Dans un article précédent, nous nous sommes remis en tête les trois points de vue classiques du récit. Cela semble simple : externe, interne ou omniscient. Quand on y pense deux minutes, ces mots suffisent pour que l'on comprenne à quoi nous avons affaire dans chaque cas. Mais les choses changent, et pour tout dire, se complexifient dès lors que l'on prend la plume, le stylo, le crayon, le feutre ou - bien entendu - le clavier.
L'alternance dans la focalisation interne
En matière d'écriture, j'ai tendance à penser qu'il n'y a pas de règle figée dans le marbre. Au contraire même, vouloir suivre des règles me semble être la meilleure façon de produire un texte transparent sans ton ni voix. Toutefois, il y a tout de même des choses qu'il convient de respecter pour s'assurer de produire un texte un minimum lisible. On peut tout à fait changer de point de vue au cours d'un récit. Les exemples sont d'ailleurs nombreux où le point de vue interne change d'un personnage à l'autre entre le début et la fin d'un roman. L’emboîtement de ces récits est une technique ultra répandue. On parle de focalisation interne variable (à contrario de la focalisation interne fixe qui ne s'attache qu'à un seul personnage).
Se mettre d'accord avec soi-même dès le début
Lorsque j'ai commencé à travailler sur le script de "Brûler à Black Rock" fin 2014, j'ai eu tendance à m'enflammer. Six personnages majeurs d'égale importance, des récits enchâssés entre l'Australie, la France, le Colorado et New York, des intrigues qui se croisent, soixante chapitres prévus et un projet de près de 2 millions de signes à vue d’œil... Un projet très (trop!) ambitieux pour l'amateur que je suis; d'autant plus pour un retour en écriture après une interruption de six ans dans le récit long.
Il était prévu que je fasse la part belle à l'alternance des récits et des personnages, au travers d'une focalisation interne variable. Dans les règles de l'art - ou presque ! Mais après avoir commencé à rédiger le premier jet et une dizaine de chapitres, je me suis rendu compte que j'allais dans le mur. Projet trop riche, trop complexe, trop ample pour moi. J'ai décidé de tailler dans le gras et de réduire en retirant trois personnages principaux, deux personnages secondaires et petit à petit en passant d'un plan de 60 chapitres à un plan de 40 chapitres (puis, six mois plus tard, de 30 chapitres en réduisant encore).
L'omniscient doit garder la tête froide
Je suis donc reparti à l'attaque en recommençant un premier jet (deuxième version) tenant compte de cette réduction du périmètre. Mais je n'ai pas été suffisamment clair envers moi-même dans le choix du point de vue que je souhaitais adopter pour mon récit. Le point de vue interne a glissé rapidement vers le point de vue omniscient. Sans vraiment que je ne m'en rende compte et peut-être parce que j'avais besoin de m'impliquer dans ce récit (cela faisait six ans que je n'avais plus écrit du long, ça fait un bail).
Là où j'aurais dû revoir la copie, j'ai continué en me rendant compte qu'il y avait un malaise dans le ton adopté. L'omniscience en temps que tel, c'est un point de vue qui se défend. J'en ai beaucoup abusé il y a quinze ans, dix ans encore, mais j'en suis revenu. Le lecteur est trop accompagné, c'est un de mes défauts, je dois m'en défaire. Mais lorsqu'en plus l'omniscience cherche à faire de la focalisation interne entre deux paragraphes, on a tendance à ne plus savoir qui cause. Bon, je suis peut être un peu dur envers mon manuscrit mais c'est son plus gros défaut, à mes yeux. Dans un même chapitre, on alterne entre trois personnages, parfois même plus. Au risque de perdre l'unité et le lecteur. Alors oui, je sais, ce n'est pas très vendeur de dire ça avant la publication. Certains bêta-lecteurs n'en ont pas paru gênés pour autant, mais moi ça me chagrine. Lecteur... Toi, oui, toi... Lorsque tu liras "Brûler à Black Rock", tu te feras ton idée et tu pourras me dire ce que tu en penses. Parce que je ne vais pas tout réécrire, c'est au-dessus de mes forces, je le concède bien volontiers.
Le bouquin n'est pas à jeter à la poubelle pour autant. Enfin, je pense. Et je l'espère. Si j'envoie mon manuscrit chez un éditeur, je n'aurais pas de réponse. Et si, dans un cas sur 100 000 (à peu près) j'obtiens quand même une réponse, il me dira qu'il faut revoir ma copie notamment sur ce point. Entre autres choses. Mais je n'enverrai pas mon manuscrit chez un éditeur. Je n'en ai pas le temps, j'ai trop d'histoires à écrire pour jouer au loto. Et notamment un nouveau roman en point de vue interne. JE ou IL ? je n'en sais rien, chaque chose en son temps...
