mishimouraï" j'ai cette fois suivi à nouveau un plan certes plutôt lâche mais avec une structure minimale qui m'a permis de boucler un premier jet qui me semble assez intéressant pour bâtir dessus. On va donc s'y atteler maintenant en relisant tout ça à tête reposée, carnet de notes à la main pour préparer le deuxième jet...

Journapalm 1094

Casqué, le regard invisible derrière un écran teinté, revêtu d’une longue chasuble et d’un large pantalon ignifugés, l’homme allait pieds nus. De sa main gauche, il tirait un chariot qui contenait toute sa vie pêle-mêle : des couvertures, un matelas roulé, un sac rempli de céréales, un bidon de cinq litres contenant une eau déjà ancienne. Il traversait la ville au hasard des rues, la main droite crispée sur la crosse d’un revolver de marque Browning. Son laissez-passer pour le rêve d’une vie meilleure.

mardi 9 août 2022

Journapalm 1093

La patronne du bar est aussi la responsable de la soupe populaire. Chaque premier mercredi du mois, entre sept heures et midi, elle n’ouvre son établissement qu’aux sans-abri du quartier. Ils peuvent venir y prendre un repas, un café et tout ce qui ne ressemble pas à de l’alcool. Un peu de réconfort dans un hiver plus froid que les autres. Pourtant, certains préfèrent se faire porter pâle et passer la matinée à errer dans les couloirs du métro pour récupérer quelques pièces supplémentaires pour s’acheter une bouteille au supermarché du coin. Ils tiennent à leur liberté de consommation.

lundi 8 août 2022

Journapalm 1092

Elle est partie à bicyclette à l’enterrement de Paul Verlaine. Comme on avait annoncé de la pluie, elle a mis un ciré jaune.
Au petit déjeuner elle a pris un peu de café noir, sans rien d’autre, encore barbouillée de la veille. Tout en sirotant le moka brûlant, elle a lu un passage des Cantos de Pound : Comme une fourmi solitaire hors de sa fourmilière détruite ; exactement son état d’esprit ce matin.
Savait-elle quelque chose de gai ? lui a-t-on demandé à l’église Saint-Etienne-du-Mont. Mais le prêtre a dit qu’elle arrivait cent-vingt-six ans trop tard.

dimanche 7 août 2022

Journapalm 1091

Le cardiologue lui a demandé de ralentir sa consommation de tabac. Son épouse lui a fait remarquer qu’il prenait du ventre. Son patron lui a reproché de ne plus croire en rien. Aussi un dimanche matin de juillet, il a pris le départ de sa nouvelle vie : il n’est pas entré dans le bar tabac pour y acheter son paquet quotidien. Il a souffert mais il a réussi à courir huit kilomètres. Puis il est allé à la messe. Alors il a réalisé que vivre pour les autres représentait tout de même un sommet d'emmerdements.

samedi 6 août 2022

Journapalm 1090

La voiture familiale se gara sous un chêne qui bordait le sentier, pour limiter la température dans l’habitacle lorsqu’ils reviendraient de leur randonnée. Mais à peine se mirent-ils mis en marche qu’ils furent pris dans une fusillade. Un règlement de compte en pleine forêt, un coup de déveine majuscule.
Les enfants furent les seuls survivants. En grandissant ils ont pris soin d’habiter en plein centre-ville et de ne jamais s’aventurer dans les zones de faible densité recouvertes de végétation. Ils ne se risquent jamais dans les parcs publics, préférant le bon vieux béton des voies sur berge.

vendredi 5 août 2022

Journapalm 1089

Elle a disparu pendant le feu d’artifice tiré sur le lac, entre une jolie jaune et une belle bleue. De toute façon ça devait arriver, a déclaré son père, elle ne supportait que le rouge mais l’artificier en chef étant un rescapé des camps de rééducation Stalinien, il abhorrait le rouge. Elle doit s’être réfugiée dans un bar où elle s’enfile des verres de blanc sur un comptoir vermoulu.

jeudi 4 août 2022

Journapalm 1088

Après avoir descendu l’escalator, la femme à la perruque rose surmontée d’un Stetson à larges bords a chaussé ses lunettes de soleil. L’étiquette du prix toujours accrochée à l’une des branches tombait sur sa tempe en disant 18,50 euros. Elle a ensuite traversé la rue et s’est engagée sur la plage de sable fin. Un touriste japonais, Nikon en bandoulière, lui a demandé s’il pouvait la prendre en photo. I would prefer not to, a-t-elle répondu. Continuant de marcher, elle a pénétré dans l’eau et disparu sous le niveau de la mer comme on descend à la cave.

mercredi 3 août 2022

Journapalm 1087

Quand il avait dix ans, il pensait que faire écouter de la musique au steak haché de son hamburger avant de le manger pourrait l’attendrir. Alors à deux reprises, il colla le casque de son baladeur sur le steak haché en position verticale pendant quelques minutes.
Quand à vingt-cinq ans il se mit à agresser sexuellement des gens dans la rue et que les victimes expliquèrent aux flics qu’il leur faisait écouter de la musique pendant quelques minutes avant l’agression, on n’eut aucune difficulté à l’identifier.

mardi 2 août 2022

Journapalm 1086

L’été file sa toile habituelle sous des latitudes où le jour ne se finit jamais.
Aux terrasses des cafés, les hommes cherchent ce qu’il reste d’humanité. Ils éclusent de généreuses chopes de bière blonde en rêvant de grandes brunes aux yeux arctique et à la peau claire.
Sous leurs chaises, allongés en étoile de mer sur les pavés disjoints remplis de mousse, leurs chiens écrasés de chaleur cherchent la compagnie. Ils rêvent de grandes fontaines et espèrent que leurs maitres avinés ne partiront pas sans eux.

lundi 1 août 2022

Journapalm 1085

Avachi sur son siège, le dos entortillé, le cou plié, les yeux à quelques centimètres des touches, sa main gauche comme une tarentule tenant en respect sa main droite, il évoque un arbre carbonisé d’avoir trop pris la foudre. Dans le silence de la salle, il règne une atmosphère de fin des temps. Alors Glenn Gould commence à jouer les premières notes de l’Aria des variations Goldberg et toutes les fleurs du monde éclosent en même temps.