J'ai rencontré Olivier Lebé à l’occasion
de son passage à la Librairie de Paris, place de Clichy, courant Septembre. Ce
grand type filiforme et élégant, au regard pénétrant s’est posé devant nous et
s’est mis à répondre aux questions du monsieur Loyal de la librairie, devant
une pile de son roman « Le silence du moteur ».
Ancien musicien, ancien compositeur,
ancien californien, l’auteur a mis dans ce dernier tous ces ingrédients à la
fois, a passé un coup de shaker et nous propose un bouquin franchement réussi.
Si je n’avais pas poussé la porte de la Librairie de Paris ce soir-là après une
journée de formation professionnelle loin de chez moi, j’aurais loupé ce roman.
J’ai même découvert à cette occasion les éditions Allary à qui j’ai adressé le
manuscrit de « Brûler à Black Rock » dans la foulée.
« Le silence du moteur »
c’est une roman américain qui n’en est pas un. Olivier Lebé réussit en effet le
tour de force d’écrire une histoire « sur la route » qui se passe
surtout à Los Angeles. Tous les ingrédients d’un road movie sont présents mais
c’est autre chose. Allégorie d’une certaine forme de vie qui s’agite mais dont
on ne sait où elle se dirige, sinon qu’elle nous fait avancer. Avec des petits
rappels discrets mais efficaces sur la chute qui nous menace tous. J’ai été
très touché par cette histoire d’un père et de sa fille adolescente borderline.
Ma fibre de père de pré ado, ma fibre de lecteur d’une certaine littérature de
l’errance aux USA, je ne pouvais décemment pas louper ce roman original,
foutrement bien écrit, sensible, sans voyeurisme.
Extrait : "Elle avait dessiné des gardiens autour d'une trappe
d'aération dans sa chambre de petite fille, pour empêcher les diables d'entrer.
Elle se réveillait en pleine nuit, tremblante, hallucinée, incapable de parler.
Elle ne trouvait pas les mots pour les décrire, mais je crois que ses
cauchemars étaient semblables aux miens, à ceux que je faisais enfant. J'étais
terrifié par des angles aberrants, des géométries impossibles. J'ai encore en
moi la sensation de glisser, d'être avalé par le néant. Je crois que c'est ce
qui lui est arrivé. Le vide l'a prise. Elle tombe. Elle n'en finit pas de
tomber."
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