Ceux qui ont l'habitude de traîner ici savent que je nourris une tendresse particulière envers Jim Harrison. Je prends par conséquent toujours un certain plaisir à lire ou à relire un de ses livres, d'autant plus depuis sa mort le 26 mars dernier. En effet avec sa disparition, le robinet s'est tari - si je puis dire. Je me garde d'ailleurs son ultime livre "Le vieux saltimbanque" pour dans quelques temps, et nul doute que je le lirai avec une certaine émotion en me disant que ça y est, il n'y en aura plus après celui-ci.
J'essaye de lire/relire Harrison dans un ordre à peu près chronologique de parution originale. Après le très bon "Nord-Michigan" publié en 1976 et que j'ai lu le mois dernier, voici "Un bon jour pour mourir" publié en 1973 (traduit par Sara Oudin chez 10/18).
Ce roman court énumère bien sûr les thèmes chers à l'auteur : amitié, alcool, pêche, sexe et grands espaces. Il les malaxe et les mélange en un amas de chair littéraire jeté sur la route d'un "road-movie book" qui m'a un peu pesé sur l'estomac. Ben ouais. Je ne me suis pas passionné pour l'histoire de ce trio branquignol qui s'embarque sur une route dans le but d'aller faire péter un barrage aux abords du Grand Canyon.
Pourquoi tout cela, on s'en fiche et je trouve que c'est très bien comme ça. Harrison n'est pas là pour faire le moralisateur ou expliquer l'alchimie des âmes en perdition qui se retrouvent, s'accrochent les unes aux autres quand elles se reconnaissent, se consument mutuellement jusqu'à cesser de briller. Et c'est inexplicable, il faut juste le raconter quand on en a le talent, ou le lire quand on le peut.
J'ai pourtant trouvé le propos un peu répétitif, ce qui est le genre même de ce type de bouquin et qui d'habitude ne me dérange pas. Pour tout dire j'ignore au fond pourquoi je n'ai pas accroché; peut-être que c'est la relation entre ces deux hommes et cette femme qui n'a pas explosé comme je l'aurais souhaité, qui n'a pas produit l'étincelle que j'attendais. Trop d'introspection, pas assez de folklore rock and roll ? Pas assez de grandiloquence, pas assez de foutraque et un peu trop de somnifères peut être. Parfois on passe à côté d'un livre sans trop savoir comment on a fait, comme lorsqu'on loupe une sauce alors qu'on avait tous les bons ingrédients pour réussir comme d'habitude. J'en serai donc pour une relecture dans quelques mois.
Extrait : "En observant les autres dans la douce torpeur provoquée par le whisky, je réalisais à quel point mon attachement à la vie était faible. Je n'étais pas impliqué, même en tant que simple observateur, et encore moins en tant que pèlerin. Disons que je n'étais ni dans les tribunes pour voir le match, ni sur le terrain pour jouer. J'étais plutôt dans les sous-sols, observant avec indifférence la structure de base tout entière. Mes amis n'existaient plus, ma femme non plus. Je n'avais ni Etat, ni patrie, ni gouverneur, ni président. C'est ce qu'on appelle être nihiliste, mais je trouve que c'est un mot beaucoup trop fort pour désigner le vide."
Pourquoi tout cela, on s'en fiche et je trouve que c'est très bien comme ça. Harrison n'est pas là pour faire le moralisateur ou expliquer l'alchimie des âmes en perdition qui se retrouvent, s'accrochent les unes aux autres quand elles se reconnaissent, se consument mutuellement jusqu'à cesser de briller. Et c'est inexplicable, il faut juste le raconter quand on en a le talent, ou le lire quand on le peut.
J'ai pourtant trouvé le propos un peu répétitif, ce qui est le genre même de ce type de bouquin et qui d'habitude ne me dérange pas. Pour tout dire j'ignore au fond pourquoi je n'ai pas accroché; peut-être que c'est la relation entre ces deux hommes et cette femme qui n'a pas explosé comme je l'aurais souhaité, qui n'a pas produit l'étincelle que j'attendais. Trop d'introspection, pas assez de folklore rock and roll ? Pas assez de grandiloquence, pas assez de foutraque et un peu trop de somnifères peut être. Parfois on passe à côté d'un livre sans trop savoir comment on a fait, comme lorsqu'on loupe une sauce alors qu'on avait tous les bons ingrédients pour réussir comme d'habitude. J'en serai donc pour une relecture dans quelques mois.
Extrait : "En observant les autres dans la douce torpeur provoquée par le whisky, je réalisais à quel point mon attachement à la vie était faible. Je n'étais pas impliqué, même en tant que simple observateur, et encore moins en tant que pèlerin. Disons que je n'étais ni dans les tribunes pour voir le match, ni sur le terrain pour jouer. J'étais plutôt dans les sous-sols, observant avec indifférence la structure de base tout entière. Mes amis n'existaient plus, ma femme non plus. Je n'avais ni Etat, ni patrie, ni gouverneur, ni président. C'est ce qu'on appelle être nihiliste, mais je trouve que c'est un mot beaucoup trop fort pour désigner le vide."
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