La dernière séance... Dans notre inconscient, et pour quelques années encore - le temps que les jeunes générations aux crocs acérés nous aient gentiment poussés dehors - ce titre évoque l'émission diffusée le mardi soir après le journal dans les années 1980. Mais c'est bien du roman éponyme mais baptisé "The Last Picture Show" en VO qu'il s'agit.
Notamment romancier et scénariste, mais ayant aussi commis quelques essais, Larry McMurtry est un auteur né en 1936 au Texas et prolifique (plus de 30 romans et une quinzaine d'essais). Il est connu du très grand public pour avoir cosigné avec Diana Ossana le scénario du film "Le secret de Brokeback Mountain".
Son roman "La dernière séance" traduit par Simone Hilling est publié chez l'excellent éditeur Gallmeister dont je vantais récemment la pertinence du catalogue.
L'histoire : Nous sommes au tout début des années 50 (1951 exactement) dans un petit patelin du Texas où tout le monde se connait et où la jeunesse s'ennuie ferme en imaginant à quoi ressemblera sa vie d'adulte. Les forages de pétrole qui appartiennent à certains, soudain riches, permettent à d'autres de gagner de quoi mettre de l'essence dans la voiture pour sortir la copine et l'emmener au cinéma le samedi soir. Dans ce paysage peu spectaculaire où démarre leurs vies, ces gamins se posent des questions. Vont-ils quitter le pays ou vont-ils devoir rester ici et rejoindre la cohorte de leurs parents, ces êtres qu'ils voient grisâtres et coincés entre rêves évanouis et quotidien misérable ?
Quel bouquin franchement réussi ! Je suis entré dans ce roman sans prendre de gants, accompagné par l'écriture classique et efficace de McMurtry bien secondée par une traduction qui évite les écueils de termes trop modernes pour décrire une campagne texane de 1951. Ce qui arrive parfois et qui dote certains livres de comportement étranges, comme s'exprimant d'une voix pâteuse. Ce n'est pas le cas ici, le ton est plaisant et l'évocation de cette jeunesse en questionnement jamais avare d'images simples mais efficaces. On sent que l'auteur ne cherche pas à en faire des tonnes, il raconte une histoire simple, sans chichi, sans longueur vraiment pénible (320 pages). Les personnages sont très réussis et pour tous ceux qui se souviennent encore d'avoir eu dix-sept ans, ils nous parlent. Et c'est bien la plus grande réussite de ce roman : il se passe au Texas en 1951 mais il pourrait très bien se dérouler n'importe où dans le monde à n'importe quelle période. La fin de l'enfance et la sortie de l'adolescence sont des moments universels de grands bouleversements que Larry McMurtry sait raconter avec efficacité et sans chercher à en faire trop. C'est tout à son honneur. Un grand bouquin que je relirai certainement.
Extrait (source = site officiel de l'éditeur):
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