mercredi 5 décembre 2018

Lecture : Olivier Lebé - le silence du moteur

J'ai rencontré Olivier Lebé à l’occasion de son passage à la Librairie de Paris, place de Clichy, courant Septembre. Ce grand type filiforme et élégant, au regard pénétrant s’est posé devant nous et s’est mis à répondre aux questions du monsieur Loyal de la librairie, devant une pile de son roman « Le silence du moteur ».
Ancien musicien, ancien compositeur, ancien californien, l’auteur a mis dans ce dernier tous ces ingrédients à la fois, a passé un coup de shaker et nous propose un bouquin franchement réussi. Si je n’avais pas poussé la porte de la Librairie de Paris ce soir-là après une journée de formation professionnelle loin de chez moi, j’aurais loupé ce roman. J’ai même découvert à cette occasion les éditions Allary à qui j’ai adressé le manuscrit de « Brûler à Black Rock » dans la foulée.

« Le silence du moteur » c’est une roman américain qui n’en est pas un. Olivier Lebé réussit en effet le tour de force d’écrire une histoire « sur la route » qui se passe surtout à Los Angeles. Tous les ingrédients d’un road movie sont présents mais c’est autre chose. Allégorie d’une certaine forme de vie qui s’agite mais dont on ne sait où elle se dirige, sinon qu’elle nous fait avancer. Avec des petits rappels discrets mais efficaces sur la chute qui nous menace tous. J’ai été très touché par cette histoire d’un père et de sa fille adolescente borderline. Ma fibre de père de pré ado, ma fibre de lecteur d’une certaine littérature de l’errance aux USA, je ne pouvais décemment pas louper ce roman original, foutrement bien écrit, sensible, sans voyeurisme.

Extrait : "Elle avait dessiné des gardiens autour d'une trappe d'aération dans sa chambre de petite fille, pour empêcher les diables d'entrer. Elle se réveillait en pleine nuit, tremblante, hallucinée, incapable de parler. Elle ne trouvait pas les mots pour les décrire, mais je crois que ses cauchemars étaient semblables aux miens, à ceux que je faisais enfant. J'étais terrifié par des angles aberrants, des géométries impossibles. J'ai encore en moi la sensation de glisser, d'être avalé par le néant. Je crois que c'est ce qui lui est arrivé. Le vide l'a prise. Elle tombe. Elle n'en finit pas de tomber."

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