Au-delà des salutations de tradition en ces journées de chapelure grise sur les toitures des cités endormies, j'aime me souvenir qu'à chaque changement d'année civile, des grappes de disparus se rappellent à nous.
Je veux parler des artistes qui viennent enrichir la monumentale bibliothèque imaginaire mais aux pages bien réelles de ces auteurs dont l'anniversaire de la mort intervenue voici quelques décennies leur permettent de "tomber dans le domaine public" (quelle vilaine expression).
Marcel Aymé |
Mais les auteurs ne sont pas les seuls concernés par cette mesure d'ouverture de leurs productions aux organes visuels et intellectuels de quelques humanoïdes qui ne sont eux pas encore tout à fait morts.
Et en 2018, outre Marcel Aymé et Tristan Bernard qui se rappellent ainsi à notre bon souvenir, il est intéressant / amusant / étonnant (rayer la mention inutile) de constater que des personnalités telles que Henry Ford, Winston Churchill, Edward Hopper, René Magritte, John Coltrane ou Che Guevara rejoignent à leur tour cette tour de Babel de la culture mondiale ouverte à tous.
Je ne vous ferai pas l'injure de vous présenter Marcel Aymé dont les livres et les scénarios de films ont accompagné nombre d'entre nous. Je me souviens encore avec émotion de ma lecture de "La Jument Verte" alors que j'étais encore enfant, sur les conseils toujours avisés de ma mère.
Je vous invite cependant à cliquer sur ce lien Wikipedia afin de parcourir la liste des personnalités qui passent dans le domaine public en 2018. Nul doute que pour certains, nous en entendrons parler bientôt. Pour les autres, ce serait l'occasion de les découvrir...
Et en bonus, un extrait de "La Jument verte" de Marcel Aymé (édition Folio) :
Cultivateur et maquignon, Haudouin n'avait jamais été récompensé d'être rusé, menteur et grippe-sou. Ses vaches crevaient par deux à la fois, ses cochons par six, et son grain germait dans les sacs. Il était à peine plus heureux avec ses enfants et, pour en garder trois, il avait fallu en faire six. Mais les enfants, c'était moins gênant. Il pleurait un bon coup le jour de l'enterrement, tordait son mouchoir en rentrant et le mettait à sécher sur le fil. Dans le courant de l'année, à force de sauter sa femme, il arrivait toujours bien à lui en faire un autre. C'est ce qu'il y a de commode dans la question des enfants et, de ce côté-là, Haudoin ne se plaignait pas trop. Il avait trois garçons bien vifs et trois filles au cimetière, à peu près ce qu'il fallait.
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