Des histoires qui mêlent des ambiances et des personnages de la campagne bourguignonne ou franc-comtoise n’oubliant jamais l’alpha et l’oméga de l’auteur : les livres et le vin. On ressort de cette lecture comme après un agréable repas agrémenté de bons cépages servis à température idoine et dégustés en bonne compagnie. J’y ai même retrouvé une histoire de vengeance de chef amérindien et d’oiseau dont il fait son allié qui bien sûr ne peut qu’évoquer l’univers de l’immense Jim Harrison. Il y a pire comme amitié littéraire.
Et pour le plaisir de l’écoute, le rappel de l’émission « La grande librairie » consacrée à ce livre en 2019.
Extrait:
"Monsieur Galmiche était une très vilaine bête que j’ai un peu fréquentée ces dernières années. J’avais reçu, il y a trois ou quatre ans, une lettre brève et sans gêne signée Professeur Justin Galmiche : « Monsieur, je viens d’apprendre que vous possédez un exemplaire duRecueil des Ordonnances de la Franche-Comté de Jean Petremand publié à Dole en 1619. Je vous serais reconnaissant de le mettre à ma disposition pour quelques mois. Cet ouvrage renferme des informations dont j’ai besoin pour compléter un travail en cours. Cordialement. »
J’allais répondre du tac au tac que je n’étais pas une bibliothèque de prêt, mais l’aplomb du bonhomme avait éveillé ma curiosité. Le mandement portait l’adresse d’un lieu-dit perdu dans les collines surplombant Saint-Honoré-les-Bains, une adresse insolite pour un spécialiste de régionalisme franc-comtois. J’ai répondu avec la plus jésuitique déférence que j’étais très heureux d’obliger un chercheur et qu’il pouvait prendre le livre chez moi à sa convenance.
Trois jours plus tard, j’ai reçu un nouveau billet, tout aussi laconique et comminatoire : « Je vous remercie, monsieur, mais je m’absente rarement. Veuillez, s’il vous plaît, déposer l’ouvrage à mon domicile. Cordialement, Professeur Justin Galmiche. » J’ai apprécié le s’il vous plaît. J’étais impatient de voir à quoi ressemblait l’olibrius. Dans la semaine j’ai piqué un galop en direction de Saint-Honoré et des premiers reliefs du Morvan. Après m’être fourvoyé sur des petites routes mal signalisées, j’ai fini par atteindre la tanière du despotique sieur Galmiche. C’était une grande et coquette bâtisse bourgeoise en brique claire avec des pierres angulaires apparentes, le genre de nid douillet que les marchands de biens appellent maison de maître. Des curistes aisés et des médecins de l’établissement thermal se sont payé des manoirs de ce style sous le Second Empire, après que les sources de Saint-Honoré furent déclarées d’utilité publique. Enfouie dans une clôture très compacte de thuyas, de lauriers et de troènes, une ancienne grille en fer forgé indique l’entrée. Sur un des piliers, une plaque de cuivre étincelante annonce « Galmiche et sonnez s.v.p.» "
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire