vendredi 31 janvier 2025

Journapalm 1992

C’est l’hiver, surtout, qu’elle y pense, quand la nuit fait briller les trottoirs humides et les cicatrices sur le front, quand à plus d’heure elle retire enfin ses talons, entre dans la cabine de douche, les halos violacés sur ses côtes, les douleurs comme un caméléon tour de Babel. Quand l’eau rebondit sur ses épaules lasses et qu’elle ferme les yeux pour imaginer… Le ciel bleu, les nuages blancs, la terre poussière à perte de vue, les collines arides et la route comme un serpent rédempteur.

jeudi 30 janvier 2025

Journapalm 1991

La route finira par descendre, se dit le coureur qui entend l’écho de ses pas dans le sous bois. Ce n’est qu’une question de temps, pense t-il. La fatigue dérègle les sentiments et la façon dont ceux-ci se manifestent. Hier soir, quand la lune s’est montrée, il a observé son reflet pâle qui faisait scintiller les branches des pins . Des pins Douglas, a t-il entendu quelqu’un préciser. Des témoins invisibles de sa course qui n’en finit pas, une révolution terrestre à très bas bruit. Douglas comme la ville ? Trop tard, il n’y a déjà plus personne.

mercredi 29 janvier 2025

Journapalm 1990

Né parmi une fratrie de rats punks qui ne croyaient donc en rien, le dénommé Kris chercha à s’émanciper par la culture. Son père, rat bedonnant, alcoolique et syphilitique le frappa en lui criant de ne pas se prendre pour un transfuge de classe. Mais je veux juste apprendre la littérature, pleurnicha Kris. Pas question, lui répondit son père, la littérature d’égout, y’en a plein les jurés et les palmarès des prix littéraires !

mardi 28 janvier 2025

Journapalm 1989

Tu es tombée très exactement deux ans après sa dernière chute. Deux ans qui séparent deux visites aux urgences. Sept cent trente nuits séparent ces deux chutes et moi, au milieu, à regarder la neige qui tombe, qui blanchit la route et mes tempes. Rien ne peut contrer les lois de la gravité et l’immortalité n’est pas encore pour demain. Alors reprends un peu de confiture de perle et oublie l’arithmétique du vide.

lundi 27 janvier 2025

Journapalm 1988

C’était un singe savant qui pouvait siffler du Beethoven tout en pédalant sur un tricycle jaune en plein orage, au milieu de Times Square. Qu’une météorite de la taille d’une balle de tennis ait choisi son crâne pour se fracasser sur Terre fut un grand malheur pour son maître, un saxophoniste sourd, ambidextre et hermaphrodite. Le cirque inclusif qui devait employer le duo a aussitôt rompu les négociations contractuelles.

dimanche 26 janvier 2025

Journapalm 1987

Un dromadaire vient de débarquer dans la salle de réception, un nœud papillon en papier crépon autour du cou. Le caporal empeste le gin frelaté mais son œil torve s’anime quand il aperçoit la bestiole. S’appuyant sur les murs, il approche à la façon d’un accident de la route puis il tombe à genoux devant le dromadaire. Et il éclate en sanglots : Papa ! Tu es enfin revenu !

samedi 25 janvier 2025

Journapalm 1986

Lorsqu’elle est entrée dans la cuisine, l’ampoule au plafond grésillait et la lumière était d’un jaune pisseux. Son visage a hissé les couleurs du haut-le-coeur et elle a allumé une cigarette avec une grimace puis elle s’est préparé un café. Elle a dit avoir vu une Buick en équilibre sur un mur de bidons d’essence au crépuscule. Comment tu sais que c’était une Buick ? Elle a haussé les sourcils : c’était marqué dessus, espèce de nouille plate !

vendredi 24 janvier 2025

Journapalm 1985

En 1980 quelque chose, Roberto Bé cherche des lunettes chez un opticien des Ramblas. Un modèle bon marché : il a tout sacrifié à la poésie, toute la poésie possible et même l’impossible. L’apocryphe ça ne rapporte guère. Bientôt il se convertira à la fiction mais pour l’heure, il n’a pas les moyens, alors il ressort en fronçant les yeux pour se repérer jusqu’à un bar où il commande une bière en rêvant des jours où il pourra voir ce qu’il écrira, et tant pis s’il y perd de son âme au passage.

