Que reste t-il des promesses d'enfance et des souvenirs partagés avec ses amis les plus anciens lorsque la vie, ses épreuves et ses doutes, sont passés par là ?
Qu'ils soient devenus des célébrités ou des anonymes, qu'ils aient parcouru le monde ou pas bougé de chez eux, ces quatre amis d'enfance partagent une origine commune : Little Wing, petite bourgade du midwest.
Sur un thème universel et ultra connu, ultra abordé, Nickolas Butler a écrit en 2014 un premier roman sensible et intimiste, qui sonne comme une madeleine de Proust au moment d'évoquer la ligne de séparation des eaux entre enfance et âge adulte, depuis les rives d'un pays doré qui est celui des premiers souvenirs. On prend plaisir à faire la connaissance des personnages de ce roman, plutôt attachants, on pénètre simplement dans leur intimité, grâce à une écriture douce à défaut de personnelle. On découvre leurs secrets d'enfance, leurs histoires, leurs amitiés, leurs amours et tout ce qui dans le sillage de ces sentiments forment des personnes qui traversent les années.
Hank, Lee, Ronny et Kip forment le noyau dur, historique, de toutes les histoires qui se tissent autour de Little Wing, le centre d'attractions de ce roman tout en nostalgie et en souvenirs. Contemplatif par moments sans être pénible, environnemental sans être naturaliste, ce bouquin souffre malgré tout de quelques défauts. Kip est le personnage le moins réussi de ce livre, c'est un archétype un peu trop appuyé. Quelques scènes sont parfois un peu trop plaquées sur le récit, et emmenées sans grande finesse, comme pour placer un moment nostalgie, un moment tendresse, un moment réconciliation etc... J'ai à cet égard été parfois un peu contrarié par l'impression que l'auteur cherchait à placer un scénario de film à venir plutôt qu'à écrire un bouquin avec des personnages riches et perclus de paradoxes. On sent peut être ici la limite des bouquins écrits en atelier d'écriture... Néanmoins, malgré ces ficelles un peu trop grosses et une fin un peu faible, je me suis laissé embarquer dans ce coin du midwest, et j'ai apprécié la balade avec ces quatre amis d'enfance.
Extrait :
"Avec les enfants, les bébés, il est possible d’attendre trop longtemps. Mon père disait toujours : « A trop hésiter, on se perd. » Pour les hommes, ça n’a pas d’importance. On peut être roi à quatre-vingts ans, baver sur le trône, a peine capable de garder la couronne sur la tête : ça n’empêche pas de faire un enfant a une belle jeune femme. Mais pour les femmes, c’est différent. Toute cette histoire d’horloge… c’est vrai. Réfléchissez-y. Une fois par mois, l’ovule effectue sa descente, comme accroché a un petit parachute, et il atterrit dans une vallée de sang. Encore faut-il savoir que l’œuf est là, espérer que les conditions soient parfaites, que l’ovule soit bel et bien arrivé, qu’il y ait des ovules. Et que le parachute se soit bien ouvert exactement au bon moment. Tout cela relève d’une précision d’horloger, comme le mécanisme d’un système complexe et délicat. Et lors des nuits passées au côté de Felicia, j’entendais son tic-tac et ça me foutait une trouille d’enfer."
Lors du festival America 2014, la librairie Mollat a rencontré l'auteur autour d'une petite vidéo :
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