Nous partons ce vendredi vers les USA (comme souvent ici) et en particulier du côté des adeptes du surf. Non pas que je sois fan de ce sport branchouille mais il s'agit du thème du pavé "Jours barbares" que William Finnegan, journaliste au New Yorker a écrit pendant deux décennies.
Je viens de commencer la lecture de ce récit (de la véritable Narrative Non Fiction comme disent les anglo-saxons) qui a permis à son auteur de décrocher le Prix Pulitzer. En attendant une chronique (pas tout de suite, je n'ai même pas encore écrit les chroniques de mes lectures du printemps!) de ce bouquin, en voici un extrait.
Comme partout, le fait d’être un gars cool à l’adolescence reste en grande partie un mystère, mais la force physique (comprenez la puberté précoce), la confiance en soi (avec des points de bonus supplémentaires quand on défie les adultes), les goûts musicaux et vestimentaires, tout cela comptait. Je voyais mal comment j’aurais pu me targuer d’une de ces qualités. Je n’étais pas très grand – en vérité, à ma grande honte, la puberté semblait même m’éviter. Je n’étais pas branché, ni côté fringues ni côté musique. Et, surtout, je n’étais pas un voyou – je n’étais même pas allé en prison. Par contre j’admirais le cran des gamins de l’In Crowd et je n’allais pas m’amuser à remettre en question ceux qui me soutenaient.
Au départ je croyais que la principale activité de l’In Crowd serait la guerre des gangs. D’ailleurs, il était sans cesse question de la reprise des hostilités contre diverses bandes rivales de “mokes”. Mais Mike donnait toujours l’impression de conduire à des pourparlers une délégation chargée de ramener la paix, et les bains de sang étaient évités grâce à de laborieuses manœuvres diplomatiques permettant de sauver la face. Ces trêves étaient officialisées par des cuites solennelles, bien avant l’âge légal. Le plus clair de l’énergie du groupe était en réalité consacré aux ragots, aux fêtes, à de menus larcins et au vandalisme. Les jolies filles ne manquaient pas dans l’In Crowd, et j’en pinçais un jour sur deux pour l’une ou pour l’autre. Personne ne surfait.
William Finnegan - Jours Barbares (Editions du Sous-Sol)
Traduction : Frank Reichert
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