jeudi 23 janvier 2025

Journapalm 1984

Dans un compartiment de seconde classe du Katmandou Express, elle a rencontré un homme-chien à chapeau haut de forme. Il disait être issu d’une grande famille d’hommes-chiens savants qui se produisaient devant la cour de l’Empereur afin de distraire celle-ci.
Mais la cour a été démantelée par les rebelles Huns et depuis, il doit voyager incognito. Elle compatit mais parce qu’elle est carnivore et affamée, elle fait de l’homme-chien un très convaincant casse-croûte pour son quatre heures.

mercredi 22 janvier 2025

Journapalm 1983

Il y a cet homme qui se tient debout, près de la clôture, un chapeau haut-de-forme sur la tête, son corps avalé dans une gabardine sombre. Les pavés sont humides et son pantalon trop long traîne dans le caniveau. Enfant, nous construisions des barques éphémères avec une feuille de laurier rose et une brindille puis nous les jetions dans ce caniveau. Aujourd’hui tu es revenu regarder au-delà de la clôture, au cas où le corbeau se serait envolé. Mais les corbeaux sont patients, bien davantage que les feuilles de laurier qui se noient au printemps.

mardi 21 janvier 2025

Journapalm 1982

Pour effacer les traces de pluie sur la vitre, tu as pioché un pavé de Bolaño. Il restait des miettes de pain sur la table, la preuve d’une présence d’autrefois. Tu ne lis plus de science fiction, il suffit d’ouvrir les yeux et la porte : la folie est là, toute ramassée sur le seuil. Et le soir, il y a son corps scoliosé, de l’autre côté du lit. Alors tu pioches un livre de Bolaño un peu plus fin que les autres, juste pour te mettre du mauve dans la tête et dormir un peu.

lundi 20 janvier 2025

Régiment Dino est déployé...

Après avoir reçu le bon à tirer et procédé à une ultime relecture ainsi qu'à de nouvelles corrections, Régiment Dino et autres fantômes est disponible à la lecture (et à la vente hélas, aussi, j'aimerais proposer quelque chose de gratuit mais c'est difficile).
Il s'agit de cinq nouvelles que j'ai écrites en 2024, les deux dernières, les plus longues, celles qui terminent ce recueil, l'ont été à la fin de l'année. 
Donc, de quoi parlent ces nouvelles ? 

"Un plat servi froid" parle d'une DRH qui casse sa pipe et qui revient hanter son passé, sa famille et ses anciens collègues de travail. 
 
"Gaudi à Malataverne" se déroule entre les contreforts de la Montagne Noire et Barcelone, où un père se lance à la poursuite d'un fantôme parti trop tôt. 
 
"597, cinquième avenue" a pour décor Manhattan et Brooklyn et un journaliste un peu perché qui se retrouve mêlé à un évènement historique au milieu d'un reportage. 
 
"L'exil du caporal" se déroule dans le monde imaginaire de "Résine de l'exil", roman publié en août dernier. On y suit un soldat de retour du front qui cherche à se reconstruire. 
 
"Régiment Dino" a pour toile de fond un mécanicien qui s'absente une semaine de son quotidien pour accompagner son père octogénaire sur les lieux de sa jeunesse heureuse.  

Voici le lien pour accéder à la fiche sur Amazon.

