J'ai un faible pour Dany. Non, pas celui éructant et vociférant, rouge à l'intérieur et vert à l'extérieur qui disait à la télévision qu'il aimait caresser les enfants. Je parle d'un autre Dany, bien plus fréquentable. C'est bien sûr de Dany Laferrière que je veux causer, celui qui est devenu immortel depuis 2013, excusez du peu. Cet écrivain né en Haïti en 1953 a été contraint de s'exiler au Canada pour échapper à la dictature de Jean-Claude Duvalier, dit "Baby Doc" qui poursuivait l'oeuvre anti-démocratique de feu son père, "Papa Doc". Comme la plupart des auteurs contraints à quitter le pays natal, l'oeuvre de Dany Laferrière est parcourue par une douce mélancolie à l'évocation de ce paradis perdu. Mais Laferrière ne verse jamais dans la tristesse, sa plume est alerte et joyeuse, à l'image de ce grand rire caverneux qui le caractérise lorsque l'on écoute l'une de ses nombreuses interviews sur le net.
J'ai découvert Dany Laferrière à l'époque des éditions du Serpent à Plumes et depuis il fait partie de ce cercle d'auteurs dont je prends plaisir à parcourir l'oeuvre lentement, sans me précipiter à tout lire d'une traite. Il faut déguster.
Au menu aujourd'hui : "Je suis un écrivain japonais", roman écrit en 2008 dans lequel le narrateur raconte toutes les péripéties qui lui tombent dessus dès lors qu'il annonce le titre du prochain roman qu'il compte écrire et qui est : "Je suis un écrivain japonais".
L'un des thèmes centraux de ce livre est l'identité, sujet cher à l'auteur et qu'il explore ici à travers les conceptions identitaires croisées des japonais, des européens, et des américains... de la Grande Amérique (comprendre : Amérique du Nord et Caraïbes).
J'ignore si Dany Laferrière aura un jour fait le tour de cette vaste question - sûrement que non car elle est un pilier de son oeuvre. Il y a dans ce roman quelques phrases bien trouvées, mais globalement il ne se passe rien. Pas grave, il n'est pas nécessaire pour un livre de nous envoyer à la figure des tonnes de péripéties toutes plus acrobatiques les unes que les autres. Toutefois, il m'a semblé que l'auteur avait tendance à se répéter un peu trop, à tourner en rond en quelque sorte. Le narrateur de ce roman prend des bains, ne fait pas grand chose, il n'écrit même pas puisque depuis qu'il a annoncé le titre de son prochain livre, il doit se justifier devant des hordes vociférantes ou au contraire se défaire de fans trop enthousiastes. Bon... Et après ? Les anecdotes réchauffées ont tendance à devenir indigestes, c'est un peu ce qu'il se passe dans ce livre. Je n'ai pas réussi à me défaire de l'impression assez désagréable que Dany Laferrière avait écrit très vite ce livre, le bâclant un peu. Alors certes, du Laferrière bâclé reste mieux que pas mal d'auteurs appliqués mais quand même, je sors un poil déçu par cette lecture. Qu'importe, deux rééditions récentes d'autres romans de l'auteur viennent de sortir des presses des éditions Zulma, ce sera l'occasion pour moi de replonger dans l'univers coloré, bibliophile et enthousiaste de Laferrière.
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