William Saroyan (1908-1981) est un auteur attachant qu'il faut s'empresser de lire et de relire en ces temps de pessimisme ambiant. Son œuvre est traversée par une vague de nostalgie optimiste qui célèbre les sentiments simples, les bonheurs quotidiens. Sans jamais verser dans le sentimentalisme outrancier et ces ambiances mollassonnes qui inondent les étagères des librairies des romans d'aujourd'hui.
Je reviens toujours à Saroyan, comme à un pilier, une fondation, un repère. Chaque fois que je lis ou que je relis un livre de cet auteur, je me laisse emporter dans un tourbillon de bienveillance et de sérénité. A ce titre les extraordinaires "Papa tu es fou" ou "Folie dans la famille" ou encore "La comédie humaine" figurent au panthéon des titres de l'écrivain.
Saroyan évoque l'enfance dans la plupart de ses ouvrages, et les temps difficiles des années 30 aux États-Unis. Ne comptez toutefois pas sur lui pour verser dans le larmoyant et le nombrilisme bobo - pas comme une certaine littérature dont les magazines bienpensants nous abreuvent de succès immérités. Saroyan a les pieds sur terre et aussi des convictions. Comme celle qui l'a poussé à refuser le prix Pulitzer pour ses talents de dramaturge. Mais il a laissé une partie de sa tête dans les méandres multicolores de son enfance. C'est sûrement pour cette raison que dans la plupart de ses romans, les enfants sont des personnages importants et très bien incarnés.
"Maman je t'adore" est un récit initiatique qui forme le pendant féminin de "Papa tu es fou", republié également chez Zulma tout récemment. L'histoire est celle d'une petite fille qui accompagne sa maman à la conquête de Broadway. On y découvre les coulisses de la scène mythique, les trafics en tous genres et les personnages hauts en couleur qui y défilent. Le tout à travers les yeux d'une petite fille de neuf ans qui vit seule avec sa mère mais qui a déjà toute la sagesse d'une jeune femme.
Saroyan déploie dans ce roman des recettes identiques à celles élaborées dans "Papa tu es fou". Toutefois j'ai trouvé que l'ensemble manquait de liant et souffrait de moments de faiblesse auquel ce dernier titre avait échappé. Des longueurs qui m'ont un peu gêné alors que je m'attendais à retrouver le formidable feu d'artifice de "Papa tu es fou". Autre aspect qui m'a gêné mais qui n'est pas à mettre sur le compte de l'auteur : mon exemplaire Zulma souffrait d'un gros problème d'édition. La page 144 atteinte, j'ai eu la désagréable surprise de trouver en lieu et place de la page 145 la page 49 qui recommençait. Et de même pour les suivantes jusqu'à la page 96 avant de revenir à la page 193. Au final, un trou de 48 pages vraiment ennuyeux pour la lecture. A noter que j'ai signalé le problème aux éditions Zulma le 1er janvier et qu'à ce jour je n'ai toujours pas reçu de réponse.
Quatrième de couverture :
« Je pèse trente kilos et Mama Girl en pèse soixante. Elle a
trente-trois ans, mais elle se fâche si je le dis. “J’ai vingt-deux ans,
et tu le sais bien. – Si tu as vingt-deux ans, moi je ne suis pas
encore née alors, puisque tu avais vingt-quatre ans à ma naissance. Tu
me l’as dit toi-même. – Je mentais, répond Mama Girl, je n’ai pas voulu
te dire que je t’avais eue à treize ans, c’est tout.” »
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