D'accord c'est vrai, je suis un imposteur. J'ai beau dire que je suis réfractaire à toute publicité, que je suis impassible à toute campagne promotionnelle, je suis comme tout le monde. Ce constat à la fois amer et rassurant (les deux vont bien ensemble) je dois concéder que si j'ai décidé d'acheter et de lire (tant qu'à faire...) le dernier roman de Tanguy Viel, c'est en grande partie la faute de la campagne promotionnelle qui en a accompagné la sortie.
Soutenu par de multiples campagnes télévisuelles et radiophoniques, ce roman paru en janvier 2017 a de plus reçu le Grand-Prix RTL Lire en mars. Ce qui a offert un surcroît de visibilité à ce livre qui n'en manquait déjà pas, tant tous les journalistes estampillés littéraires en parlaient. Le Grand-Prix RTL Lire, on s'en tamponne un peu nous - enfin normalement - surtout à cause de ce bandeau rouge agressif avec lequel on décore les livres en les faisant ressembler à des papillotes indigestes qui, ainsi attifés, ressemblent à des gueules de chiens méchants prêtes à vous mordre depuis les étals des libraires qui assistent, impuissants, à cette prostitution médiatique organisée. Je m'égare (de Brest - forcément avec Tanguy Viel, c'est de circonstance).
Quatrième de couverture :
Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d'être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l'ont mené là : son divorce, la garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec.
Il faut dire que la tentation est grande d'investir toute sa prime de licenciement dans un bel appartement avec vue sur la mer. Encore faut-il qu'il soit construit.
Bien que je sois un anti-quatrième de couverture convaincu, je m'efforce de toujours l'insérer dans ces petites chroniques de lecture car je sais que certains aiment bien lire ce succédané d'aventure, cette promesse à la petite semaine de ce que pourrait être un bouquin que l'on découvre la première fois.
Je n'ai donc pas lu le quatrième de couverture avant d'acheter ce livre, comme toujours. J'ai par contre lu la première page, comme je le fais avant de me décider à m'embarquer pour une lecture. Et cette première page m'a convaincu. Alors oui c'est vrai, la tempête d'avis positifs écoutés à la radio m'a fait m'arrêter sur ce bouquin et le prendre en main, celui-là plutôt qu'un autre, lors d'une promenade Chamoniarde en avril dernier.
Roman agréable qui trouve naturellement sa place aux éditions de Minuit, j'ai passé un très agréable moment de lecture. Certes court (c'est bien), certes parfois un peu étonné par les louanges stratosphériques entendues ça et là mais oui, un bouquin à la fois original, social et moderne. Le propos est simple mais raconté de belle manière. Un huis-clos entre un juge et un accusé, qui fonctionne bien malgré parfois quelques personnages un peu stéréotypés. Un bouquin des petites gens de France et des grandes espérances déçues. Une grande partie de l'enjeu tient dans la révélation finale du fameux article 353 du codé pénal qui donne son titre au roman. N'allez d'ailleurs pas vous renseigner sur le contenu de cet article avant de lire le bouquin, cela atténuerait tout l'intérêt de la chose.
Extrait :
"En tout cas j'étais bien placé pour le voir arriver, lui, Antoine Lazenec, avec ses chaussures à bouts pointus - je ne sais pas pourquoi j'ai toujours eu du mal avec les chaussures à bouts pointus, les chaussures italiennes qui brillent même sous la pluie, comme si j'avais l'habitude de commencer par les pieds pour aborder les gens, normalement non, mais là, j'étais à tondre la pelouse du parc et donc la tête plutôt basse à surveiller l'avancée de la tondeuse sur le gazon sans trop entendre ce qui se passait autours, et ce que j'ai vu en premier, eh bien ce sont ses chaussures de cuir posées dans l'allée, aussi parce qu'elles étaient si bien cirées et si noires sur le gravier blanc, alors j'ai levé la tête et j'ai vu ce type pas très grand et presque chauve avec une veste noire et puis une chemise un peu ouverte comme un Parisien, et il me regardait sourire, attendant que j'arrête le moteur de la tondeuse."
Tanguy Viel - Article 353 du code pénal, Minuit, 176 pages, 14.5 €
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