C'est toujours avec un plaisir immense que je me plonge dans une lecture ou relecture d'un bouquin de Pascal Garnier. D'ailleurs les romans de ce regretté auteur se prêtent bien à la relecture du fait de leur brièveté. Même si une fois la surprise de l'intrigue éventée, les histoires perdent un peu de leur mystère. Pourtant j'aime relire Pascal Garnier. Parce que ses bouquins sont courts et intenses. Ils ne s'appuient pas sur de grandes démonstrations et ne se prennent pas pour d'autres. Vous voyez ces gros pavés (souvent anglo-saxons) qui s'appuient sur des intrigues enchevêtrées aux résolutions complexes tissées sur une multitude de personnages et qui mélangent les époques ? Et bien avec Garnier, c'est tout le contraire. C'est écrit au plus près de l'histoire. Et l'histoire est racontée au plus près de la réalité. Il n'y a pas d'effet de manche ni de poudre aux yeux. C'est grinçant comme un ongle sur un tableau noir et efficace comme un 357 magnum à bout portant.
Dans la bibliographie de son auteur, "Trop près du bord" a été publié en 1999 au Fleuve Noir avant d'être repris en poche chez Points puis republié par les éditions Zulma en 2013.
Quatrième de couverture : Éliette savoure amèrement sa retraite. Son mari ? Mort. Ses enfants ? Loin. Pas d'amis. Pas de sexe. Un jour d'orage, elle secourt Étienne, fringuant quadragénaire perdu en rase campagne. Voyou, il explose son quotidien : le fils des voisins s'écrase en voiture, une jeune fille en furie débarque chez elle, deux kilos de cocaïne se promènent sous son nez... Il faut se méfier de la vieillesse qui dort !
Pascal Garnier nous a habitué au noir et il s'y tient avec un talent rarement pris en défaut. La sexagénaire de cette histoire, veuve, plutôt heureuse sans ses enfants qui ne lui manquent pas tant que ça, est un personnage des interstices, comme tous ceux qui intéressent Garnier. Elle roule en voiture électrique dans une campagne isolée : rien ne semble moins propice à l'aventure que ce décor. Et pourtant, avec l'intrusion d'un accidenté de la route qui débarque chez elle, toutes les failles des individus, les crises et les peurs rappliquent aussi sec. Etienne qui semble trop sympathique pour un gars qui sort de prison et qui a une drôle de relation avec sa fille qui arrive à son tour chez Éliette... Tous les ingrédients du roman noir sont là, et en moins de 150 pages, Pascal Garnier nous embarque dans une campagne propice à toutes les angoisses. Comme toujours chez lui, c'est sec et brillant, enlevé, parfois un peu tiré par les cheveux mais il est tellement agréable de se laisser aller à ses penchants...
Pascal Garnier - Trop près du bord, Points, 144 pages, 6.3 €
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