Richard Brautigan adorait le Japon. Jusqu'à y partager sa vie avec son ranch dans le Montana dans le seconde moitié des années 70. Il y aurait beaucoup à dire sur le sens poétique de la culture japonaise à laquelle Brautigan ne pouvait qu'être sensible. Dans cette façon de célébrer l'épure comme une respiration jusqu'à en imprégner ses plus beaux poèmes. Nul doute que le poète beat aurait aimé naitre japonais. Ses histoires d'amour avec le Japon lui auront toutefois permis d'imaginer ce qu'il aurait pu en être. Et à nous, lecteurs, de profiter de ces instants de grâce. Une partie des poèmes japonais de Brautigan écrits lors d'un séjour au pays du soleil levant est compilée dans l'indispensable "C'est tout ce que j'ai à déclarer" paru récemment au Castor Astral (chronique bientôt à suivre).
Pour les autres textes en rapport avec le Japon ou avec le Montana, ce recueil de 131 textes se propose d'en faire un voyage en classe bucolique, en prenant les chemins de traverse qui plaisaient tant à l'auteur. Et qui en font tout le charme. Il ne faut pas être pressé avec Brautigan, c'est le luxe de ceux qui ont le temps, Brautigan.
Pour les autres textes en rapport avec le Japon ou avec le Montana, ce recueil de 131 textes se propose d'en faire un voyage en classe bucolique, en prenant les chemins de traverse qui plaisaient tant à l'auteur. Et qui en font tout le charme. Il ne faut pas être pressé avec Brautigan, c'est le luxe de ceux qui ont le temps, Brautigan.
J'ai donc relu récemment ce recueil, même s'il ne fait pas partie de mes bouquins préférés de l'auteur. Mais je me suis mis dans la tête de relire tout Brautigan, parce que ces textes-là sont des bouts de fiction à tiroirs. Ils peuvent vous tomber des mains une fois et vous enchanter la fois suivante. Et l'inverse est vrai aussi. Parce que nous sommes des êtres de chair et que la littérature est une matière vivante, loin des étagères poussiéreuses des académies. Lire Tokyo Montana Express c'est à la fois s'enivrer d'un voyage dans un express à grande vitesse et souffrir du mal des transports puis c'est louper un train régional qui se traine et qui tombe en panne. Certains morceaux de cette composition rateront leur cible, d'autres la toucheront en plein cœur. C'est le jeu. Brautigan était un auteur foutraque, il ne faut pas s'attendre à ce que son oeuvre soit pondérée ou même classique. Ici le Japon et le Montana se côtoient dans un rapprochement culturel et géographique qui parait d'une limpidité absolue. Dans l'unique conjonction de temps et d'espace où la tradition japonaise peut cohabiter avec la culture américaine des années 70 : au croisement des rêves éthérés que fabrique le cerveau de Richard Brautigan. Ici, les deux pays se mélangent et se repoussent, s'attirent et s'ignorent avec un dédain et un éclat similaires.
Extrait :
Il y a une heure de ça, dans le jardin de derrière chez moi, s’est produite la plus petite tempête de neige jamais recensée. Elle a dû faire dans les deux flocons. Moi, j’ai attendu qu’il en tombe d’autres mais ça n’a pas été plus loin. Deux flocons : voilà tout ce qu’a été ma tempête."
Extrait :
"La plus petite tempête de neige jamais recensée
Richard Brautigan - Tokyo Montana Express, Christian Bourgois, 302 pages, 15 €
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