Journapalm 1981

Dans la famille Legras, on est peintre en bâtiment de père en fils. Aussi, lorsque le petit Maxime Legras décide, à l’âge de huit ans que plus tard, il sera agent immobilier, son père abandonne le foyer et part effectuer le tour du monde à la marche. Dans un village du Mexique, les peintres en bâtiment qui repeignent la façade de la mairie font tomber un pot de douze kilos de peinture rose juste au moment où le père de Maxime Legras passe à l’aplomb de l’échafaudage. Il meut sur le coup. La tradition familiale s’arrête pour de bon.

dimanche 19 janvier 2025

Journapalm 1980

Trophée Jules Verne, Vendée Globe, Sydney Hobart… Aymeric H rêvait de devenir lui aussi un jour un navigateur qui s’illustrerait dans l’une de ces courses à la voile. Mais les places étaient chères et il manquait de moyens financiers. Il prit en otage la fille d’un riche armateur grec lors de vacances à Santorin et réclama deux cents millions d’euros. Mais le père ne le paya pas, soulagé d’être enfin débarrassé de son chameau de fille. Depuis, il doit emmener la fille chameau en croisière qui le menace de le dénoncer aux flics s’il ne consent pas à ses caprices.

samedi 18 janvier 2025

Journapalm 1979

Ce n’était pas tout à fait les années 80 mais plus vraiment les années 70. Le choc pétrolier et l’impôt sécheresse étaient derrière les Français, on fonçait plein pot vers la nouvelle décennie, décomplexés et sans loi pour empêcher de fumer ou de promouvoir les marques d’alcool. Dans sa chambre d’hôtel minuscule de Tokyo, Richard Brautigan rêvait de femmes japonaises et de livres qui se terminent par le mot mayonnaise. Tout le monde n’a pas eu la chance d’être un beatnik né dans les années 30.

vendredi 17 janvier 2025

Journapalm 1978

Joan Hachette pensait être un descendant des éditions Hachette fondées par Jean en 1826. Les avocats de l’éditeur lui firent passer le goût de la généalogie. Il s’essaya à l’écriture et envoya les torchons qu’il pondait aux différents éditeurs travaillant pour Hachette sans jamais recevoir de réponse. En désespoir de cause, comme il portait les mêmes initiales que Jim Harrison, il se creva un œil mais cela ne l’aida pas à devenir quelqu’un. Il mourut sous la lame d’un dénommé Jean Machette, un psychopathe qui ne supportait pas les patronymes trop similaires au sien.

jeudi 16 janvier 2025

Journapalm 1977

Parce qu’il s’appelait Mendeleïev, Charles pensait qu’il était un descendant du célèbre chimiste russe qui donna son nom au tableau périodique des éléments.
Cent cinquante ans après la publication de celui-ci, Charles Mendeleïev alors en plein confinement annonça sur les réseaux avoir apprivoisé son cent-dix-huitième chien sauvage.
Le lendemain, perclus de honte, il réalisa qu’il s’était trompé et qu’il n’avait apprivoisé que cent deux chiens. Déshonoré, il s’ouvrit les entrailles avec un sabre : Charles Mendeleïev avait du sang japonais et non russe.

mercredi 15 janvier 2025

Journapalm 1976

Elle se sentait épiée depuis qu’elle avait quitté l’école de peinture d’Antonio, un madrilène qui se prenait pour Errol Flynn malgré ses jambes arquées et sa bedaine. Elle n’aimait pas la façon condescendante avec laquelle il considérait ses esquisses.
Un soir où elle pensait qu’il la faisait suivre, elle se mit à courir pour attraper le métro mais elle perdit l’équilibre et tomba sur les voies au moment où celui-ci arrivait à pleine vitesse. Devant les photos de son corps façon tableau de Bacon, Antonio confessa qu’elle avait signé là sa plus belle œuvre.

mardi 14 janvier 2025

Journapalm 1975

Pendant son enfance, Roger C vécut près de sa mère, femme moderne gagnant sa vie comme serveuse dans un restaurant routier de Sologne. Il vit les hommes traverser la vie de sa mère comme le gibier traversait la route devant le restaurant.
Devenu adulte, Roger C devint funambule et se mit à traverser des canyons et des gorges sur un câble tendu dans le vide. Lorsqu’il mourut, sa veuve publia sa biographie sous le titre « La grande traversée ».

lundi 13 janvier 2025

Journapalm 1974

Il était chétif et souffrait de malformation faciale qui le faisait ressembler à un tableau de Bacon. Les autres enfants s’en donnaient à coeur joie et le moquaient à chaque récréation. Ils ont joué à un, deux, trois, soleil, on lui a demandé de compter jusqu’à l’infini.
Cinquante ans plus tard, toujours appuyé contre le mur, il s’est fusionné à la matière et il est devenu un supercalculateur qui se nourrit d’eau de pluie et de soleil. D’ici quinze ans, il deviendra la première IA photosynthétique.

dimanche 12 janvier 2025

Journapalm 1973

Collines sombres derrière les rideaux
les nuages sont des bandits de grand chemin
pommelés de bourgeons et d’ouragans en léthargie.

