Je suis très loin d'être un connaisseur de littérature africaine. Plus encore, je suis un piètre connaisseur en matière de littérature du monde. Je l'avoue, hors mis les auteurs américains, quelques français et une poignée d'anglais, je ne m'aventure pas souvent sur les autres terrains de l'expression romanesque. Ce n'est pas que je ne veux pas aller voir ailleurs, c'est juste que je n'ai pas encore la sensation d'avoir épuisé l'exhaustivité de la richesse des littératures que j'aime. Pourtant la littérature espagnole, pour ne citer qu'elle, regorge de richesses et de trésors. Inutile de citer la littérature russe et de l'Europe de l'est que j'ai beaucoup appréciée à une époque (Isaac Babel, Franz Kafka, Knut Hamsun, Nicolas Gogol et Fedor Dostoiesvki pour ne citer que les plus connus). En matière de littérature africaine, cette lecture de "Notre quelque part" constitue donc une grande première.
Il fallait que ce soit Zulma, cet éditeur qui produit des livres aux couvertures gourmandes et attrayantes et qui publie William Saroyan, américain d'origine arménienne qui compte parmi mes auteurs fétiches.
Et puis je le concède, c'est la bonne publicité autour de ce livre dans les magazines littéraires qui m'a fait franchir le pas. Nii Ayikwei Parkes est un auteur ghanéen de mon âge (pour l'anecdote) qui est également éditeur, poète. "Notre quelque part" est son premier roman. Il y est question de traditions africaines, de légendes ancestrales et de famille dans la plus pure tradition des mythes fondateurs du continent noir. On y ressent toute la richesse d'un monde très différent du notre avec ses propres règles qui échappent. Question exotisme, on est servi. Mais ça ne s'arrête pas là, et toute l'originalité de ce roman tient dans le propos puisqu'il s'agit d'une enquête criminelle menée par un enquêteur original, médecin légiste local de retour d'Angleterre. C'est l'occasion de confronter la science de l'Europe et les croyances locales, dans un récit bien mené et qui à défaut de révolutionner le genre en propose une vision personnelle tout à fait réussie.
Extrait : Avant, beaucoup d'hommes avaient l'habitude de corriger leurs épouses de temps à autre, mais quand nous tous là nous avons vu ce que Kwaku Ananse faisait, nous avons compris pourquoi nos Aïeux disaient que l'homme brave doit montrer son courage et sa force sur le champ de bataille, et non dans sa maison. Ce que nous avions coutume de faire là, ce n'était pas correct. La force qu'on nous a donnée, cette force doit nous servir pour protéger nos semblables, et non pour faire de nos semblables des esclaves.
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