lundi 15 avril 2019

Lecture : Aleksandra Lun - Les palimpsestes

Parfois on choisit de lire certains bouquins pour des raisons pas très naturelles. En ce qui concerne ce petit bouquin iconoclaste, c'est lors d'un de mes footings au cours desquels j'écoute toujours un podcast d'émissions littéraires, que j'ai décidé de tenter le coup. Bon alors c'est vrai, "tenter le coup" de lire un bouquin, ce n'est pas un coup de poker qui engage sa vie ou sa fortune. 

"Les palimpsestes" c'est un ovni littéraire, un bouquin sans étiquette, inclassable et qui s'éparpille dans toutes les directions. C'est l'histoire d'un vétérinaire, écrivain raté par ailleurs, qui se retrouve interné dans un hôpital psychiatrique de Liège. Au cours de cet enfermement, le personnage se pose des questions sur sa condition d'écrivain raté, sa condition de vétérinaire, la persistance de la ville de Liège dans le temps... Et surtout il va rencontrer des tas de personnages connus et réels de la littérature mondiale. L'occasion pour l'autrice de célébrer la littérature et des auteurs tels que Nabokov, Hemingway, Ionesco... Car on sent que c'est bien là l'objectif principal d'Aleksandra Lun de ce court livre : célébrer les grands écrivains qui l'ont - on s'en doute - influencé ou du moins encouragé à se lancer elle-même dans l'écriture.

Dans les couloirs de cet hôpital psychiatrique, on croise donc pas mal de personnages célèbres qui ont tourné du chapeau. On y lit également un grand nombre d'anecdotes plus ou moins véridiques sur la vie de ces écrivains, dans un style sans complexe, jamais étouffé par l'ampleur de l'hommage qui est rendu. Car il s'agit bien de cela : c'est un bouquin hommage qui dilate les frontières de la géographie comme du récit. Et le personnage principal de cet écrivain vétérinaire est un héritier à peine masqué des mondes de Kafka. Pour écrire un tel livre, l'autrice ne pouvait pas mieux choisir comme influence. 

Extrait
"Je m'appelle Czeslaw Przesnicki, je suis un misérable immigrant d'Europe de l'Est et un écrivain raté, il y a longtemps que je n'ai plus de relations sexuelles […]. Je précise que l'État qui m'a délivré mon passeport est la Pologne, le pays des papes globe-trotteurs, du froid et des héros de guerre musclés parmi lesquels, toute hypocrisie mise à part, je ne me compte pas. J'ai le corps flasque et le cheveu rare, je suis d'un naturel soumis et, dans son ensemble, ma personne pusillanime est loin d'exercer une quelconque force d'attraction sur les représentants sains du sexe masculin, que ce soit en régime totalitaire ou en démocratie."

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