Ici autrefois des cavernes : schistes arbousiers emmêlés
l’homme chien assis à l’aube les éclats du feu
dessinent un continent sous ses yeux.

L’oeil du cyclone en paratonnerre consommation basse
énergie des éoliennes dans la tête et l’homme loup dodeline
de la renonciation plein le coeur.

samedi 11 janvier 2025

Journapalm 1972

Ursule Drop aimait les séries de science-fiction et les voitures au design futuriste. Né à Arpajon-sur-Cère, il n’en partit jamais et fut marié à l’âge de vingt ans à Nadine, la fille de l’épicier.
Nadine aimait les séries allemandes des années soixante-dix et les yéyés. Elle refusait à Ursule la fellation et le changement des tapisseries à fleurs de l’appartement.
Après l’avoir égorgée avec l’opinel reçu pour sa communion privée, Ursule enveloppa le corps de Nadine dans la toile cirée de la table en formica puis il la jeta dans le coffre de la Renault Fuego qu’il incendia.

vendredi 10 janvier 2025

Journapalm 1971

Depuis toujours, Christophe Cuit conjure le sort et se régale de manger cru.
Un jour de printemps où sa fiancée lui propose de découvrir la corrida, il revêt un costume élégant et se parfume les aisselles avec un déodorant de qualité. Il suit sa promise jusqu’au premier rang, juste au-dessus du callejón.
L’entrée du sculptural Bambino, 553 kilogrammes de brute Miura déclenche chez lui une épiphanie. Sautant dans l’arène, il court vers le taureau pour planter ses dents dans ses flancs. Bambino se retourne et le coince entre ses cornes. Christophe Cuit n’a jamais aussi bien porté son nom.

jeudi 9 janvier 2025

Journapalm 1970

Expert en bâtiment depuis trente ans, Jérôme Poing jouit d’un carnet d’adresses à faire pâlir un diplomate suisse. Sous sa direction, plus de trois cents bâtiments privés et publics ont été construits ou réhabilités.
Le soir du réveillon du nouvel an, sa Ford croise la route d’une Porsche Panamera conduite par un avocat à deux grammes d’alcool dans le sang. Jérôme Poing meurt sur le coup. Dans les minutes qui suivent, trois cents bâtiments s’effondrent dans la nuit du 1 er janvier.

mercredi 8 janvier 2025

Journapalm 1969

New York Nebraska New Jersey
des points cardinaux sur une carte éphémère
tracée sur la vitre embuée d’un train.

Il arrivera dans une gare
d’ombres et de silhouettes évanescentes
un jour ou bien une nuit, qui sait.

L’Amérique du nord est grecque
quand ça lui chante personne ne se plaint
surtout quand c’est pour creuser sa tombe.

New York Nebraska New Jersey
tu peux retourner le pot dans tous les sens
aucune olive n’en descend, entropie athénienne.

Sur le trottoir où les rongeurs lapent l’eau croupie
il ne reste que les noyaux qui dessinent
des souvenirs en points de suspension.

mardi 7 janvier 2025

Journapalm 1968

Flaques de temps épars
rassemblées sous le lampadaire
la nuit est une louve
qui traverse la ville nue
armée d’une malédiction.

Au coeur de la brume
celle qui mâche l’espace
celle qui croque le temps
les yeux jaunes en-dessous
piégeuse d’enfants purs.

