En ce début de mois d'octobre, les jurys de chaque grand prix littéraire d'automne sont en ébullition. Bientôt ils vont publier à tour de rôle leurs secondes listes de postulants au graal du chiffre de vente.
Plus de 560 romans sont parus en cette rentrée littéraire et pourtant ce sont presque toujours les mêmes titres qui reviennent dans les sélections des prix les plus courus (Renaudot, Goncourt, Médicis, Fémina, Interallié, de l'Académie Française, de Flore). Pire, le jury du Renaudot a annoncé hier sa seconde liste en bousculant complètement sa liste précédente et en s'empressant d'y ajouter le "Petit Pays" de Gaël Faye qu'ils avaient vraisemblablement oublié - ben oui, il était déjà cité dans cinq autres sélections de prix, c'était ballot !
La stat qui décoiffe : 15 auteurs sont cités entre 3 et 6 fois dans les sélections des 7 prix majeurs ! Ce n'est plus de la sélection, c'est du gavage industriel.
Alors, qui est en manque de quoi ? Le roman français est-il à ce point en manque de talents, qu'il semble impossible de ne pas choisir toujours les mêmes ? Les mêmes qui font aussi le tour des médias, émissions de radio et de télévision, articles de journaux ? Ou bien les membres des jury sont-ils en manque de culot et surtout d'indépendance ? A ce point asservis à la politique commerciale des grandes maisons d'édition et de leurs services de matraquage, lobbying forcené et autres blougi-boulga publicitaire ? Que l'on ne s'y trompe pas, et j'encourage tous les lecteurs à ne pas tomber dans le panneau des duperies qui affluent en cette période de vendanges où l'attrape touriste est légion derrière le lustre des vitrines des grandes maisons de Saint-Germain-des-Prés.
Un prix n'est jamais là que pour légitimer un jury à l'aune d'un marché juteux que se disputent les hyènes. Alors débonnaire lecteur, passe donc ton chemin et intéresse-toi plutôt aux sans grades dont les bouquins sont remisés dans les rayonnages seulement quelques jours après leur sortie. Ceux qui ne sont pas nouveaux, les anciens, ceux dont personne n'a parlé parce que ce n'était pas tendance... Et parce que là la littérature n'a pas de problème d'âge.
Ou si vraiment tu en veux de la nouveauté et du tendance, intéresse-toi au testament de Jim Harrison, "Le vieux Saltimbanque" (titre politiquement correct que je suppose on a forcé le vieux Jim à accepter pour mieux vendre).
Parce que la littérature n'a pas de frontière ni de pays. Et parce ce que Big Jim est mort il y a six mois déjà. RIP Jim !
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