J'ai rencontré Brautigan avec ce livre. C'était il y a longtemps, au début des années 2000 et j'ai eu cette sorte de choc en refermant le bouquin que j'avais à l'époque lu d'une traite. Deux cent quarante pages totalement barrées mais poétiques aussi, parce que le n'importe quoi ça ne tient pas toujours la route bien longtemps. Et puis il y avait ça dans ce bouquin : "Elle m'a fait un geste du regard. C'était un geste bleu". Voilà, ces deux phrases m'ont totalement décalqué à l'époque, et ce sont elles qui m'ont fait aimer Brautigan. La suite, ça a été la lecture compulsive et effrénée de toute sa production republiée en poche chez 10/18.
Brautigan, c'est une source d'inspiration pour moi. C'est lui qui m'a totalement décomplexé sur l'écriture de textes très courts, de quelques lignes seulement et qui m'a permis de retrouver le chemin de l'écriture après quelques années où je n'avais plus le goût d'écrire. Pour cela je lui vouerai une reconnaissance éternelle (au moins). Aussi je serai sûrement un peu orienté quand je parlerai de mes lectures de Brautigan, je ne suis pas objectif, vous voilà prévenus. J'ai eu envie ces jours-ci de relire une nouvelle fois ce bouquin...
"Un privé à Babylone", traduit par Marc Chénetier, c'est le polar dynamité par Brautigan. L'explosion du genre, avec les codes inversés ou satellisés. Le narrateur est un raté mais un raté chez Brautigan ça reste poétique et un peu mélancolique aussi. Décalé, assurément. Un privé qui n'a pas un sou d'avance et qui au début du bouquin est obligé d'aller emprunter une arme et des balles à de vieilles connaissances parce qu'il a rendez-vous avec un client et que, tout de même, ça ne fait pas sérieux un détective désarmé. Et bien vite on apprend que ce privé là préfère rêver de Babylone plutôt que d'enquêter. Une métaphore sur ce que l'auteur pensait de la vie et sur la puissance de la rêverie ?
La suite c'est comme toujours avec Brautigan une histoire qui part dans des directions totalement imprévisibles et des personnages échappés d'un univers à mi-chemin de celui des films des frères Coen et d'un Bukowski propre sur lui. Un truc inclassable, un style météorique et qui souffle sans cesse le chaud et le froid. Et posées sur une écriture parfois minimaliste des métaphores qui font mouche, des inspirations enlevées qui changent tout : "Un chauffeur avec un cou gros comme un troupeau de buffles."
Parfois il en fait un peu trop et parfois on sent que c'est la facilité qui prend les commandes mais cela ne dure jamais bien longtemps, il y a toujours au détour d'une page un mot, une expression, une métaphore qui vous saisit et qui vous retourne pour de bon. Un truc qui vous remet dans le droit chemin et vous rappelle que vous êtes chez Brautigan et qu'ici, la déco n'est pas la même que chez les autres. Quant aux personnages... "Elle était assise tout près de moi et son haleine ne sentait pas du tout la bière. Quand je pense qu’après avoir fini les six bières elle était tout de suite remontée en voiture sans aller aux toilettes : à se demander où la bière avait bien pu foutre le camp."
Brautigan a longtemps été un auteur incompris et du reste, je ne suis pas sûr qu'il soit mieux compris depuis qu'il est mort. Quand je vois que certains le réduisent à quantité négligeable ou auteur de divertissement, je me sens un peu triste. Célébré par les hippies, adoubé par les nihilistes, reconnu par la génération beat, il n'était sûrement de nulle part et d'aucun mouvement car il ne rentrait dans aucune case. Et c'est justement ce qui en faisait tout le charme. Il était une météore qui n'a pas vraiment trouvé une place où il se sente chez lui et cette mélancolie d'un paradis perdu qu'il cherchait entre les interstices de la vie se ressent dans tous ses livres. Après tout, n'a t-il pas écrit : "Nous avons tous une place dans l'histoire. La mienne c'est les nuages"... Alors si vous vous sentez de taille à lire un morceau de nuage un de ces quatre, essayez donc un Brautigan, n'importe lequel. Faudrait que ce soit remboursé par la sécu.
La suite c'est comme toujours avec Brautigan une histoire qui part dans des directions totalement imprévisibles et des personnages échappés d'un univers à mi-chemin de celui des films des frères Coen et d'un Bukowski propre sur lui. Un truc inclassable, un style météorique et qui souffle sans cesse le chaud et le froid. Et posées sur une écriture parfois minimaliste des métaphores qui font mouche, des inspirations enlevées qui changent tout : "Un chauffeur avec un cou gros comme un troupeau de buffles."
Parfois il en fait un peu trop et parfois on sent que c'est la facilité qui prend les commandes mais cela ne dure jamais bien longtemps, il y a toujours au détour d'une page un mot, une expression, une métaphore qui vous saisit et qui vous retourne pour de bon. Un truc qui vous remet dans le droit chemin et vous rappelle que vous êtes chez Brautigan et qu'ici, la déco n'est pas la même que chez les autres. Quant aux personnages... "Elle était assise tout près de moi et son haleine ne sentait pas du tout la bière. Quand je pense qu’après avoir fini les six bières elle était tout de suite remontée en voiture sans aller aux toilettes : à se demander où la bière avait bien pu foutre le camp."
Brautigan a longtemps été un auteur incompris et du reste, je ne suis pas sûr qu'il soit mieux compris depuis qu'il est mort. Quand je vois que certains le réduisent à quantité négligeable ou auteur de divertissement, je me sens un peu triste. Célébré par les hippies, adoubé par les nihilistes, reconnu par la génération beat, il n'était sûrement de nulle part et d'aucun mouvement car il ne rentrait dans aucune case. Et c'est justement ce qui en faisait tout le charme. Il était une météore qui n'a pas vraiment trouvé une place où il se sente chez lui et cette mélancolie d'un paradis perdu qu'il cherchait entre les interstices de la vie se ressent dans tous ses livres. Après tout, n'a t-il pas écrit : "Nous avons tous une place dans l'histoire. La mienne c'est les nuages"... Alors si vous vous sentez de taille à lire un morceau de nuage un de ces quatre, essayez donc un Brautigan, n'importe lequel. Faudrait que ce soit remboursé par la sécu.
Extrait :
"J'ai trouvé mon copain de la morgue au fond, dans la salle d'autopsie, en train de contempler les seins morts d'un cadavre de dame allongé sur une table. Il était complètement absorbé dans la contemplation de ses nichons.
Elle était belle, mais elle était morte."
"J'ai trouvé mon copain de la morgue au fond, dans la salle d'autopsie, en train de contempler les seins morts d'un cadavre de dame allongé sur une table. Il était complètement absorbé dans la contemplation de ses nichons.
Elle était belle, mais elle était morte."
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