Norman MacLean (USA, 1902-1990) n'a pas écrit énormément de livres. Il a avant tout été, pendant près de cinq décennies, un professeur d'université qui s'est spécialisé dans l'enseignement des poètes romantiques et de Shakespeare.
Il est connu pour être l'auteur d'une nouvelle qui a été adaptée à Hollywood sous le titre "Et au milieu coule une rivière" (Robert Redford) .
Classé - à tort, car les classements sont toujours approximatifs, incorrects et injustes - dans la catégorie des écrivains de "L'école du Montana", on le rattache à ce mouvement du Nature Writing qui fait des émules de l'autre côté de l'Atlantique depuis Henry David Thoreau.
Durant trois étés entre 1919 et 1921, Norman MacLean alors tout jeune homme, a travaillé au service des forêts fédéral. Il en a rapporté un récit naturaliste et témoignage qui a été publié en France chez Rivages (Montana 1919). Bouquin certes parfois un peu évanescent mais qui ménage des passages très poétiques sur la puissance de la nature. Un livre qui doit, comme beaucoup d'autres, être lu au bon moment, et dont voici un extrait :
"Quand un feu prenait de l’ampleur, ce que faisait le Service des Eaux et Forêts, c’était de recruter une centaine de cloches ramassées dans les rues de Butte ou de Spokane pour trente cents de l’heure (quarante-cinq cents pour les sous-chefs), et de les expédier jusqu’au terminus d’une ligne secondaire. A partir de là, il fallait encore qu’ils fassent à pied les cinquante ou soixante kilomètres restants pour franchir la « muraille ». Le temps qu’ils arrivent sur les lieux, le feu avait gagné l’ensemble de la carte, et il avait escaladé la cime des arbres. Tout ce qu’il y avait à dire là-dessus, c’est un aspirant garde forestier qui l’avait dit le jour de son examen, il y a bien longtemps de ça.
Même de son temps, il est entré dans la légende. Quand on lui avait posé la question : « Quand l’incendie gagne la cime des arbres, qu’est-ce que vous faites ? », il avait répondu : « Je me mets à l’abri, et je prie le ciel pour qu’il pleuve."
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