On les retrouvera ou pas
peut-être un soir d’équinoxe
accrochés par les pieds
tête bêche dans une galerie
parmi les os et les bougies.

lundi 6 janvier 2025

Experience de publication imminente

Il n'y aura, à priori, pas de nouveau roman cette année... Sauf si je suis viré et que j'ai plus de temps pour écrire. Mais depuis Marie-Antoinette, on sait que lorsqu'on n'a pas de pain, on peut se rabattre sur la brioche. Et aussi que faute de grives, on mange des merles. Bref, faute de roman en 2025, pourquoi pas un recueil de nouvelles ? 


Régiment Dino & autres fantômes est un recueil de nouvelles qui devrait voir le jour d'ici la fin du mois de janvier. Y seront présentes cinq nouvelles que j'ai écrites en 2024, entre les relectures de Résine de l'exil, le roman publié en août dernier, après 18 mois d'efforts.  Il y sera question de fantômes mais pas que. De la mémoire aussi, des collègues transparents, des maris volages, du temps qui passe, des amis perdus de vue et des souvenirs d'enfance. 

Journapalm 1967

Vingt ans durant, il l’avait supportée, nuit après nuit, elle ronflait si fort que le matin, les cheveux hirsutes et les yeux cernés, il regardait sous le lit s’il ne trouvait pas de la sciure. Mais il finit par la quitter, la privation de sommeil étant trop difficile à supporter. Cela ne la décida pas de se faire opérer par un spécialiste. En revanche elle se mit à la colle avec un menuisier.

dimanche 5 janvier 2025

Journapalm 1966

Du côté d’Arles ce printemps-là, il a vu des sales types lui rayer la voiture et d’autres types courir derrière un taureau qui leur avait échappé. La bête puissante à la robe de jais galopait sur la chaussée et ses sabots claquaient sur le goudron. Soudain l’animal a bifurqué avant de sauter dans le Rhône. On l’a retrouvé deux jours plus tard en mer, debout sur le toit d’une voiture disparue en Arles au même moment.

samedi 4 janvier 2025

Journapalm 1965

Ce vieil homme penché sur un bureau d’écolier a commencé à rédiger ce livre le 16 septembre 1966. Il avait alors vingt ans et tous ses amis n’aspiraient qu’à faire la fête, à plonger dans des rivières et à rouler vite à moto. Beaucoup sont morts ou ont disparu. Lui n’a pas bougé de là, continuant d’écrire un livre qui occupe à présent plusieurs étagères de feuilles manuscrites numérotées. Bientôt soixante ans qu’il ne fait rien d’autre mais quand on l’interroge, il répond qu’il n’a écrit que la moitié de l’histoire.

vendredi 3 janvier 2025

Journapalm 1964

Quand elle a su que Oussama Ben Laden revendiquait l’attentat du 11 septembre, elle a égorgé son lévrier afghan en criant « Chien d’infidèle ! »
Les voisins l’ont dénoncée aux autorités et elle a été condamnée pour maltraitance animale. Son avocat a voulu porter l’affaire devant le tribunal international du terrorisme mais celui-ci était présidé par un grand amateur de chats égyptiens. Il s’est abstenu.

jeudi 2 janvier 2025

Journapalm 1963

Cette Ferrari Dino ne ressemble pas aux autres productions de la célèbre marque au cheval cabré. C’est à cause de la couleur de sa carrosserie, d’un vert anglais qui s’accorde très bien avec le crachin normand.
Les clients du PMU boivent leur ballon de rouge en jetant des regards étonnés par la fenêtre : ils n’ont pas entendu dire qu’on tournait un film dans le coin. Personne ne sait que Gérard, le patron des pompes funèbres du village a gagné au quinté.

mercredi 1 janvier 2025

Journapalm 1962

Chaque fois qu’elle aperçoit les traces de condensation dans le sillage des avions, elle pense à la Terre comme une balle de tennis qui serait trop longtemps restée immergée dans un bassin d’eau de rétention.
Elle se souvient de ce jardin désorganisé, rempli de branches, de feuilles et de chaos dans lequel elle aimait se perdre des après-midi entières en jetant des petits cailloux blancs au fond du bassin. En imaginant qu’il s’agissait de minuscules avions zébrant le ciel d’en dessous.