J'ai déjà dit sur ces pages (ici et là) tout le bien que je pensais des romans de David Vann. Il y a chez cet auteur une désespérance du quotidien qu'il sait rendre palpable même dans les silences les plus inoffensifs de ses personnages.
Troisième roman écrit par l'auteur originaire d'Alaska, "Impurs" nous emmène une nouvelle fois sur les traces d'une famille où se cachent les crises les plus violentes et les fissures psychologiques les plus profondes.
Le personnage principal de cette histoire, Galen, est un adolescent sur le point de basculer dans l'âge adulte qui vit seul avec sa mère. Les rapports qu'il entretient avec celle-ci n'ont rien de très sain... mais ce n'est rien en comparaison de ce qui les attend par la suite. Sans même parler des relations qu'il entretient avec les autres femmes de la famille. Car c'est à une réunion familiale que nous assistons lorsque la mère, la grand mère, la tante et la cousine de Galen vont passer un week-end dans la propriété secondaire perdue dans la campagne. L'occasion pour cette famille fracturée de se confronter aux non-dits, aux aigreurs et aux rancœurs qui subsistent dans les faux-plafonds de leurs vies. On pourrait facilement sous-titrer ce roman avec la célèbre tirade "Famille, je vous hais". Huis clos psychologique qui va crescendo, Impurs nous entraine donc sur les terrains d'une noirceur où la famille joue le rôle du méchant. On sent David Vann à l'aise avec son propos, dans un contexte qu'il apprécie et qu'il avait déjà brillamment mis en œuvre à l'occasion de l'excellent "Sukkwand Island".
Ici pourtant, après une première partie menée sur un tempo enlevé au cours de laquelle l'auteur plante les graines de son intrigue avec efficacité, la seconde partie du livre tire en longueur et offre une opposition parfois maladroite entre les deux protagonistes principaux. Avec une tendance à faire de ses personnages des blocs manquant de subtilité dans leurs réactions et leurs dialogues. De légers écueils qui font de ce livre un titre moins réussi que les précédents écrits par l'auteur mais qu'on ne s'y trompe pas, "Impurs" reste néanmoins un roman envoûtant, qui met mal à l'aise et qui fait voyager très loin dans la folie.
"Impurs", publié chez Gallmeister, traduit par Laura Derajinski est disponible en deux formats :
- grand format (collection NATURE WRITING): 288 pages, 23 EUROS
- poche (collection TOTEM) : 256 pages, 10.5 EUROS
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