En matière d'écriture, j'ai tendance à penser qu'il n'y a pas de règle figée dans le marbre. Au contraire même, vouloir suivre des règles me semble être la meilleure façon de produire un texte transparent sans ton ni voix. Toutefois, il y a tout de même des choses qu'il convient de respecter pour s'assurer de produire un texte un minimum lisible. On peut tout à fait changer de point de vue au cours d'un récit. Les exemples sont d'ailleurs nombreux où le point de vue interne change d'un personnage à l'autre entre le début et la fin d'un roman. L’emboîtement de ces récits est une technique ultra répandue. On parle de focalisation interne variable (à contrario de la focalisation interne fixe qui ne s'attache qu'à un seul personnage).
Se mettre d'accord avec soi-même dès le début
Lorsque j'ai commencé à travailler sur le script de "Brûler à Black Rock" fin 2014, j'ai eu tendance à m'enflammer. Six personnages majeurs d'égale importance, des récits enchâssés entre l'Australie, la France, le Colorado et New York, des intrigues qui se croisent, soixante chapitres prévus et un projet de près de 2 millions de signes à vue d’œil... Un projet très (trop!) ambitieux pour l'amateur que je suis; d'autant plus pour un retour en écriture après une interruption de six ans dans le récit long.
Il était prévu que je fasse la part belle à l'alternance des récits et des personnages, au travers d'une focalisation interne variable. Dans les règles de l'art - ou presque ! Mais après avoir commencé à rédiger le premier jet et une dizaine de chapitres, je me suis rendu compte que j'allais dans le mur. Projet trop riche, trop complexe, trop ample pour moi. J'ai décidé de tailler dans le gras et de réduire en retirant trois personnages principaux, deux personnages secondaires et petit à petit en passant d'un plan de 60 chapitres à un plan de 40 chapitres (puis, six mois plus tard, de 30 chapitres en réduisant encore).
L'omniscient doit garder la tête froide
Je suis donc reparti à l'attaque en recommençant un premier jet (deuxième version) tenant compte de cette réduction du périmètre. Mais je n'ai pas été suffisamment clair envers moi-même dans le choix du point de vue que je souhaitais adopter pour mon récit. Le point de vue interne a glissé rapidement vers le point de vue omniscient. Sans vraiment que je ne m'en rende compte et peut-être parce que j'avais besoin de m'impliquer dans ce récit (cela faisait six ans que je n'avais plus écrit du long, ça fait un bail).
Là où j'aurais dû revoir la copie, j'ai continué en me rendant compte qu'il y avait un malaise dans le ton adopté. L'omniscience en temps que tel, c'est un point de vue qui se défend. J'en ai beaucoup abusé il y a quinze ans, dix ans encore, mais j'en suis revenu. Le lecteur est trop accompagné, c'est un de mes défauts, je dois m'en défaire. Mais lorsqu'en plus l'omniscience cherche à faire de la focalisation interne entre deux paragraphes, on a tendance à ne plus savoir qui cause. Bon, je suis peut être un peu dur envers mon manuscrit mais c'est son plus gros défaut, à mes yeux. Dans un même chapitre, on alterne entre trois personnages, parfois même plus. Au risque de perdre l'unité et le lecteur. Alors oui, je sais, ce n'est pas très vendeur de dire ça avant la publication. Certains bêta-lecteurs n'en ont pas paru gênés pour autant, mais moi ça me chagrine. Lecteur... Toi, oui, toi... Lorsque tu liras "Brûler à Black Rock", tu te feras ton idée et tu pourras me dire ce que tu en penses. Parce que je ne vais pas tout réécrire, c'est au-dessus de mes forces, je le concède bien volontiers.
Le bouquin n'est pas à jeter à la poubelle pour autant. Enfin, je pense. Et je l'espère. Si j'envoie mon manuscrit chez un éditeur, je n'aurais pas de réponse. Et si, dans un cas sur 100 000 (à peu près) j'obtiens quand même une réponse, il me dira qu'il faut revoir ma copie notamment sur ce point. Entre autres choses. Mais je n'enverrai pas mon manuscrit chez un éditeur. Je n'en ai pas le temps, j'ai trop d'histoires à écrire pour jouer au loto. Et notamment un nouveau roman en point de vue interne. JE ou IL ? je n'en sais rien, chaque chose en son temps...
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